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[CRITIQUE] : La Planète des Singes : L'Affrontement


Réalisateur : Matt Reeves
Acteurs : Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell, Kodi Smit-McPhee, Judy Greer, Toby Kebbell,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : 170 000 000 $
Genre : Science-Fiction, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h45min.

Synopsis :
Une nation de plus en plus nombreuse de singes évolués, dirigée par César, est menacée par un groupe d’humains qui a survécu au virus dévastateur qui s'est répandu dix ans plus tôt. Ils parviennent à une trêve fragile, mais de courte durée : les deux camps sont sur le point de se livrer une guerre qui décidera de l’espèce dominante sur Terre.


Critique :

Rares furent les prequels aussi justifié et réussi que La Planète des Singes : Les Origines, presque un miracle inespéré dans une industrie Hollywoodienne qui n'use de ce concept que par pur soucis commercial et non artistique (le récent Monstres Academy ou la nouvelle trilogie Star Wars pour ne citer que).

La raison de son succès et de sa grand estime auprès des cinéphiles (il était sans conteste, le meilleur film de l'année 2011), outre les qualités indéniables de son réalisateur Rupert Wyatt et d’Andy Serkis à la perf capture, est incontestablement à mettre au crédit de son idée aussi simpliste que franchement maline : faire des singes - et en l’occurrence Ceasar -, la vraie vedette de l'histoire là ou l’œuvre original se concentrait bien plus sur le facteur humain, personnifié par l'inestimable Charlton Heston.

Une explication intelligente du comment devenu intelligent et comment les humains ont commencé à voir leur suprématie décliner et même disparaitre.


Un renversement des valeurs ancré dans un réalisme contemporain proprement flippant mais in fine méchamment payant, qui se perpétue donc ici dans La Planète des Singes : L'Affrontement, puisque seul Ceasar (toujours sous les traits de l'impeccable Andy Serkis) et ses congénères sont les rescapés du casting original, James Franco, Freida Pinto ou encore l'immense John Lithgow ayant dut céder leur place dans l'action.

Dans un été des blockbusters assez morne (Godzilla, Edge of Tomorrow et Days Of Future Past et puis basta), L'Affrontement se plaçait donc en tête de liste des attentes des cinéphiles les plus endurcis, au même titre que la curiosité Marvel de la saison, Les Gardiens de la Galaxie, restait donc à lui de tenir toutes les promesses que son habile et exceptionnel campagne promotionnelle nous avait subtilement suggérer, pour pleinement emporter notre adhésion.

Ce qui est indiscutablement le cas après vision, tant il incarne un divertissement total, follement intense et bluffant, un pur moment de cinéma imposant et sophistique comme on en voit que trop rarement dans nos salles obscures.

La nouvelle histoire prend place huit ans après les événements narrés dans Les Origines, et suit une nation mondial de plus en plus peuplés par les singes, qui se sont installés au delà du pont de San Francisco dans une forêt où ils vivent loin de ce qui reste de l’humanité (les naturellement immunisés), méchamment décimé à cause du fameux rétrovirus ALZ-113 ayant justement fait de Ceasar et ses copains, des supers primates.


Liés par une trêve on ne peut plus fragile, la guerre semble de plus en plus pointé le bout de son nez, surtout après qu'une poignée d'humains chargés de remettre en état une centrale électrique basée sur leur territoire leur permettant ainsi d’avoir à nouveau de l’électricité, viennent à leur rencontre...
Si Caesar se la joue diplomate, le reste de ses congénères sont nettement moins respectueux de l'humanité que lui, mauvaise expérience à l'appuie.

Celui-ci va tenter de réconcilier son peuple et celui des hommes en pactisant avec Malcolm, émissaire du " camp " adverse.
Mais si les deux s'entendent à merveille, ce consensus déplait et la haine qui séparent les deux clans vont très vite ressurgir...

Vraie suite direct et fidèle à Les Origines sans réellement l'être puisqu'elle se situe plusieurs années plus tard avec un casting totalement renouvelé, porté par un script ultra simpliste (on reste tout de même face à un blockbuster hein) mais d'une efficacité redoutable puisque totalement transcendé par un suspense et une émotion constante, L'Affrontement incarne une séquelle absolument impressionnante, ludique et jouissive tout autant que profondément sombre et terrifiante.

Aussi hors du temps que contemporain, Matt Reeves dépeint des hommes dos au mur face au déclin de leur civilisation, confrontés à des singes - dont l'intimité, plus intéressante que celle humaine, est bien plus mise en avant - devenus beaucoup trop malin pour ne pas réaliser que la fameuse solution pacifique vendue par l'humanité ne peut décemment empêcher une guerre inéluctable.


L'homme est un loup pour l'homme et le singe en est de même, un propos pertinent que le metteur en scène de l'excellent Cloverfield, appuie par un beau plaidoyer pour la paix, une habile critique de la société ricaine et de sa démocratisation des armes à feu, mais surtout par une critique de la nature humaine, coupable de sa propre violence et de sa propre extinction, et dont le déclin incarne un tragique et éternel recommencement.

Dénué de toute morale, radical dans sa vision social post-révolution, oppressant dans sa désolation et sa gravité prégnante, se jouant de ses nombreuses longueurs grâce à une tension dramatique omniprésente et une utilisation intelligente de l'action, le métrage égale - voir même surpasse parfois - en tout point l'opus original, bien plus mesuré en spectaculaire et qui privilégiait judicieusement l'émotion (bouleversante, au point que les larmes n'étaient jamais loin) au spectaculaire, rendant de facto l'attaque finale des singes, proprement marquante et prenante.

Mariant les genres (la SF d'anticipation, le thriller politique, le western, le film de guerre, le drame social) avec une maestria imposante, l'Affrontement vaut clairement sa vision pour le show dantesque d'un Andy Serkis littéralement habité, et qui livre ici, indiscutablement, la performance la plus impressionnante de sa carrière.

Charismatique à souhait (il fait de l'ombre tous ses petits camarades, même le puissant Jason Clarke qui peine à exister face à lui), il porte tous les enjeux du film sur ses larges épaules et explose une nouvelle fois les frontières de la performance capture avec une composition plus complexe et fouillé qui force méchamment l'admiration tant à chaque apparition, chaque mimique de Ceasar présente à l'écran, on ne voit et ne reconnait que lui.


Une incarnation d'un réalisme tellement saisissant dans les gestes, les postures, les regards, que sa vision en est absolument troublante, et plus encore quand il mêle la parole dans cette équation.

Une preuve, si besoin était, que Serkis est définitivement l'un des meilleurs performeurs actuels du cinéma ricain, un comble quand on sait qu'il n'a que très rarement, montré son visage face caméra...

Tragique, énergique, bouleversant et prenant jusque dans son final ou il laisse éclater toute sa furie destructrice, très riche thématiquement et magnifié par une excellente photographie, une 3D lumineuse (et utile pour une fois !) et une bande originale hypnotique, La Planète des Singes : l'Affrontement enfonce encore plus le clou planté par Les Origines et démontre qu'avec du talent et de la volonté, une major Hollywoodienne peut très bien rebooter une franchise culte sans faire de fausse note.

Difficile donc de ne pas être méchamment impatient de voir comment Matt Reeves conclura son histoire dans l'ultime opus de la trilogie...


Jonathan Chevrier