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[CRITIQUE] : Black Panther : Wakanda Forever


Réalisateur : Ryan Coogler
Avec : Letitia Wright, Angela Bassett, Danai Gurira, Lupita Nyong'o, Tenoch Huerta Mejía, Winston Duke,…
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Fantastique.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h42min

Synopsis :
La Reine Ramonda, Shuri, M’Baku, Okoye et les Dora Milaje luttent pour protéger leur nation des ingérences d’autres puissances mondiales après la mort du roi T’Challa. Alors que le peuple s’efforce d’aller de l’avant, nos héros vont devoir s’unir et compter sur l’aide de la mercenaire Nakia et d’Everett Ross pour faire entrer le royaume du Wakanda dans une nouvelle ère. Mais une terrible menace surgit d’un royaume caché au plus profond des océans : Talokan.



Critique :


Il aura donc fallu attendre le crépuscule de sa quatrième phase, pour que le MCU propose un divertissement avec une réelle envie de cinéma mais surtout légèrement exempté du sentiment foutrement désagréable de ne pas totalement prendre son auditoire pour une truffe.
Passé un excellent Werewolf By Night de Michael Giacchino, Black Panther : Wakanda Forever de Ryan Coogler vient enfin dégainer un film qui certes, ne s'extirpe pas vraiment du moule familier de la firme, mais apporte autre chose sur la table, une oeuvre faîtes de multiples contrastes et totalement cohérente avec le premier opus.
Frappé - évidemment - par le sceau de la disparition brutale de Chadwick Boseman, cette suite est avant tout et surtout une histoire de deuil, sur l'amour né du chagrin et la colère qui émerge de la douleur d'avoir perdu quelqu'un qui vaut la peine d'être pleuré, sur lequel Coogler juxtapose des oppositions entre science et foi, entre technologie et tradition dans une quête effrénée de réponses à des questions qui restent cruellement sans réponse.

Copyright Walt Disney Company

Plus encore qu'un Far From Home qui effleurait le thème avec plus où moins de conviction, Wakanda Forever est un film sur la résilience de ceux qui, même sous le poids d'obstacles pensés comme insurmontables se battent pour survivre et honorer la mémoire de ceux qu'ils aiment.
Que le MCU assume autant ses émotions sans les pervertir ni les désamorcer avec un humour résolument limité est quelque chose de quasi-miraculeux, presque autant que de ne pas crouler sous le poids du casse-tête d'avoir perdu son interprète vedette - et donc de facto son super-héros - sans tomber dans le voyeurisme paradoxalement touchant (oui) de la gestion de la disparition de Paul Walker dans Fast and Furious 7 - et désormais plus directement, dans la saga toute entière.
La prémisse de cette suite prend minutieusement en compte autant la disparition brutale de T'Challa que ses propres actions (et celle de Kilmmonger, qui a détruit toutes les herbes-coeur qui permettait au Black Panther de régénérer/cultiver ses pouvoirs) au cours du premier film : révéler le véritable pouvoir de Wakanda sur la scène mondiale.
Flanqué un an après sa mort, et alors que ses amis et proches continuent de le pleurer, le Wakanda est visé aussi bien tous les pays du monde qui revendique désormais ses ressources inestimables, que par une menace encore plus grande qui émerge des profondeurs de l'océan : la mythique cité sous-marine de Talokan dont le chef, Namor, vénéré par son peuple comme un dieu vivant, ne voit pas d'un bon goût les déclarations de T'Challa tant elle pourrait attirer l'humanité à découvrir l'existence de Talokan.
Le bonhomme lance alors une guerre préventive contre notre monde vivant à la surface, faisant de Talokan un ennemi direct du Wakanda...

Copyright Walt Disney Company

Sensiblement plus sombre et plus complexe que son prédécesseur (et avec des CGI bien, bien meilleurs même si les séquences nocturnes sont encore une fois visuellement catastrophique) même s'il suit la même ligne directrice de l'opposition entre les deux faces d'une même pièce dont les actes sont nourris par le deuil et la perte.
Si un T'Challa peinant à tracer sa propre voie sous l'ombre écrasante de son défunt père T'Chaka, affrontait un Killmonger dont l'odyssée vengeresse était marquée par l'assassinat de son père, ici le deuil respectif de Shuri et Namor fonctionnement sur le même repoussoir d'un chagrin nié et autodestructeur.
De la même manière, leur ressemblance s'étendent à leurs cultures respectives, le Wakanda - dont la mythologie est ici bien plus travaillée - tout comme le Talokan sont deux nations pacifistes, qui assument sans vergogne être les plus puissantes du monde tout en étant muées par un esprit d'isolationnisme défensif en réponse aux abus destructeurs du colonialisme - et toutes les deux vénèrent leurs leaders comme des dieux.
Mais si Black Panther était la quête initiatique de T'Challa, Wakanda Forever se fait celle de Shuri qui, en l'absence de son bien-aimé frère (et après avoir perdu son père quelques temps auparavant), trouve du réconfort auprès des femmes qui ont le plus comptés dans sa vie (sa mère Ramonda, forcée d'assumer à la fois son chagrin de mère et le sort de toute une nation, Okoye et Nakia) mais également de la nouvelle venue Riri Williams (à peine croquée, à l'instar d'America Chavez dans Doctor Strange in The Multiverse of Madness, tant elle est ici simplement introduite avant son propre show éponyme sur Disney Plus), avec qui elle partage de nombreux points communs, et d'un M'Baku qui ne la considère plus comme une simple enfant.

Copyright Walt Disney Company

S'il laisse parfois transparaître l'impression de céder sous son propre poids et/où attentes, la faute sans doute à un cahier des charges familier qui lui fait plus de mal que de bien (le sempiternel et bruyant affrontement final, la nécessité d'amener sur le devant de la scène un nouveau Black Panther, la présence prétexte de personnages visant à garder liés les films du MCU,...), mais également à une durée particulièrement chargée qui nuit sensiblement à son rythme; Black Panther : Wakanda Forever, toujours embaumé par les sonorités inspirées de Ludwig Göransson, réussit la prouesse de détourner une tragédie en un solide divertissement, sans pour autant être totalement expurgé des plaisanteries creuses, d'une action pas toujours lisible/entraînante où même de ses obligations d'univers liés, sur lesquelles les blockbusters made in firme aux grandes oreilles se caractérisent trop souvent.
Une suite enracinée dans la colère, le chagrin et la confusion qui prend son temps pour nourrir le développement de ses personnages tout en surmontant, pour le moment, ce que la perte de Chadwick Boseman signifiait pour l'avenir de cette franchise.
Et ce n'était vraiment, vraiment pas gagné...


Jonathan Chevrier