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[CRITIQUE SÉRIES] : SCREAM QUEENS : Un cri (sourd) dans le campus


(Critique de la saison 1).

Depuis plus d'une décennie, le talentueux Ryan Murphy abreuve la télévision US de ces concepts tout aussi aguicheur que volontairement trash et jouissif. Nip/Tuck, Glee ou encore American Horror Story, toutes ont su imposé leur marque sur le petit écran s'imposer sur la durée ; et ce même si il est évident qu'elles ont toutes connues une importante perte de souffle dès le virage de leur quatrième saison. Pas démonté pour autant – loin de là – Murphy, accompagné de ses fidèles collaborateurs Brad Falchuk et Ian Brennan, nous est revenu à la rentrée avec sans conteste sa création la plus alléchante et ambitieuse à ce jour.
Une anthologie comico-horrifique construite à la manière d'un slasher grandeur nature (13 épisodes), proposant une nouvelle intrigue et des personnages inédits chaque saison (les survivants d'une saison devant même revenir durant la suivante) et rendant hommage à ce sous-genre de l'horreur glorifié durant les 70's/80's – avant un revival plus ou moins réussi au cours des années 90.


Joliment intitulé Scream Queens (le fameux nom donné aux actrices s’époumonant dans les films horrifiques), porté par un casting vedette hétéroclite, composé d'habituées du Murphy-verse (Emma « AHS » Roberts, Skyler « AHS » Samuels, Lea « Glee » Michele),de jeunes pousses du petit (Nick « Kingdom » Jonas, Nasim « Saturday Night Live » Perdra, Keke « True Jackson » Palmer) et du grand écran (Abigail Breslin, Diego Boneta, Glen Powell) gravitant autour de la Reine des « Reines du hurlement » - l'excellente Jamie Lee Curtis - ; la série était clairement l'une des nouveautés du calendrier 2015 les plus attendues au tournant par les sérievores, au même titre que Quantico chez ABC, Jessica Jones chez Netflix ou encore Blindspot chez NBC.
Grace Gardener est une nouvelle étudiante de l'université Wallace que dirige Cathy Munsch. Elle souhaite intégrer les Kappa Kappa Tau dont faisait partie sa mère aujourd'hui disparue. Mais lors de la phase d'initiation, un tueur déguisé comme la mascotte de l'université – un diable rouge – assassine sauvagement une des aspirantes de la confrérie KKT. Un meurtre qui sera le point de départ d'une vague de décès en lien direct avec une affaire remontant à vingt-cinq ans et impliquant pleinement les sœurs de Kappa Kappa Tau...


Là ou elle avait tout en elle pour incarner l'un des premiers hits de la rentrée télévisée US de 2015, Scream Queens sera bien plus à ranger du côté des déceptions tant elle s'avère tout du long, cruellement victime de son concept pourtant accrocheur. Mélange hybride entre un film pour ados lambda et le pastiche horrifique du type Scary Movie, ni vraiment drôle et encore moins terrifiante, le show s'amuse de ses situations irréalistes sans pour autant s'amuser avec son spectateur en retour, et s'échine à pointer du doigt les travers des teen movies et des slashers tout en plongeant (volontairement?) dedans tête la première au sein d'une pseudo plongée parodique et – parfois - pertinente dans les entrailles des fraternité de campus made in America.
Bavarde, dénuée de véritable intrigue-mère avec son enquête « mystérieuse » pour démasquer le (puis les) tueur en séries au suspens tenant rarement la route et accumulant grossièrement les rebondissements/meurtres pour masquer un manque de contenu évident (et ce dès son pilot) ; la nouvelle série de Ryan Murphy se plante quasiment sur tous les tableaux et tout en arrivant à opérer le grand écart hautement périlleux et improbable d'être à la fois addictive sans réellement captiver pour autant.


Porté par une mise en scène jamais vraiment inspiré (on n'est tout de même pas devant une série MTV, mais pas loin) malgré une facture visuelle singulière qui lui permet de se créer une identité certes bancale mais au moins bien à elle, c'est finalement dans la caractérisation de ses personnages, gorgés de stéréotypes, que Scream Queens se prendra le plus les pieds dans le tapis, point aidée par un casting oscillant entre le divertissant (Emma Roberts, salope au naturel confondant, Lea Michele sauvée par un prestation convaincante dans le season finale, ou encore Nasim Perdra et Glen Powell) et l'insupportable (tout le reste), complètement dominé par une Jamie Lee Curtis absolument parfaite dans la peau du seul personnage ayant visiblement hérité d'un traitement certes barré, mais un minimum approfondit.


A prendre au second degré - voir plus - tant elle se complaît de manière extrême dans le too much, cette première salve d'épisodes se clôture sur un final prévisible (on peut déduire l'identité du tueur bien avant l'ultime révélation), caractérisant parfaitement l'impression laissée par cette première saison; une sucrerie à l'emballage aguicheur mais dont le goût, amer et pâteux, ne donne pas forcément envie d'y croquer à nouveau. Rien d'étonnant alors à voir la FOX longuement hésiter à lui donner son feu vert pour une hypothétique saison deux...


Jonathan Chevrier


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