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[CRITIQUE] : Le Paradis


Réalisateur : Zeno Graton
Avec : Khalil Gharbia, Julien De Saint-Jean, Eye Haïdara,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Belge, Français
Durée : 1h23min

Synopsis :
Joe, 17 ans, est sur le point de sortir d’un centre fermé pour mineurs délinquants. Si son juge approuve sa libération, il ira vivre en autonomie. Mais l'arrivée d'un nouveau jeune, William, va remettre en question son désir de liberté.



Critique :


Les journées de l'adolescent Joe (impressionnant Khalil Gharbia, déjà excellent dans Peter Von Kant) ​​​​au cœur du centre de détention pour mineurs dans lequel il est enfermé, sont frappées par une douloureuse monotonie faîte de travail, de sport et d'école, tant cet établissement vise à structurer au mieux les jeunes et à les préparer à une hypothétique réinsertion dans la société - de vaines promesses que peu croient.
Tout autant que ses camarades, si ce n'est plus, Joe aspire à sa libération, tellement qu'il n'hésite même pas à s'échapper de temps en temps, quitte à risquer l'emprisonnement pour de bons, derrière des barreaux nettement moins accueillants.

Un être constamment refermé sur lui-même, presque en hibernation, qui n'attend qu'une seule chose : se réveiller et pouvoir vivre, loin de toutes les chaînes qui l'entrave.
Mais tout bascule lorsqu'il s'éprend de William (solide Julien de Saint-Jean), dont les sentiments sont réciproques comme dans une évidence, donnant une nouvelle tournure à son rêve de liberté...

Copyright Tarantula/Silex films/Menuetto/RTB

Il y a une formidable mélancolie qui se dégage du premier long-métrage du cinéaste belge Zeno Graton, Le Paradis, titre ironique pour symboliser l'amour naissant mais empêché (que ce soit physiquement, dans l'enceinte de la maison d'arrêt, mais aussi sentimentalement, puisque cette passion doit être cantonnée au secret) entre deux jeunes hommes mutiques et solitaires qui apprennent à s'éprendre de l'individualité de l'autre dans un univers où ils sont contraint pourtant de se perdre dans l'anonymat d'une entité de groupe, symbole d'une société qui délaisse sa jeunesse si elle ne se fond pas d'elle-même dans la masse.

Deux âmes dont le moyen d'expression le plus percutant ne vient pas des mots mais de leurs talents artistiques (la musique pour l'un, le dessin pour l'autre), deux âmes qui se façonnent comme elles le peuvent, totalement conscientes que les espoirs et les perspectives sont comme des dès au résultat pipé d'avance, comme si la liberté était pour eux une épée à double tranchant qui blesse plus qu'elle ne protège.

Copyright Tarantula/Silex films/Menuetto/RTB

Enveloppé dans une intimité étonnamment tendre compte tenu de son cadre profondément anxiogène et désespéré, où une étreinte intime vaut les plus belles tirades enflammées, Le Paradis se fait une belle et pudique chronique adolescente en milieu carcéral, une odyssée lyrique et émouvante dénuée de toute dramatisation putassière, qui démontre que l'amour peut fleurir partout, même en enfer...


Jonathan Chevrier


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