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[CRITIQUE] : Borg/McEnroe


Réalisateur : Janus Metz Pedersen
Acteurs : Shia LaBeouf, Sverrir Gudnason, Stellan Skarsgard,...
Distributeur : Pretty Pictures
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Danois, Suédois, Finlandais.
Durée : 1h48min

Synopsis :
Borg/McEnroe est un film sur une des plus grandes icônes du monde, Björn Borg, et son principal rival, le jeune et talentueux John McEnroe, ainsi que sur leur duel légendaire durant le tournoi de Wimbledon de 1980. C’est l’histoire de deux hommes qui ont changé la face du tennis et sont entrés dans la légende, mais aussi du prix qu’ils ont eu à payer.



Critique :




Jadis It-Boy que tout le monde s'arrachait, coqueluche du box-office avec la franchise Transformers avant de devenir l'un des visages les plus intéressants à suivre du circuit indépendant US - mais pas que -, circuit indé ou il brigue un statut on ne peut plus abstrait dans le septième art (et même le star-système mondial), Shia LaBeouf est un diamant brut au caractère méchamment trempé; une figure singulière aussi fascinante qu'elle est troublante.
Accusations de plagiat, annonce de pseudo-retraite, caprice d'ancien enfant-star, l'acteur au nom si atypique navigue depuis quelques années dans les eaux troubles de l'arrogance (voire même du narcissisme pur) et de l'autoflagellation, une aventure expérimentale et punitive qu'il s'inflige volontairement et dont on se demande si elle est pensée - comme celle de Joaquin Phoenix via son I'm Still Here -, ou totalement improvisée.
Reste qu'une fois devant une caméra, le bonhomme assure en crashant toutes ses tripes, et même plutôt deux fois qu'une.



Et alors que Battle of The Sexes pointera un peu plus tard le bout de son nez dans nos salles obscures, le Shia (fait pour camper McEnroe) irradie de tout son talent une autre péloche axée sur un évènement important de l'histoire du tennis : la finale dantesque de Wimbledon 1980 entre Björn Borg et John McEnroe, deux champions incontestés aux caractères diamétralement opposés.
Le premier est sans doute le plus grand athlète de l'histoire du sport, un suédois prodige mutique qui parle avec sa raquette comme personne; le second est un américain colérique mais tout aussi génial, une star montante dont l'imprévisibilité n'aura d'égale que son incroyable capacité à électriser les foules.
Le premier vient chercher son cinquième titre sur le gazon londonien, le second est là pour bousculer avec fougue la hiérarchie; ou quand la glace et le feu s'entrechoquent dans une guerre ou un seul guerrier et seulement un seul, peut ressortir gagnant.



Bref, leur rivalité (le match a longtemps été considéré comme le meilleur de l'histoire) méritait pleinement sa place sur pellicule, même si le tennis n'a jamais vraiment été cinégénique jusqu'à maintenant sur grand écran
Mis en boîte par le danois Janus Metz Pedersen, Borg/McEnroe contredit toutes nos certitudes en incarnant un beau et tendu moment de cinéma sur le sport né du jeu de paume, un véritable duel de titans (proche dans le fond, d'un match de boxe) d'une intensité et d'une énergie rares.
A l'aise autant dans l'intimité fascinante de ses deux gladiateurs loin d'être si différents l'un de l'autre - même dans leurs failles -, que dans le feu de l'action avec une mise en image férocement dynamique des matchs (et une reconstitution d'époque appliquée), Pedersen signe une oeuvre savoureusement ambivalente, entre le drame psychologique, le thriller anxiogène (leur rivalité est une cocotte-minute qui ne demande qu'à imploser) et le sport event pur et dur.



Grisant et délicieusement pesant, pas dénué de quelques défauts minimes (le portrait de McEnroe est un poil en retrait en comparaison de Borg,...) mais passionnant de bout en bout, dominé par un casting vedette incroyable (Sverrir Gudnason est parfait en Borg tandis que Shia LaBeouf, tout en intériorité et en sobriété, en impose comme rarement) et une mise en scène des plus léchées, Borg/McEnroe est une épique et humaine épopée sportive dont on se préoccupe peu du résultat au final, tant les deux protagonistes qui l'habitent et la fond vibrer avec rage, suffisent à rendre imposante et nécessaire sa vision.
Certes un poil en deçà d'un Rush ou de la saga Rocky (référence ultime), le film vaut décemment son pesant de popcorn au sein d'un mois de novembre pourtant méchamment chargé côté sorties du bon gout.


Jonathan Chevrier