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[CRITIQUE] : La Petite Sirène


Réalisateur : Rob Marshall
Acteurs : Halle Bailey, Jonah Hauer-King, Javier Bardem, Melissa McCarthy, Awkwafina, Daveed Diggs, Jacob Tremblay,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Aventure, Fantastique, Famille.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h10min.

Synopsis :
La célèbre histoire de ce pantin de bois, Pinocchio, bien décidé à vivre la plus palpitante des aventures pour devenir un vrai petit garçon.



Critique :


Bien que certains des remakes en prises de vues réelles et à (très) gros budget des classiques du catalogue animation de Disney aient bien performé au box-office, ils ont presque tous uniformément lutté sur le plan créatif pour exister par eux-mêmes.
Seul le fantastique Peter et Elliott le Dragon de David Lowery (on peut également cité Jean-Christophe et Winnie de Marc Forster, bien qu'il ne s'inspire pas directement d'un film d'animation) peut se targuer d'avoir apporté un vrai vent de fraîcheur et une émotion bouleversante, à une histoire que l'on pensait pourtant connaître sur le bout des doigts.

Du Roi Lion (vraie prouesse technique cela dit) à La Belle et la Bête en passant par Alladin, Pinocchio où encore Mulan, tous ont paradoxalement répondu aux attentes du grand public (qui paye pour voir les plus grands succès se répéter, des chansons aux moments de signature avec lesquels ils ont grandit) tout en dévoilant leur vacuité - volontaire - à incarner des propositions si ce n'est originales, avec au moins quelque chose d'un peu nouveau à mettre sur la table.

Copyright 2023 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved.

Mais puisque la formule fonctionne, pourquoi Disney changerait de disque et annihilerait son processus de franchisation à outrance/auto-canibalisation assumée ?
Nouvelle pièce à son édifice de destruction massive sucrupuleusement bien orchestré, La Petite Sirène de Rob Marshall, dont on n'attendait strictement rien (même si le casting convoqué envoyait méchamment du pâté), démontre une nouvelle fois qu'il n'avait pas légitimement le besoin d'exister, ni même de subir une nouvelle vague de révisionnisme moderne plus où moins bien agencé.

Resucée récitant presque par cœur l'histoire d'émancipation de l'enchanteur dessin animée originale, dont il étire la durée plus que de raison (cinquante minutes de bobine en plus qui font bien leur poids même si elle permet au dernier tiers d'être un poil moins précipité, Ariel ne recevant ses gambettes " faustiennes " qu'après une bonne heure de film) tout en ajoutant quelques écarts musicaux dispensable (aucune des contributions de Lin-Manuel Miranda ne vaut celles écrites par feu le grand Howard Ashman, tant les chansons originales étaient capable de tout dire ou presque, sur un personnage en une poignée de minutes), le film s'avère tout de même, malgré la somme de tous ses défauts, moins indigeste que bon nombres des tentatives de récente mémoire de la firme aux grandes oreilles, à vouloir recycler jusqu'à la nausée ses premiers efforts.

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Car si ses fameux ajustements soufflent autant le vent chaud (un Eric avec plus de profondeur, dont le désir d'explorer le monde bien qu'il soit freiné par sa mère sur-protectrice, fait écho à l'histoire d'Ariel, renforçant son statut d'âme sœur évident) que le vent froid (une Ursula dépeinte à travers sa relation conflictuelle avec son " frère " Triton, dont le fragile corps de kraken tout en CGI la rend bien moins effrayante que dans le matériau d'origine - limite même plus inoffensive que jamais), difficile en revanche, de ne pas tomber sous le charme d'une Halle Bailey évoquant avec douceur l'innocence et la naïveté d'une adolescente amoureuse, curieuse et idéaliste, gardant continuellement à flot un film qui aurait déjà sombré dans les profondeurs sans elle.

Mais qui sombre aussi, paradoxalement, avec elle, tant visuellement, il ressemble à une régression déroutante, évidemment en comparaison à Avatar : la Voie de l'eau, mais surtout en comparaison au Aquaman de James Wan (2018 quand-même), tant ses décors apparaissent encore plus désespérément figés et sans vie, nuisant aux performances de son casting et, ironiquement, à notre propre immersion.
Il subit même in fine le même écueil que Jon Favreau sur son Roi Lion, tant son souci de réalisme extrême dans la représentation de ses créatures marines, couplée à des expressions qui n'ont elles rien d'ordinaire, offre plus un sentiment de malaise constant (voire même quelque chose de profondément sinistre qui semble se cacher sous la peau de chaque animal informatisé) qu'une quelconque empathie.

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Pas plus indéfendable qu'un Pinocchio mais infiniment moins sincère, enchanteur et exaltant que le bijou de John Musker et Ron Clements, La Petite Sirène cuvée 2023, malgré ses quelques petits ajouts révisionnistes, démontre que non, c'est pas bien mieux sous l'océan, et encore moins en live-action malgré une étincelante Halle Bailey.


Jonathan Chevrier


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