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[CRITIQUE] : Hardcore Henry


Réalisateur : Ilya Naishuller
Acteurs : Sharlto Copley, Danila Kozlovskiy, Haley Bennett, Tim Roth,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Action, Science-Fiction.
Nationalité : Américain, Russe.
Durée : 1h37min.

Synopsis :
Attachez votre ceinture. Hardcore Henry est certainement l’expérience la plus intense et la plus originale à vivre au cinéma depuis bien longtemps !
Vous ne vous souvenez de rien.
Votre femme vient de vous ramener à la vie. Elle vous apprend votre nom : Henry.
Cinq minutes plus tard, vous êtes la cible d’une armée de mercenaires menée par un puissant chef militaire en quête de domination du monde. Vous parvenez à vous échapper mais votre femme se fait kidnapper. Vous voilà perdu dans un Moscou hostile. Ici tout le monde semble vouloir votre mort. Vous ne pouvez compter sur personne. Sauf peut-être sur le mystérieux Jimmy. Pouvez-vous lui faire confiance ? Arriverez-vous à survivre à ce chaos, sauver votre femme et à faire la lumière sur votre véritable identité ?
Bonne chance Henry, vous allez en avoir besoin. 



Critique :


Il y a des films qui, sans qu'on ne les voit trop venir, nous balance dans la tronche leur folie mais surtout, leur singularité au sein d'une distribution annuelle de plus en plus chargée (et impersonnelle ?).
Le bien-nommé Hardcore Henry est de ces films-là, projet complétement barré venu du froid, adapté d'un court-métrage - Bad Motherfucker - et mise en boite par Ilya Naishuller, acteur dont c'est le premier passage derrière la caméra.

Filmé entièrement en vue subjective et ressemblant clairement à un croisement méchamment bandant entre Call of Duty, GTA et The Raid de Gareth Evans, la péloche semblait renvoyer tout autant au jeu-vidéo contemporain qu'aux séries B burnées et décomplexées qui manque cruellement au septième art mondial (Mad Max Fury Road l'an dernier, The Raid 2 en 2014 et puis... c'est tout).


Car son pitch (Henry, sur le point de mourir et transformé en partie en cyborg, est ramené à la vie par une épouse qu'il doit sauver des griffes d’un tyran psychotique doté de pouvoirs télékinétiques) semble déjà lui-même, être tout droit sortie d'une aventure vidéoludique sur console.
Une belle promesse et qui, cerise sur le gâteau, se payait le luxe d'avoir en son casting les géniaux Sharlto Copley et Tim Roth, ainsi que Timur Bekmambetov à la production - le roi de l'action taré made in Russia.

Sur le papier, Hardcore Henry envoyait méchamment du lourd malgré quelques appréhensions évidentes (qui dit vue subjective dit illisibilité potentielle durant les scènes d'action; un point de départ énorme pour un court-métrage mais peut-être douloureusement répétitif sur une plus longue durée....) et ce n'est pas sa bande annonce, jubilatoire à souhait, qui contredirait tout le bien que l'on pouvait penser de la chose.

A l'écran, et même si quelques confusions rendent le tout un brin brouillon, force est d'avouer que l'OFNI qu'incarne le métrage d'Ilya Naishuller est sans conteste l’œuvre la plus jouissive de ce début d'année ciné 2016 - avec Deadpool.
Monument du culte pour tous les fans de FPS - dont nous -, empruntant énormément à la grammaire vidéoludique (l'épopée vengeresse du héros façon niveau à passer avec des univers différents, invincibilité et régénérescence de santé en prime), survitaminé et généreux comme ce n'est pas permit, le film relève avec panache son défi fou et exploite pleinement les gimmicks techniques de son parti pris osé en alignant les corps-à-corps hardcore aussi violent que salement gore.


Ça brise des os et des culs non-stop - à tel point que s'en est presque épuisant ! -, c'est franchement drôle (grâce à un second degré salvateur) et foutraque à mort, Sharlto Copley y est juste dément (le mec s'éclate et ça se voit) tandis que la B.O. envoie quelques sons électro parfait pour l'occas'; sans forcément casser la baraque (le film a une tonne de défauts, mais fuck it), Hardcore Henry, à l'instar du diptyque Hyper Tension, est un putain de divertissement régressif, sanglant et déglingué comme on aimerait en voir plus souvent, follement sincère dans son envie d'offrir au spectateur un moment de cinéma tout sauf fin et subtil.

Pure série B en puissance (scénario limité bourré d'incohérences, jeu d'acteurs approximatif, ton jamais sérieux et action complétement démesurée à la clé), la péloche frappe là ou ça fait mal avec maitrise et irrévérence pour incarner une certaine idée du fan service/fun absolu dans les salles obscures.
Pourvu que beaucoup de cinéastes emboitent le très bon pas de Naishuller dans les mois à venir...


Jonathan Chevrier