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[CRITIQUE] : Despedida


Réalisatrice•teur : Luciana Mazeto et Vinícius Lopez
Avec : Anaís Grala WegnerPatricia SosoIda Celina,...
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Drame, Thriller
Nationalité : Brésilien.
Durée : 1h30min

Synopsis :
La nuit, par la fenêtre de la maison familiale, Ana 11 ans voit le fantôme de sa grand-mère entrer dans la forêt. Quand elle décide de la suivre, elle découvre un monde de fantaisie et de mystère, avec des sorcières, des créatures étranges et surtout, un chien sauvage qui garde le passage vers ce monde fantastique.



Critique :


Il y a quelque chose de rassurant dans le fait que l'infantilisation et le cynisme à outrance qui a servit de formatage intensif du conte au sein du septième art - majoritairement Hollywoodien, il est vrai - depuis plusieurs décennies maintenant, n'a pas empêché plusieurs cinéastes de voguer à contre-courant en choisissant de revenir aux sources même de celui-ci, sans jamais avoir peur d'embrasser sa part d'ombre (pensez Hayao Miyazaki, Guillermo Del Toro,...).
Tout comme leur premier effort, Irmã, qui incarnait lui aussi un récit initiatique sous fond d'exploration captivante et personnelle du fantastique, le tandem Luciana Mazeto et Vinícius Lopez récidive avec un second effort tout aussi captivant : Despedida (" adieu " en portugais, titre qui trouve très vite tout son sens à l'écran), où il multiplie les références aux classiques du genre pour mieux opérer une relecture sombre du chef-d'oeuvre Alice aux pays des merveilles de Lewis Carroll, subtilement intégré aux coeurs des croyances et des problématiques sociales brésiliennes.

Copyright Wayna Pitch

Mais cette appropriation ne sonne pas tant comme une régurgitation facile et mécanique qui n'a rien à conter, mais bien comme un hommage intelligent vissé sur l'initiation à la dure d'une gamine mature confrontée au deuil et au lourd poids du passé familial.
En mariant à la fois l'intime et le singulier à l'universel, tout en ne se tournant uniquement que sur ses protagonistes féminins (ses rares personnages masculins sont des menaces, à différentes échelles), les deux cinéastes dressent un portrait plein de maturité d'une jeunesse à la fois consciente des maux du monde contemporain (racisme, intolérance, mépris de classe,...) et pleinement capable de renouer avec ses racines et une nature de plus en plus bafouée par l'homme moderne.
Le cinéma de Miyazaki n'est jamais loin donc - jusque dans ses élans écologiques - tout comme l'audace et l'étrangeté singulière du cinéma d'animation tchèque de l'après-guerre (voire même une pointe de Luis Buñuel), d'autant que Mazeto et Lopez soignent aussi bien leur écriture que leur esthétique, dont l'onirisme subordonne la réalité; Despedida, malgré un casting un brin inégal, est un beau et fantaisiste récit d'apprentissage sur une jeune âme dont les fantômes du passé l'aide à affronter les viccissitudes de l'existence.
Une belle surprise.


Jonathan Chevrier


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