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[CRITIQUE/RESSORTIE] : L'Ange Rouge


Réalisateur : Yasuzo Masumura
Avec : Yûsuke KawazuAyako WakaoShinsuke Ashida,…
Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Guerre.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h35min

Date de sortie : 16 avril 1969
Date de ressortie : 2 novembre 2022

Synopsis :
En 1939, pendant la guerre sino-japonaise, l’infirmière Sakura travaille dans un hôpital en soignant des soldats blessés. Un soir, elle se fait agresser par un groupe d’hommes repartant au front le lendemain. Quelque temps après elle retrouve l’un de ses agresseurs dans un hôpital de campagne. Elle convertira sa vengeance en pitié et cherchera à soulager les malades par tous les moyens...



Critique :


Sans aucun doute, les deux axes thématiques majeurs du septième art japonais auront été la répression et la violence qu'elle a fait naître, tant sous l'apparente douceur d'une société férocement hiérarchisée qui inspire le respect, se cache un carnaval d'émotions niées et/où refoulées qui, à un moment donné, ne peuvent qu'exploser.
Le bijou L'Ange Rouge de Yasuzô Masumura, adapté d'un roman de Yoriyoshi Arima, examine la frontière entre ses deux axes au travers de la Seconde Guerre sino-japonaise (1937-1945), lorsque l'armée nippone a commencé l'invasion progressive de la Chine jusqu'à ce que le conflit finisse par se fondre dans la Seconde Guerre mondiale, la faute à la plus grande erreur stratégique des Japonais : l'attaque de Pearl Harbor en 1941 qui a conduit à la participation américaine à la guerre et à son rôle crucial dans la guerre du Pacifique.

Copyright Jokers Films

Vissé sur l'odyssée tragique et complexe de la jeune infirmière Sakura, le film adopte un regard neutre sur le conflit (voire même presque Freudien), ne condamnant ni ne disculpant aucun des deux camps ennemis (et adoptant encore moins le parti d'une société japonaise conservatrice et nationaliste), utilisant finalement la guerre comme une toile de fond à un drame humain articulé autour des notions de frustration sexuelle et de virilité, la première étant intimement reliée au patriotisme et à la quête de sens/justification des violences perpétrées (pour la grandeur du Japon), tandis que la seconde est le masque apparent d'une masculinité faible et fragile; deux faces d'une même pièce nourrit par le désespoir et l'angoisse de la guerre et de l'aveuglement individualiste qu'elle convoque.
Destabilisant tant son honnêteté visuelle et narrative évite soigneusement tout sentimentalisme ou héroïsme facile, autant qu'elle n'épargne jamais son auditoire de séquences violentes et viscérales, L'Ange Rouge dévoile la réalité rugueuse et horrible de la guerre dans ce qu'elle a de plus effroyablement humaine, pour mieux pointer son inutilité.
Une merveille, rien de moins.


Jonathan Chevrier


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