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[CRITIQUE] : Misanthrøpe


Réalisateur : Damián Szifron
Avec : Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Jovan Adepo,…
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Thriller, Policier
Nationalité : Américain
Durée : 1h58min

Synopsis :
Eleanor, une jeune enquêtrice au lourd passé, est appelée sur les lieux d’un crime de masse terrible. La police et le FBI lancent une chasse à l’homme sans précédent, mais face au mode opératoire constamment imprévisible de l’assassin, l’enquête piétine. Eleanor, quant à elle se trouve de plus en plus impliquée dans l'affaire et se rend compte que ses propres démons intérieurs peuvent l’aider à cerner l'esprit de ce tueur si singulier…


Critique :


En 2014, le réalisateur argentin Damián Szifron avait trouvé un public français enthousiaste face à son troisième long métrage Les Nouveaux Sauvages, film à sketchs sur fond d’humour noir et de vengeance. Il signe son premier film à Hollywood presque neuf ans plus tard avec Misanthrope, thriller policier quatre étoiles, produit en partie par l’actrice américaine Shailene Woodley, qui interprète également le rôle principal.

Nous avions laissé le cinéaste sous un nuage subversif et grinçant face au comportement humain. Si la rumeur persiste concernant les réalisateur⋅trices perdant leur créativité dans les affres de la production hollywoodienne, ce n’est pas Damián Szifron qui viendra nous prouver le contraire. Hélas, malgré des qualités visuelles évidentes, Misanthrope déçoit par une narration balisée et une écriture maladroite du personnage féminin.

Copyright Metropolitan FilmExport

Eleanor (Shailene Woodley) est une jeune flic pleine de bonne volonté. Le soir du Nouvel An, un tireur plus qu’expérimenté profite des feux d’artifices pour provoquer une véritable boucherie au sein des fêtes sur les toits du quartier. 29 coups de feu, 29 victimes. Une précision qui fait froid dans le dos. Eleanor, comme tous les policiers de la ville, se précipite sur les lieux du crime. Damián Szifron ne nous épargne rien. Les victimes tombant comme des mouches. Le sang. La violence. Il met en place, avec succès, une ambiance angoissante. La chasse à l’homme commence.

Très vite cependant, Misanthrope dévie du thriller classique en choisissant de centrer son récit sur Eleanor. Volontaire, sérieuse, intelligente, la jeune policière a aussi un passé trouble (des soucis d’addictions, des soucis psychiques), ce qui l’aurait empêchée de poursuivre une carrière au FBI comme elle l'espérait. Mais le tueur lui donne une deuxième chance. Repérée par l’agent du bureau Lammark (Ben Mendelsohn), responsable de l’enquête, Eleanor est vite considérée comme un atout. Grâce à son passé, elle serait à même de comprendre le tueur et de l’empêcher de nuire. Outre l’aspect psychophobe de la caractérisation, le film essaie de nous faire croire qu’Eleanor, tout comme le meurtrier, aurait du mal à vivre en société (et aurait une aversion pour la vie humaine, surtout la sienne) alors qu’elle est, en tant que seule personnage féminin, la plus sensible et empathique des protagonistes suivant l’enquête. Peut-être que le but était de densifier le tueur, de ne pas en faire une figure diabolisée mais un être humain que la vie a fini par transformer en monstre. Cependant, nous voyons mal la similitude entre un tueur aguerri au sang froid et une flic fragilisée par sa maladie mentale …

Copyright Metropolitan FilmExport

Avec sa chasse à l’homme, c’est le système policier entier que veut critiquer Damián Szifron. Un système bâti sur une politique corrompue par les mensonges, au détriment de l’enquête. Nombreuses sont les séquences où Lammark se débat avec sa hiérarchie, sous le regard étonné d’Eleanor. Celle-ci finira par comprendre que pour se démarquer dans la police, il faudra jouer le jeu politique. Misanthrope met à défaut notre société conformiste et hypocrite, la police étant notre plus beau miroir dans lequel se reflètent tous nos péchés. Un propos intéressant sur le papier mais qui peine à prendre forme dans la narration. Le film s’empêtre dans son histoire, entre la psychologie d’Eleanor, la satire du système et les éléments permettant de faire avancer l’enquête. Mis à part le très beau (et angoissant) incipit, le récit avance en mode automatique, pour nous offrir une fin surprenante à défaut d’être réussie. Pour un film qui met un point d’honneur à dénoncer le conformisme, il est bien conventionnel. Entre divertissement hollywoodien et véritable critique du monde moderne, Misanthrope ne sait pas sur quel pied danser.


Laura Enjolvy


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