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[CRITIQUE] : La Vie Rêvée de Walter Mitty


Réalisateur : Ben Stiller
Acteurs : Ben Stiller, Kristen Wiig, Sean Penn, Shirley MacLaine, Adam Scott,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : 90 000 000 $
Genre : Aventure, Comédie Dramatique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h54min.

Synopsis :
Walter Mitty est un homme ordinaire, enfermé dans son quotidien, qui n’ose s’évader qu’à travers des rêves à la fois drôles et extravagants. Mais confronté à une difficulté dans sa vie professionnelle, Walter doit trouver le courage de passer à l'action dans le monde réel. Il embarque alors dans un périple incroyable, pour vivre une aventure bien plus riche que tout ce qu'il aurait pu imaginer jusqu’ici. Et qui devrait changer sa vie à jamais.


Critique :

Pour être parfaitement honnête, simplement dire que j'attendais avec une furieuse impatience la sortie en salles du cinquième long-métrage de Ben Stiller, est très (très) loin de la vérité.
Affirmer que je crevais d'envie de le mirer avec des yeux de gosse émerveillé - comme ce doit d'être tout cinéphile qui se respecte devant une telle œuvre -, et que j'en faisais mon rendez-vous number one depuis sa sublime première bande annonce rythmée aux douces et entrainantes mélodies du hot Dirty Paws de Of Monsters and Men, serait déjà un poil plus juste.

Car depuis l'immense Mary à Tout Prix - et surtout Zoolander -, entre le Ben et moi, c'est une grande histoire d'amour qui nous unit, que même le passablement foireux Starsky & Hutch n'a pas ébranlé le moins du monde.
Roi de l'humour US (toute péloche qu'il touche se transforme en or, ou presque), chef du Frat Pack avec ses potos Vince Vaughn, Owen Wilson et Will Ferrell, il est surtout la personnification du héros maladroit et timide, que l'on ne peut s'empêcher de soutenir dans une comédie ricaine qui en connait pourtant plus d'un.

Renouvelant sans cesse celle-ci, tout en y étant salement enfermé, le Ben met donc avec sa nouvelle réalisation, les petits plats pour faire son coming out comique - déjà bien entamé avec son excellent composition dans Greenberg -, et prouver (aussi bien à lui-même qu'aux spectateurs et à l'industrie toute entière), qu'il vaut bien plus que l'étiquette de " faiseur de rires " que l'on s'est borné à lui coller au milieu du front depuis plus de deux décennies maintenant.
Comme Jim Carrey en son temps, Stiller prend de la hauteur en tant que comédien, mais surtout en tant que metteur en scène de génie.

La Vie Rêvée de Walter Mitty est son cheval de Troie, une dramédie risquée, mais avec tellement de beauté, de sincérité et de cœur que s'en est indécent.
Qui a dit - déjà - qu'on avait trouvé le film de l'année ?



Walter Mitty ou justement, l'histoire du quotidien ordinaire, routinier du salement désespéré Walter Mitty, rongé par la solitude et l'indifférence qu'il dégage aux yeux du monde.
Dans son fort intérieur, il se rêve en héros puissant, vaillant et courageux, sauvant un chien et des enfants d'un immeuble en flammes, ou laminant la tronche de son insupportable boss, un col-blanc à flinguer dont il est officiellement le souffre-douleur.
Mais dans la réalité, il n'est qu'un simple employé au service des diapos du prestigieux Life Magazine, incapable de dire à celle qu'il aime secrètement, combien elle lui importe.

Crise oblige, Life va bientôt s'éteindre, le dernier magazine va paraître avant de prochainement trouver une seconde vie sur le web.
Pour l'occasion, le magazine choisit un cliché du grand photographe Sean O'Connell pour illustrer la couverture finale, sauf que, manque de bol, Walter n'arrive pas à mettre la main dessus.
Dès lors, pour récupérer la diapo manquante, l'insignifiant bonhomme va parcourir le globe à la recherche d'O'Connell, mais également de lui-même, pour se lancer le plus grand défi de son existence : enfin vivre son existence et gouter aux petites joies de la vie qui le fuient depuis toujours...

Qu'on se le dise tout de suite, que ce soit de toute sa filmographie de réalisateur ou même d'acteur, rarement Ben Stiller ne se sera autant impliqué personnellement dans une production.

Au point même que l'on a du mal à ne pas voir, dans ce voyage initiatique de Walter, un élan chevaleresque mais vain - qu'il trouve ou non la diapo manquante, Life est condamné -, la volonté du Ben de remettre en question son image d'entertainmer comique, et de prouver qu'il mérite bien plus que cela (en vain dans une Hollywood qui aime catégoriser ses talents pour mieux en user à outrance ?).



Une fois que Mitty se lance à corps perdu dans l'aventure et qu'il abandonne ses songes (présents dans la majeure partie de la première partie du film), il ne rêve plus sa vie, il vit sa vie rêvée tout simplement, exactement comme le Stiller qui tourne - et joue - enfin ce qu'il a toujours voulu.

D'une sincérité bouleversante, visuellement ébouriffant (la caméra se balade dans quelques-uns des plus beaux coins de la planète, et elle à même rien à envier aux SFX des gros blockbusters), alignant les scènes oniriques et mémorables à la pelle, toujours enflammées par une mise en scène léchée et inventive (rappelant même l'univers visuelle du précieux Spike Jonze parfois) et une b.o. enchanteresse, La Vie Rêvée de Walter Mitty est une sublime ode mélancolique à la rêverie et à l'humanité.

Foutrement irrésistible et intime, passant peu à peu de l'ombre à la lumière à mesure que son héros - toujours en quête de l'autre - se connecte au monde, et se payant même de francs moments d'humour bien senties, la péloche n'en est pas moins une habile critique d'une société actuelle superficielle et cynique, qui s'amuse à mettre les individus dans des cases qui ne leur correspondent pas forcément, et qui ne voit jamais plus loin que les apparences.

Porté par un casting dément (la belle Kristen Wiig en love-interest et l'excellent Patton Oswalt en best friend improbable, en tête), délicieusement old school dans sa morale - l'importance des liens humains, de la famille et du partage -, un chouïa naive comparé à celle asséner par la production Hollywoodienne actuelle, la bande, très Spielbergienne dans son émotion, est indiscutablement le plus grand film du Stiller réalisateur, et le meilleur rôle du Stiller acteur, infiniment touchant en héros à fleur de peau, ordinaire et solitaire, qui se rêve comme beaucoup, extraordinaire.


Abouti, simple - mais dans le bon sens -, poétique et savamment dosé à la pop-culture, la bande au cœur aussi imposant que ses ambitions, s'impose déjà comme l'une des plus grosses claques de l'année ciné 2014, et ce dès le premier jour de l'année, pas mal pour un début.

Un classique instantané, ou le " Stiller Effect " en somme, qui n'est décidément jamais aussi bon que lorsqu'il est libéré et follement passionné par son sujet.

De quoi me faire apprécier le cinéma du bonhomme pendant encore longtemps, très longtemps...


Jonathan Chevrier


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