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[CRITIQUE] : Le Monde de Nathan

 

Réalisateur : Morgan Matthews
Acteurs :  Asa Butterfield, Eddie Marsan, Sally Hawkins, Rafe Spall,...
Distributeur : Synergy Cinema
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h51min.

Synopsis :
Nathan est un adolescent souffrant de troubles autistiques et prodige en mathématiques. Brillant mais asocial, il fuit toute manifestation d’affection, même venant de sa mère. Il tisse pourtant une amitié étonnante avec son professeur anticonformiste Mr. Humphreys, qui le pousse à intégrer l’équipe britannique et participer aux prochaines Olympiades Internationales de Mathématiques. De la banlieue anglaise à Cambridge en passant par Taipei, la vie de Nathan pourrait bien prendre un tour nouveau…


Critique :

Dans la catégorie des jeunes loups capables de faire plier le tout Hollywood de demain, difficile de ne pas admettre que le génial Asa Butterfield se place aisément en chef de meutes aux longs crocs, au même titre d'ailleurs que le tout aussi talentueux et demandé Tye Sheridan.

Découvert par Mr Martin Scorcese en personne et balancé sur le devant de la scène dans le féérique Hugo Cabret (ou il vole carrément le show), le bonhomme roule depuis savamment sa bosse dans le septième art US - mais pas uniquement -, malgré quelques choix il est vrai un brin hasardeux (La Stratégie Ender, qu'il porte pourtant avec brio).


Et alors que la rumeur le prête avec de plus en plus d'insistance dans la peau hautement convoité du nouveau Peter Parker au sein du reboot de la franchise Spider-Man certifié conforme par le MCU (bon et Sony Pictures aussi, un peu), ils nous revient pimpant comme un sou neuf en ce riche début de mois de juin avec le teen movie dramatique Le Monde de Nathan signé par le réalisateur de documentaire Morgan Matthews, dont c'est ici le premier long métrage.

Ou un teen movie singulier sur un ado qui l'est tout autant, un inadapté social fragilisé par son passé qui n'est pas sans rappeler Will Hunting mais surtout et avant tout le merveilleux Le Monde de Charlie (et pas uniquement des causes d'un très maladroit titrage hexagonal) qui lui aussi, cherchait il y a quelques années, à offrir - et avec une certaine réussite - une belle et rafraichissante bouffée d'air frais au genre ultra balisé du film pour ados.

Le Monde de Nathan donc, ou l'histoire de Nathan justement, un jeune adolescent prodige en mathématique que les médecins ont très tôt diagnostiqué autiste.
Brillant mais asocial, il fuit toute manifestation d'affection, même venant de sa mère aimante.
Il tisse pourtant une amitié étonnante avec son professeur anticonformiste Mr Humphrey, qui le pousse à intégrer l'équipe britannique et participer aux prochaines Olympiades Internationales de Mathématiques.


De la banlieue anglaise à Cambridge en passant par Tapeï, la vie de Nathan pourrait bien prendre un tour nouveau...

Pur drame lumineux aussi beau et juste qu'il est intelligent et charmant, et ce malgré une introduction des plus difficile (l'annonce du diagnostic puis le décès du père), Le Monde de Nathan est sans l'ombre d'un doute l'un (si ce n'est LE) meilleur teen movie qu'il nous a été donné de voir dans les salles obscures ces dernières années, au même titre que Le Monde de Charlie avec qui il partage plus d'un point commun.

Récit initiatique somme toute classique d'un ado mal dans sa peau et solitaire qui va peu à peu changer au fur et à mesure qu'il s'ouvre aux autres et à ses semblables (enfin surtout à un potentiel love interest) avant de découvrir son affolante normalité - malgré quelques tocs -, le film de Matthews ne diffère même pas vraiment de la mise en image des nerds asociaux ayant récemment imposés leurs marques aussi bien sur le petit que sur le grand écran.

Et pourtant, c'est dans cette simplicité, cette volonté de ne pas chercher à tout bout de champs à renouveler le genre, que X + Y (titre en v.o) vise le plus juste et touche en plein coeur le spectateur.


En prenant le parti de compter de la manière la plus naturelle possible le parcours d'un adolescent que l'on a toujours éduqué/considéré comme différent et qui repoussera l'impossible tout en se découvrant comme les autres, le cinéaste prend non seulement à revers toute la production actuelle (cultivant/glorifiant la différence), mais rend de facto son héros plus attachant et même définitivement plus proche de son auditoire.

Touchant, optimiste et à la bonté communicative, Le Monde de Nathan vaut en grande partie pour la prestation impeccable d'un casting vedette entièrement voué à sa cause, d'un Asa Butterfield remarquable en prodige adolescent à une superbe - comme toujours - Sally Hawkins, sans oublier la performance remarquable en tuteur pince-sans-rire de l'inestimable Eddie Marsan et celle Robin William-esque de l'excellent Rafe Spall, parfait en professeur anticonformiste/figure paternelle malade pour Nathan.

Alors tant pis si, logiquement, le film se perd un brin dans les tics inhérents à tout premier passage derrière la caméra (scénario alignant quelques fébrilités, seconds couteaux dans la généralité assez mal croqués,...) et qu'il est tronqué par sa morale hautement naïve (l'amour triomphant de tout), la péloche est un joli, touchant et lumineux feel good movie aussi sensible qu'il est subtile et rafraichissant.


Clairement l'une des plus belles découvertes ciné du moment, confirmant tout le bien que l'on pense du jeune Asa Butterfield (futur next big thing du cinéma US) et d'Eddie Marsan (l'acteur le plus impressionnant de ce premier semestre 2015).

Inutile de dire que l'on attendra méchamment au tournant le prometteur Morgan Matthews à l'avenir...


Jonathan Chevrier