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[CRITIQUE] : Cold Skin (Étrange Festival)


Réalisateur : Xavier Gens
Acteurs : David Oakes, Aura Garrido, Ray Stevenson,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Epouvante-Horreur, Thriller.
Nationalité : Français, Espagnol.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
Dans les années vingt, un officier météorologique de l'armée est envoyé sur une île en Antarctique pour étudier les climats. Celui-ci y fait la rencontre d'un vieux gardien de phare russe. Lors de la première nuit, l'officier se fait attaquer par d'étranges créatures...





Critique :

Dans la catégorie des honnêtes faiseurs made in France qui n'ont décemment pas la carrière qu'il mérite, le sympathique Xavier Gens se pose bien-là, tant l'insaisissable et généreux cinéaste semble avoir sacrément du mal à faire vivre ses projets dans les salles obscures.Méchamment discret depuis la sortie de son pourtant solide The Divide (on oubliera volontiers son segment pour The ABCS of Death 2, et son The Cruxifiction est toujours inédit), le cinéaste fait son retour par la jolie porte de l'Etrange Festival avec une péloche méchamment ambitieuse sur le papier : Cold Skin.
Ou l'adaptation du roman éponyme de Albert Sanchez Pinol, pur thriller horrifique située juste après la Grande Guerre, pour lequel il s'est offert les services d'un casting aux petits oignons : David Oakes, Aura Garrido mais surtout le follement mésestimé Ray Stevenson.



En grand amoureux du cinéma de genre qui se respecte, Gens fait de son nouvel essai un brillant OFNI à la lisière des genres (l'épouvante pure et dure, le film de monstre, le drame humain, la romance atypique, le huis-clos naturel,...), un vrai moment de cinéma fantastique férocement lovecraftien, à la violence crue et à la lenteur ennivrante.
Misant tout ou presque sur une atmosphère aussi glaciale qu'elle est d'une beauté renversante (quelle photographie...), le bonhomme poursuit ses expérimentations de la face sombre de l'humanité et de la théorie du chaos au sein d'un B movie à l'action solide - quoique très répétitive - et lisible, dans laquelle un trio singulier (deux Robinson Crusoé de fortune et une Vendredi mutante et mutique) fait face à des monstres aquatiques visuellement réussis (un mélange entre les leakers de Blade II et le Abe Sapiens de Hellboy).


Si l'on pourra décemment regretter un manque certain de clarté/consistance dans l'intrigue (notamment du côté du développement des personnages, ou encore sur l'origine flou des créatures, et leur volonté sanglante de s'en prendre aux humains), difficile de bouder son plaisir face à un film aussi jouissivement singulier, volontairement épuré et old school, mis en boite par un cinéaste en total possession de ses moyens et au trio vedette réellement complémentaires.
Sans crier gare, Xavier Gens fait de Cold Skin rien de moins que l'un des meilleurs films de la cuvée 2017 de l'Etrange Festival, et peut-être l'oeuvre qui le propulsera à nouveau (enfin !) sur le devant de la scène...
C'est tout ce qu'on peut lui souhaiter.


Jonathan Chevrier