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[CRITIQUE] : Sakra, La Légende des Demi-Dieux


Réalisateurs : Kam Ka-Wai et Donnie Yen
Avec : Donnie Yen, Yuqi Chen, Cya Liu,...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Action, Art Martiaux, Aventure.
Nationalité : Hong-Kongais, Chinois.
Durée : 2h10min

Synopsis :
Royaume de Chine, Xème siècle. Deux clans ennemis s'affrontent : les Song, dynastie royale, et les Khitan, peuple nomade guerrier. Qiao Feng du clan Song est un héros chevaleresque respecté, maître en arts martiaux. Accusé à tort d'avoir tué un chef de son propre clan, Qiao Feng est banni. Pour prouver son innocence, il s’engage dans un long périple, parsemé de combats extraordinaires, entre demi-dieux et semi-démons.



Critique :


Près de deux décennies après son dernier passage derrière la caméra, la comédie d'action Protégé de la Rose Noire, co-réalisé avec Barbara Wong, Donnie Yen remet le couvert et retrouve son fauteuil de réalisateur/vedette - aux côtés de Kam Ka-Wai - avec Sakra, La Légende des Demi-Dieux, une épopée wuxia surnaturelle librement adaptée du monument imposant de la littérature wuxia Demi-Dieux et Semi-Démons de Jin Yong, tant le bonhomme à sensiblement taillé dans le bout de gras du matériau d'origine, pour ne se focaliser que sur l'un des trois personnages principaux, qu'il interprète - comme à son habitude - sans la moindre fioriture.

Soit Qiao Feng - censé avoir trente ans dans le roman et non la cinquantaine -, le leader déchu du gang des mendiants accusé de plusieurs crimes qu'il n'a pas commis et bien décidé à réclamer vengeance, pour lui comme les siens (bien que le bonhomme ait la fâcheuse habitude d'être au mauvais endroit au mauvais moment, comme un Mr Magoo qui aurait appris à tataner férocement son prochain dans la Chine du Xe siècle), tout en se lançant dans une vraie quête identitaire et de connaissance de ses origines et de son héritage.

Copyright Eurozoom

Jusqu'ici tout semble simple et limpide mais c'est justement tout ce qui manque à une adaptation aussi jouissive que sensiblement bordélique et brouillonne, version douloureusement condensée d'un récit ample catapultée dans une narration de deux heures et des brouettes, s'enlisant lentement mais sûrement dans les méandres d'un mélodrame mi-burné, mi-ennuyé aux choix maladroits, d'une volonté à étirer plus que de raison quelques séquences (tout en frustrant dans sa propension à devoir en survoler d'autres, notamment dans sa seconde moitié) à une fâcheuse manie de jouer les cérémonies d'introduction à un trop gros pannel de personnages pour son bien - il se revendique clairement le premier opus d'une wannabe franchise.

Et pourtant, la péloche réussit la prouesse de rester intimement divertissante grâce à ses généreuses saillies musclées, des scènes d'action brutale et viscérale chorégraphiée et découpée à dynamisme par un Yen nous faisant pleinement ressentir l'impact et l'intensité de chaque coup (mention à la spectaculaire scène d'ouverture).

Copyright Eurozoom

Sakra où un petit bout de cinéma à l'ancienne (jusque dans son score aux accents westernien), fait à la fois de bric et de broc et d'une virtuosité technique sans pareil, un peu gauche et pourtant gentiment spectaculaire et énergique, qui a le bon ton de ne pas trop chercher à boxer dans la même catégorie que les délires créatifs et féeriquement fou de Tsui Hark (excepté peut-être dans son dernier tiers).
Donnie Yen est un spectateur nostalgique, nous aussi...


Jonathan Chevrier