[CRITIQUE] : HHhH
Réalisateur : Cédric Jimenez
Acteurs : Jason Clarke, Rosamund Pike, Jack O’Connell, Jack Reynor, Mia Wasikowska, Stephen Graham, Céline Sallette, Gilles Lellouche,...
Distributeur : Mars Films
Budget : -
Genre : Historique, Guerre, Thriller, Drame.
Nationalité : France.
Durée : 2h00min.
Synopsis :
L’ascension fulgurante de Reinhard Heydrich, militaire déchu, entraîné vers l’idéologie nazie par sa femme Lina. Bras droit d’Himmler et chef de la gestapo, Heydrich devient l’un des hommes les plus dangereux du régime. Hitler le nomme à Prague pour prendre le commandement de la Bohême-Moravie et lui confie le soin d’imaginer un plan d’extermination définitif. Il est l’architecte de la solution finale. Face à lui, deux jeunes soldats, Jan Kubis et Jozef Gabcik. L’un est tchèque, l’autre slovaque. Tous deux se sont engagés au côté de la Résistance, pour libérer leur pays de l’occupation allemande. Ils ont suivi un entraînement à Londres et se sont portés volontaires pour accomplir l’une des missions secrètes les plus importantes, et l’une des plus risquées aussi : éliminer Heydrich. Au cours de l’infiltration, Jan rencontre Anna Novak, tentant d’endiguer les sentiments qui montent en lui. Car les résistants le savent tous : leur cause passe avant leur vie. Le 27 mai 1942, les destins d’Heydrich, Jan et Jozef basculent, renversant le cours de l’Histoire.
Critique :
Choc frontal aussi douloureux qu'il est poignant,#HHhH est un thriller clinique, cauchemardesque et fascinant, porté par un casting impliqué pic.twitter.com/xSnFDHKEwn— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 19, 2017
Après deux thrillers à la qualité plus qu'évidente (La French et Aux Yeux de Tous), le frenchy Cédric Jimenez nous revient en ces douces heures de mai avec une péloche aussi ambitieuse qu'elle est franchement casse-gueule : l'adaptation du roman HHhH de Laurent Binet (prix Goncourt du premier roman en 2010), qui revient sur l'opération " Anthropoid ", épisode charnière mais méconnu de la Seconde Guerre Mondiale, visant à liquider Reinhard Heydrich, surnommé « le boucher de Prague », big boss de la gestapo et grand fer de lance de l'organisation de la Shoah.
Ambitieux donc, et le mot est faible.
Et pour son premier film en langue anglaise, le cinéaste s'est fait plus que plaisir en convoquant un casting quatre étoiles : Jason Clarke dans la peau ardue du Heydrich, mais également Rosamund Pike, Jack O’Connell, Jack Reynor, Mia Wasikowska, Stephen Graham, Céline Sallette et Gilles Lellouche.
Thriller glacial et radical sur l'une des figures les plus maléfiques du régime nazi, HHhH est un véritable cauchemar sur pellicule, un moment de cinéma férocement malaisant scindé en deux parties : entre l'héroïsme d'une mission suicidaire capitale pour la Résistance de deux jeunes soldats, et l'épopée intime et gerbante d'une figure horriblement détestable, dont le désir de pouvoir et de grandeur est égal au mal absolu qu'il dégage et incarne.
Plus puissant que le récent Anthropoid de Sean Ellis - qui n'a pas eu les honneurs d'une sortie en salles - mais aussi plus appuyé dans son évocation que celui-ci (Heydrich est inhumain, on le sait et le film ne cesse de le rappeler, encore et encore), un poil plombé par son intrigue maladroitement coupée en deux (la première ultra voyeuriste sur Heydrich et la seconde plus passionnante, sur Jan et Jozef), mais malicieux dans sa mise en abyme nécessaire des deux versants d'une même histoire (comprendre la barbarie pour mieux saluer le courage et la bravoure); HHhH est un thriller viscéral, rude et fascinant, aussi solide qu'il est difficilement oubliable pour qui se laisse séduire par son invitation dans les arcanes de l'enfer.
Déchirant et poignant à la fois, porté par score flamboyant - signé Guillaume Roussel - et un casting absolument époustouflant (Jason Clarke est parfait, le duo Jack Reynor/Jack O'Connell est joliment convaincant), le nouveau long métrage de Cédric Jimenez (qui creuse un peu plus le sillon du thème du sacrifice pour une cause plus forte que sa propre existence, déjà abordé sur La French) est de ces chocs frontaux douloureux dont on ressort complètement retourné, terrifié par l'abominable vérité qu'il met en lumière mais heureux à l'idée que l'humanité héroïque s'en soit à nouveau sortie face à l'inhumanité la plus abjecte.
Jusqu'au prochain affrontement tout du moins...
Jonathan Chevrier