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[CRITIQUE] : L'Intérêt d'Adam


Réalisatrice : Laura Wandel
Avec : Léa Drucker, Anamaria Vartolomei, Jules Delsart, Alex Descas,... Distributeur : Memento
Genre : Drame.
Nationalité : Belge, Français.
Durée : 1h18min.

Synopsis :
Face à la détresse d’une jeune mère et son fils, une infirmière décide de tout mettre en œuvre pour les aider, quitte à défier sa hiérarchie.




Quelle sensation plus belle qu’être devant un film, et de totalement oublier le caractère fictionnel de l'œuvre. Être totalement pris par le récit, les images, et les personnages dans leurs aventures. Un sentiment d’immersion et d’isolement pendant une petite heure. C’est généralement devant ces expériences que l’on est le plus touché. Et quand ces dernières sont portées par un trio bluffant, nous narrant une histoire difficile mais poignante, c’est le tiercé gagnant. C’est exactement ce que propose Laura Wandel avec son second long-métrage, L’Intérêt d’Adam.

Pendant une heure, la réalisatrice nous plonge dans le service pédiatrique d’un hôpital. On y suit Lucie (Léa Drucker), infirmière, durant une soirée entière, alors qu’elle doit s’occuper de plusieurs urgences. Une en particulier va lui prendre un temps particulier. Adam (Jules Delsart) est admis à cause d’un accident. L’enfant, en sévère malnutrition, est constamment accompagné de sa mère du nom de Rebecca (Anamaria Vartolomei). Cette dernière est visée par une décision de justice remettant en question la garde de son enfant. Lucie va tout faire pour aider cette famille, quitte à défier sa direction.

Copyright Laura Wandel

L’Intérêt d’Adam marque les esprits par son désir de réalisme. Là où nombre de productions se déroulant dans le milieu hospitalier se focalisent sur un cas à la fois, le film fait le choix d’alterner entre différents cas. Ainsi, Lucie commence le film en s’occupant de Rebecca et Adam, pour juste après prendre soin d’un bébé prématuré, enchaînant avec des enfants victimes des violences de leurs pères, et revenant ensuite sur la famille “principale” (ou centrale du récit), sans s’attacher à donner des conclusions à tous ces parcours de vie. À l’instar des services hospitaliers dans notre réalité, trop débordés à cause de politiques économiques plus que questionnables, le long-métrage semble aussi dépassé par tous ces évènements. Il en résulte un sentiment d’épuisement devant cette effervescence qui nous plonge dans l’ambiance des hôpitaux (plutôt dans une fraction de la réalité, tant la réalité doit être difficile).

Cette recherche de réalisme passe aussi par l’image. Laura Wandel privilégie les plans très longs et les plans-séquences, suivant les trajets de l’infirmière à travers les couloirs. À cela s’ajoute un travail sur l’ambiance sonore qui accompagne chaque petit détail que le personnage peut percevoir. Un bruit d'appareil médical dans une pièce adjacente, un chariot qui passe à côté, des enfants qui chahutent au loin. Des effets très simples, mais qui participent à l’immersion dans le personnage. De plus, tout le récit se déroule en temps réel, accentuant cette sensation.

Copyright Laura Wandel

Sans jamais tomber dans le misérabilisme, et sans jamais porter de jugement sur ses personnages, Laura Wandel nous délivre un magnifique récit hospitalier. L’Intérêt d’Adam questionne les limites de l’amour et de l’humanité. Ces moments où nous sommes tellement submergés par les évènements et par nos sentiments, qu’on en vient à blesser nos proches. Le tout porté par des performances d’actrices et d’acteurs particulièrement touchantes.


Livio Lonardi