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[CRITIQUE] : Rheingold


Réalisateur : Fatih Akın
Avec : Emilio SakrayaMona PirzadHussein Eliraqui,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Biopic, Musical, Drame.
Nationalité : Allemand.
Durée : 2h18min

Synopsis :
L’incroyable ascension de Giwar Hajabi, jeune immigré kurdo-iranien, ancien criminel et trafiquant de drogue devenu Xatar, star et légende du rap allemand.



Critique :



Trois ans après le férocement macabre - pour être poli - The Golden Glove, Fatih Akin fait son come-back avec son premier biopic - a l'approche évidemment différente des standards habituels -, Rheingold, qui se veut comme la mise en images de la véritable histoire de la star du hip-hop kurde/allemand Ghivar Hajabi, plus connue sous le nom de Xatar; fils de réfugiés kurdes fuyant l'Iran via l'Irak où encore Paris, pour qui les rues de Bonn et d'Amsterdam ont été aussi cruciales pour son développement que les ruelles dangereuses de Compton pour Dr Dre où Ice Cube, ou celles de Detroit pour Eminem.

Un destin bigger than life et infiniment cinématographique, que le cinéaste tente d'embrasser avec une admiration palpable autant qu'un mélange des genres sensiblement généreux, entre le biopic quasi-hagiographique (il adapte purement et simplement son autobiographie), le coming of age movie agrémenté d'un doigt de gangster movie/film de cassé - et même de romance -, le tout en gardant son style personnel si singulier.

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En résulte une œuvre protéiforme, à la fois sombre et un brin satirique, logiquement didactique pour quiconque n'étant pas forcément adepte du rap venant d'outre-Rhin, mais manquant cruellement de corps et de substances, quand bien même la vie de son sujet est incroyablement vertigineuse.
Tout semble méchamment expéditif, emprunt autant d'un sentiment autant de hâte que d'un embellissement un brin mignon des faits, quand bien même Akin garde son récit limpide malgré ses nombreuses ellipses.

Mais il y a un petit sentiment de retenu qui gâche un peu l'ambiance, dans ce refus (certainement conditionné) de ne pas totalement plonger en profondeur dans les aspects les plus tortueux de son sujet - ni même dans la créativité folle qui en a fait l'artiste qu'il est aujourd'hui -, incarnant une sorte de Réussir ou Mourir tout aussi policé mais allemand (le film emprunte justement beaucoup tonalement, aux observations sociales et stylisés des " hood movies " US, voix-off à la Scorsese en prime), que parvient tout de même à relever une énergie et une tension constante, et la prestation impliquée de Emilio Sakraya.
Divertissant donc, mais pas transcendant.


Jonathan Chevrier