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[CRITIQUE] : Jackie


Réalisateur : Pablo Larrain
Acteurs : Natalie Portman, Peter Sarsgaard, Billy Crudup, Greta Gerwig, John Hurt,...
Distributeur : BAC Films
Budget : -
Genre : Drame, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.



Critique :


Sans forcément faire la fine bouche, on ne peut pas réellement dire que les choix d'actrices de la pourtant brillante Natalie Portman, aient été frappés par le sceau du bon gout depuis qu'elle s'est vu décerner l'oscar de la Meilleure Actrice dans le brillant - et bouillant - Black Swan de Darren Aronofsky.

Comédies foireuses d'un côté (Votre Majesté, Sex Friends), incursion maladroite dans le MCU d'un autre (la franchise Thor, de loin la plus faible de la firme), sans oublier un passage derrière la caméra loin d'être salué (Une Histoire d'Amour et de Ténèbres) ou encore quelques compositions fantomatiques chez des cinéastes talentueux (Knight of Cups de Terrence Malick, Planetarium de Rebecca Zlotowski) et des productions qui n'ont pas rencontré le succès (Orgueil, Préjugés et Zombies, Jane Got A Gun); la carrière de l'éternelle Mathilda de Leon, avait cruellement besoin d'un nouveau souffle sous peine de sombrer dans les méandres d'une jungle Hollywoodienne ou les " bonnes " places se négocient chèrement.


Et la riche année ciné 2017 apparaît bel et bien comme ce nouveau souffle espéré, tant la belle semble s'être attaché à tous les projets alléchants du moment (The Death and Life of John F. Donovan de Xavier Dolan, Weightless de Terrence Malick et Annihilation de Alex Garland), à commencer par le joliment buzzé Jackie de Pablo Larrain, dont c'est le second passage dans les salles obscures en à peine un mois - après Neruda.
Biopic ciblé fascinant sur la première dame la plus douloureusement célèbre de l'histoire américaine, très vite transformé en bête de festival depuis la dernière Mostra - tout comme La La Land -, la péloche narre la période trouble ayant suivi l'assassinat de JFK, du point de vue d'une Jacqueline Bouvier Kennedy aux premières loges et constamment sous le feu des projecteurs.

Sur un script étonnant de finesse signé Noah Oppenheim (Le Labyrinthe, Divergente - Au-Delà du Mur), Jackie croque avec minutie le parcours du combattant d'une femme dont le mari est mort sous ses yeux, du choc - évident - au lendemain du meurtre ou sa détresse psychologique est palpable (de ses cauchemars aux pensées suicidaires noyées par l'alcool); à sa reconstruction, petit à petit, par la force d'une intelligence, d'un caractère aussi unique qu'il est pétri de ressources.
Des préparatifs compliqués des funérailles à une interview journalistique plusieurs mois plus tard (les légers bons dans le temps se font avec une fluidité et un travail de montage remarquable), le film se fait spectateur de la vie intime totalement déconnectée et oppressante de l'élégante ancienne première dame des États-Unis, que Larrain filme sous toutes les coutures (dans ses qualités comme dans ses contradictions) au point d'immerger comme rarement, son spectateur dans une expérience de cinéma aussi entrainante qu'elle est joliment didactique.


Portrait passionnant, sombre et sincère sur une femme en conflit avec elle-même, qui aura pourtant marqué l'histoire par sa grâce et sa grandeur (elle est en grande partie, l'artisan du mythe JFK), campée par une Natalie Portman absolument renversante (dans son plus beau rôle à ce jour) et follement empathique, Jackie éclaire un évènement connu sans réellement l'être, de l'histoire ricaine, dans un biopic impressionnant et vibrant sur une véritable icône populaire.
Formidablement interprété (on pense surtout à Peter Sarsgaard et Billy Crudup, exceptionnels) et esthétiquement remarquable, Pablo Larrain signe une nouvelle oeuvre de maître en à peine quelques semaines, qui n'a pas décemment volé tous ses louanges.


Jonathan Chevrier