[CRITIQUE] : Iris
Réalisateur : Jalil Lespert
Acteurs : Romain Duris, Charlotte Le Bon, Jalil Lespert, Camille Cottin,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Thriller, Policier.
Nationalité : Français.
Durée : 1h36min.
Synopsis :
Iris, la femme d’Antoine Doriot, un riche banquier, disparaît en plein Paris. Max, un jeune mécanicien endetté, pourrait bien être lié à son enlèvement. Mais les enquêteurs sont encore loin d’imaginer la vérité sur l’affaire qui se déroule sous leurs yeux.
Critique :
On est loin de Nakata ou même Verhoeven,mais #Iris n'en est pas moins un bon polar retors et pervers à la maitrise plastique impressionnante— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 28, 2016
Qu'on se le dise, aussi bien comédien que cinéaste inspiré (à l'instar du tout aussi mésestimé Roschdy Zem), Jalil Lespert n'en finit plus d'aligner les projets d'envergure derrière la caméra.
Après son sublime Yves Saint-Laurent, porté avec conviction par le formidable duo Pierre Niney/Guillaume Galienne (César à la clé), il retrouve donc la sublime Charlotte Le Bon - déjà de YSL - pour Iris, librement inspiré du brillant Chaos d'Hideo Nakata qui lui permet de faire ses gammes dans le polar noir aussi sensuel que tortueux; tout autant que de s'offrir un casting vedette quatre étoiles (Le Bon et lui-même donc, mais également l'inestimable Romain Duris et Camille Cottin).
Pari hautement risqué sur le papier (vrai/faux remake d'une oeuvre de l'un des cinéastes nippons les plus talentueux de sa génération, dans un cinéma de genre français encore tendre), Iris incarne une plongée vénéneuse dans les méandres d'un thriller psychologique/manipulateur à la croisée des chemins du cinéma de Paulo Verhoeven et l'inestimable Alfred Hitchcock, façonné comme un puzzle tortueux cherchant à constamment perdre son spectateur tout en se perdant lui-même à coups de rebondissements scénaristiques/fausses pistes certes pas toujours adroite (on note quelques incohérences, notamment dans sa gestion de ses allers et retours dans le temps), mais captivante.
Polar retors joliment rythmé et articulé autour des thèmes de l'illusion et de la perversion (aussi bien morale que physique et sexuelle) sous fond de d'enquête/descente aux enfers d'une figure au passé trouble, un brin tronquée par une intrigue tout autant simpliste (d'ou le recours aux multiples effets de miroirs pour la nourrir) qu'immersive mais à l'ambition férocement louable; le film surprend clairement par la justesse de sa mise en scène (de la gestion de la lumière aux mouvements de caméras subtils, le bonhomme se bonifie de métrage en métrage), sombre et glaciale.
Une maitrise plastique aussi impressionnante que la direction d'acteur - impeccable - de Lespert, ou chacun joue admirablement sa partition (même si Romain Duris cabotine un max), tout en retenue.
Un casting vedette dominé par un Charlotte Le Bon plus belle que jamais, littéralement à tomber dans ce qui est son rôle le plus mature à ce jour.
Beauté empoisonnée magnifiée par la caméra d'un réalisateur qui épouse toute ses courbes, l'actrice impressionne autant qu'une Camille Cottin à contre-emploi.
Inquiétant et sensuel juste ce qu'il faut, séduisant et fascinant à défaut d'être pleinement percutant, Iris ne fera pas date mais bouscule pourtant gentiment les codes du thriller à la française avec sérieux et application.
Et c'est tout ce qu'on pouvait (au minimum) espérer de lui.
Jonathan Chevrier