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[CRITIQUE] : Ninja Turtles


Réalisateur : Jonathan Liebesman
Acteurs : Megan Fox, Will Arnett, William Fichtner,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : 125 000 000 $
Genre : Action, Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min.

Synopsis :
Tenez-vous prêts : quatre héros de légende vont bientôt faire parler d’eux à New York…
Leonardo, le leader, Michelangelo, le beau gosse, Raphael, le rebelle et Donatello, le cerveau, vont tout faire pour défendre la ville de New York, prise entre les griffes de Shredder. Entre deux dégustations de pizzas (sans anchois, bien sûr) et un entraînement intense aux arts martiaux, prodigué par leur maître Splinter, ils vont accomplir leur destin, aidés par la courageuse reporter, April O’Neil.


Critique :

Autant l'admettre tout de suite, dès les prémices de sa production, nous n'étions pas de ceux franchement enthousiaste quand à la potentielle qualité de ce reboot de l'une des œuvres les plus nanardesque et fun de notre enfance.

Profondément ancré dans la pop culture des 80's/90's, que ce soit par le biais de son sympathique et culte dessin animée ou de sa piètre franchise sur grand écran (seul le premier opus, assez réussi, est digne d'intérêt), les délirantes Tortues Ninja n'avaient, de notre avis, pas leur place dans le monde cynique du blockbuster contemporain, quoiqu'en dise un Michael Bay, toujours avide du moindre concept à même de pouvoir faire tout péter, surtout le box-office.

Des héros vintage passés à la moulinette du retour à la case départ devant la caméra de Jonathan Liebesman, un cinéaste pas franchement à l'aise aux commandes de péloches à gros budgets (les moyens World Invasion - Battle For Los Angeles et La Colère des Titans) là ou il se montre pourtant efficace avec des prods plus intimes (Nuits de Terreur ou encore Massacre à la Tronçonneuse : Au Commencement), c'était un peu trop à accepter et cautionner pour nous, fans de la première heure de ces bons vieux Leonardo, Donatello, Michelangelo et Raphael.


Et pourtant, bien mal nous en aura prit, puisque dès l'arrivée sur la toile de son premier trailer, hautement jouissif, porté par une certaine nostalgie - l'humour de Michelangelo quoi - et la présence électrisante de l'un des seconds-couteaux les plus sous-estimés de l'histoire du cinéma ricain (le génial William Fichtner), nous avons commencé, doucement mais surement, à nous prendre d'affection pour ces tortues nouvelle génération.

Affection qui ne nous a pas quitté jusqu'à la vision donc de ce Ninja Turtles 2014, clairement pas aussi mauvais - ni forcément meilleur pour autant -, que l'on aurait pu le penser de prime abord, incarnation parfaite du blockbuster estival simpliste et fendard qui s'assume, aussi bien dans ses pires défauts que dans ses étonnantes qualités.

Ninja Turtles donc, ou l'histoire d'une New-York City en plein chaos, qui a un cruel besoin de super héros puisque Spider-Man et tous ses petits copains ont pris des congés sans soldes.
La ville a sévèrement sombré dans les ténèbres depuis que Shredder et son cruel clan des Foot ont la mainmise sur la ville, des forces de police aux politiciens.
Alors que l’avenir semble sans espoir, quatre frères en marge de la société, sortes de tortues mutantes humanoïdes, sortent des entrailles de la ville pour accomplir leur destin de Tortues Ninja.

Ceux-ci devront s’associer à la courageuse reporter April O’Neil et son casse-cou de cameraman Vern Fenwick, pour sauver les new-yorkais et empêcher Shredder de mettre son plan diabolique à exécution.


Gros carton US de l'été derrière le méga fun Les Gardiens de la Galaxie, Ninja Turtles fut également l'un des films les plus matraqués par la critique outre-Atlantique, et c'est parfaitement compréhensible.

Salement salopé par un scénario d'une bêtise et d'une simplicité sans nom, foutrement prévisible et bourré jusqu'à la gueule de clichés quand il n'essaye pas de constamment vouloir rendre cohérent le moindre aspect de son intrigue, le film perd surtout ses spectateurs les moins tolérant dans sa caractérisation ridicule de ses personnages humains, ou même quand il fait le choix hautement discutable de se focaliser entièrement sur l'histoire d'April O'Neil, intéressante au demeurant, mais campée par une insupportable (et le mot est faible) Megan Fox, à l'usage de botox proprement indécent.

Allant même jusqu'au clin d’œil méta - April se plaignant de n'être jamais prise au sérieux à cause de son physique -, sa performance n'est jamais à la hauteur de son sculptural physique, que Liebesman n'aura de cesse d'épouser parce que oui, la Megan elle en a une, de belle carrosserie (humour a deux balles).

Heureusement que derrière, dans la peau de son cameraman casse-cou, le génial Will Forte s'en sort à merveille dans le rôle ingrat du sidekick comique de l’héroïne, idem pour le précieux William Fichtner, qui arrive à rendre crédible et inquiétant un millionnaire dont le seul désir est de devenir... encore plus riche.
On passera également sous silence le rôle Jonah Jameson-esque d'une Whoopi Goldberg que l'on aurait préféré ailleurs...


Dès lors que l'on considère donc ce Ninja Turtles pour ce qu'il est réellement, à savoir une grosse récréation sur pellicule qui ne se soucie guère d'avoir une idée originale pour justifier sa production, on en vient finalement à se laisser agréablement porter par l'énergie bordélique et délirante qui l'anime.

Tant pis alors si l'absence derrière la caméra de tonton Bay se fait ressentir et que le Liebesman, qui emballe le tout avec plus ou moins d'efficacité, rend certaines scènes d'action parfois douloureusement illisibles à cause d'un montage épileptique et usant abusivement des ralentis.

L'important c'est l'ivresse (comme la course-poursuite sur la route enneigée, joli petit moment de cinéma), et surtout, que ces tortues ninja nouvelle génération soient réussites.

Magnifiquement animées - alliance parfaite entre effets spéciaux et performance capture -, aux physiques uniques (elles sont ici de tailles et de looks différents), elles retrouvent même chacune, toutes les caractéristiques qui faisaient le sel de leurs personnalités dans les précédentes adaptations.


Elles incarnent la grande réussite de ce reboot, et leurs combats sont pour le coup joliment chorégraphiés, idem pour ceux impliquant Splinter, ici il est vrai un poil sous-utilisé dans son rôle de mentor des héros.
Ajouté à ça quelques dialogues savoureusement référencé et une attitude volontairement cool et ce Ninja Turtles, à défaut d'incarner un excellent divertissement, n'en reste pas moins un blockbuster jouissif, amusant et plaisant à mirer, qui répond sans trop forcer à ces (maigres) exigences de péloche estivale.

Pas la soupe de tortue indigeste redouté - mais c'était moins une -, on est au final ici bien plus en face ici du bonne pizza au fromage capable d'animer sympathiquement une soirée DVD entre amis.

On n'en demandais pas forcément plus.


Jonathan Chevrier