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[CRITIQUE] : Les Suffragettes


Réalisateur : Sarah Gavron
Acteurs : Carey Mulligan, Meryl Streep, Helena Bonham Carter, Brendan Gleeson, Anne Marie Duff, Ben Whishaw,...
Distributeur : Pathé Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité :  Britannique.
Durée : 1h46min.

Synopsis :
Au début du siècle dernier, en Angleterre, des femmes de toutes conditions décident de se battre pour obtenir le droit de vote. Face à leurs revendications, les réactions du gouvernement sont de plus en plus brutales et les obligent à entrer dans la clandestinité pour une lutte de plus en plus radicale. Puisque les manifestations pacifiques n’ont rien donné, celles que l’on appelle les suffragettes finissent par avoir recours à la violence pour se faire entendre. Dans ce combat pour l’égalité, elles sont prêtes à tout risquer: leur travail, leur maison, leurs enfants, et même leur vie. Maud est l’une de ces femmes. Jeune, mariée, mère, elle va se jeter dans le tourbillon d’une histoire que plus rien n’arrêtera…




Critique :



Qu'on se le dise, si il y a bel et bien une actrice intouchable au saint de la jungle hostile Hollywoodienne, c'est bel et bien l'inestimable Meryl Streep, une comédienne au talent extraordinaire, véritable caméléon capable de tout - et je dis bien tout - jouer avec une perfection à la limite de l'indécence et chez qui les années ne semblent avoir aucune emprise.

Forte d'un nombre méchamment astronomique de nominations aux oscars (vingt-trois, pour trois statuettes) et d'une filmographie longue comme le bras, l'actrice est l'une des seules aujourd'hui à détenir le luxe de pouvoir choisir ses projets selon ses envies, envies il est vrai férocement discutables ces dernières années (Into The Woods en tête).


Quarante ans d'une carrière exemplaire sans prendre la moindre grosse tête - chapeau madame -, qui la menée à nous revenir à la rentée dans un bon gros nanar musical, Ricki and The Flash, ou elle incarnait l'unique attraction de la chose, profitant du genre comique pour jouer une nouvelle fois de son image avec maestria (tout comme pour Le Diable s'habille en Prada), en en faisant littéralement des tonnes avec une énergie proprement ahurissante.

Bref, elle s'éclatait dans la peau d'une rockeuse d'âge mûr mal dans ses baskets qui ne sait pas lâcher pour de bon sa guitare au profit de sa famille, et cela faisait plaisir à voir.
Mais notre bonne vieille Meryl est une machine à récompenses, il y avait donc une certaine évidence de la voir débarquer - comme presque tous les ans - avec une bonne péloche à statuettes dorées au moment même ou la saison des récompenses bat son plein.

Cheval de courses parfait pour les oscars avec son sujet fort et son casting vedette indécent de talents (Meryl donc dans la peau d'un guest de luxe, mais aussi la sublime Carey Mulligan et les excellents Helena Bonham Carter, Brendan Gleeson, Anne Marie Duff et Ben Whishaw), Les Suffragettes de Sarah Gavron (le sympathique Rendez-vous à Brick Lane) devrait sans peine aligner les suffrages tant il incarne un drame historique certes classique mais follement nécessaire sur une poignée de femmes se battant pour leur droit - ici en l’occurrence le droit de vote - et leurs place dans la société britannique du début du vingtième siècle.


Suffragette en v.o, suit au siècle dernier en Angleterre, des femmes de toutes conditions qui décident de se battre pour obtenir le droit de vote.
Face à leurs revendications, les réactions du gouvernement sont de plus en plus brutales et les obligent à entrer dans la clandestinité pour une lutte de plus en plus radicale.
Puisque les manifestations pacifiques n’ont rien donné, celles que l’on appelle les suffragettes finissent par avoir recours à la violence pour se faire entendre.

Dans ce combat pour l’égalité, elles sont prêtes à tout risquer: leur travail, leur maison, leurs enfants, et même leur vie.
Maud est l’une de ces femmes. Jeune, mariée, mère, elle va se jeter dans le tourbillon d’une histoire que plus rien n’arrêtera…

Dans la droite lignée des drames sociaux britannique ayant joliment envahis nos salles obscures ces dernières années (au choix We Want Sex Equality et Pride), le second long métrage de Sarah Gavron est un mélodrame prenant la forme d'un véritable hommage à ses femmes risquant leurs vies et multipliant les sacrifices pour s'insurger contre le déterminisme social scandaleux de l'époque, une société anglaise - assimilable à celle mondiale - ou la femme était soumise à la domination sans partage et révoltante de l'homme.


Plongeant tête la première dans les tranchées de cette guerre acharnée (menée d'ailleurs peu de temps avant la Grande Guerre) tout en prenant parti pour le destin contestataire de l'insoumise Maud (merveilleuse Carey Mulligan), étrangère aux Suffragettes - considéré comme un groupuscule anarchiste - avant d'en devenir un des membres les plus passionnées; le film est une merveilleuse et pertinente ode au féminisme (sans pour autant être totalement politique) doublée d'un vrai travail de mémoire juste et sérieux, notamment grâce à la force évocatrice d'un script instructif et fouillé mélangeant fiction et faits avérés, signé Abi Morgan - déjà derrière celui du brillant Shame de Steve McQueen.

Intimiste, sobre et sincère, fascinant et esthétiquement travaillé (la reconstitution du Londres post-Victorien est saisissante), Les Suffragettes est une empathique et humaniste fresque historico-romanesque certes un poil longuette  - Gavron n'aurait pas démérité à lui sectionner un bout de gras -; mais qui force de tout son long son spectateur à se sentir révolté, concerné et habité par cette lutte contre l'injustice importante dans l'histoire de l'humanité, à l'heure même ou la jeunesse actuelle semble totalement désintéressée par toute question politique.

Du bien bel ouvrage, dommage en revanche que la réalisatrice, logiquement impliquée, n'est pas été frappée par l'ambition de rendre une copie plus originale et habitée, tant celle-ci appliquée, lisse et montée chronologiquement (le sentiment de déjà-vu plane trop souvent au-dessus de la péloche) fait montre d'un classicisme forcé et d'un manque cruel de personnalité.


Les Suffragettes frappe donc en plein cœur mais ne le transperce jamais pleinement, reste que le sujet suffisamment fort et évocateur en lui-même, vaut à lui seul son pesant de popcorn.

Tout autant que la partition sans fausse note de Carey Mulligan, qui vient sans doute là de s'offrir un billet première classe pour une nomination aux prochains oscars...


Jonathan Chevrier


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