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[CRITIQUE] : Loin de la Foule Déchaînée


Réalisateur : Thomas Vinterberg
Acteurs : Carey Mulligan, Matthias Schoenaerts, Michael Sheen, Tom Sturridge,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Historique.
Nationalité : Britannique, Américain.
Durée : 1h59min.

Synopsis :
Dans la campagne anglaise de l’époque victorienne, une jeune héritière, Bathsheba Everdeene doit diriger la ferme léguée par son oncle. Femme belle et libre, elle veut s’assumer seule et sans mari, ce qui n’est pas au goût de tous à commencer par ses ouvriers. Bathsheba ne se mariera qu’une fois amoureuse. Qu’à cela ne tienne, elle se fait courtiser par trois hommes, le berger Gabriel Oake, le riche voisin Mr Boldwood et le Sergent Troy.



Critique :


Qu'on se le dise, et même si son poignant La Chasse a permis à l'inestimable Mads Mikkelsen de repartir de la Croisette avec un prix d'interprétation en 2012, Thomas Vinterberg n'a jamais réellement su transformer l'essai de son coup d'éclat Festen - au demeurant un poil trop sur-évalué.

Du coup, pas facile de s'enthousiasmer à l'annonce de l'arrivée en salles de son nouveau long métrage, surtout face à une concurrence (Ex Machina en tête) particulièrement bien armée ces jours-ci, pour faire face à la dure loi des blockbusters estivaux qui pullulent en cette saison ensoleillée.


Nouvelle adaptation du roman éponyme de Thomas Hardy, Loin de la Foule Déchaînée ou une péloche qui s'inscrit indiscutablement dans la plus pure tradition des drames victoriens trouvant, à une fréquence assez régulière, leur place dans nos salles obscures.

Malin comme un singe, le Vinterberg s'est offert pour l'occasion - et histoire de pleinement attirer plus que de raison la curiosité des cinéphiles - un casting des plus classieux, allant des très demandés (et c'est tout à fait logique) Matthias Schoenaerts et la délicieuse Carey Mulligan, au plus discrets mais tout aussi talentueux Tom Sturridge et Michael Shine (surtout).

Far From The Madding Crowd en v.o ou l'histoire à la fin du dix-neuvième siècle au cœur de la campagne anglaise, d'une jeune héritière, Bathsheba Everdeene, qui se doit de diriger la ferme léguée par son oncle.
Femme belle et libre, elle veut s'assumer seule et sans mari, ce qui n'est pas du gout de tous au sein de sa communauté, à commencer par ses propres ouvriers.
Mais Bathsheba l'a décidé, elle ne se mariera qu'une fois amoureuse et pas autrement.


Et qu'à cela ne tienne, elle se fait finalement courtiser par trois hommes, le berger Gabriel Oake (qui lui a déjà demandé sa main par le passé), qui a perdu son troupeau et ses terres, le riche voisin Mr Boldwood et le Sergent Troy...

Bien moins habile que l'immense Roman Polanski (une vérité générale qui se savait bien avant la vision du métrage), qui avait déjà tâté avec talent de l'adaptation d'une oeuvre d'Hardy avec le merveilleux Tess; Thomas Vinterberg retranscrit au pied de la lettre le roman de l'écrivain en respectant minutieusement le lourd cahier des charges de toute adaptation du genre, à défaut cependant d'y injecter la moindre parcelle d'âme ni même la moindre touche personnelle.

Si le roman se faisait le porte étendard d'une certaine volonté de liberté/indépendance de la femme, Loin de la Foule Déchaînée version cinéma lui, s'embourbe dans une mièvrerie des plus confondante et ennuyeuse, au sein d'une intrigue mélangeant avec plus ou moins d'habileté romantisme et histoire, pour accoucher d'un drame sentimental aux douces saveurs british mais trop classique et pesant pour réellement convaincre.


Trop illustratif, caricatural (rien que dans le traitement cliché des personnalités des prétendants de Bathsheba), prévisible et même loin d'être exempt de quelques - grosses - longueurs, le film manque cruellement de souffle lyrique mais également d'une vraie vision d'auteur pour pleinement décoller et emporter son spectateur au cœur d'un quatuor sentimental tragique mais convenu, dominé par la frustration et le sacrifice amoureux.

Dommage, parce que si il rend son métrage désagréable au gout, Vinterberg le rend bien plus plaisant à l’œil tant le bonhomme s'échine à constituer chacun de ses plans comme une peinture sublime, appliqué jusque dans son admirable reconstitution d'époque (des costumes colorés au cadre naturel renversant de beauté de Dorset), bien aidé par la jolie photographie de Charlotte Christensen.

Mieux, le casting convoqué pour l'occasion par le cinéaste et lui aussi du cœur à l'ouvrage, d'une Carey Mulligan investie et touchante en passant par un Matthias Schoenaerts parfait en berger malheureux aussi fiable que solide; sans oublier un Martin Sheen séduisant et lumineux malgré un temps de présence des plus limité.


Dommage donc que par soucis d'ambition, le metteur en scène de La Chasse ne voit pas plus loin que la simple et honnête adaptation d'une oeuvre référence.

Avec une vraie proposition de cinéma dans la besace, son Loin de la Foule Déchaînée, charmante et esthétiquement élégante, aurait décemment pu être nettement moins oubliable.


Jonathan Chevrier