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[CRITIQUE] : Marcel !


Réalisatrice : Jasmine Trinca
Acteurs : Alba Rohrwacher, Maayane Conti, Giovanna Ralli,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Italien, Français.
Durée : 1h33min

Synopsis :
La petite fille est insomniaque. La mère est une artiste. Le chien s’appelle Marcel. La petite fille aime passionnément sa mère, mais sa mère aime Marcel plus que tout. Un événement imprévu permettra-t-il à ces chaînes d’amour de se reconnecter ?



Critique :


Joli effort semi-autobiographique que le premier long-métrage mis en boîte par la comédienne Jasmine Trinca, Marcel !, plus où moins extension de son précédent court-métrage Being my mom, pour lequel elle met en scène une histoire une histoire inspirée de son enfance et de sa relation avec sa mère, transfigurant celle-ci dans une sorte d'hommage assumé autant aux contes oniriques du roi Federico Fellini (impossible de ne pas penser à La Strada) qu'au cinéma muet (de son titre, citant directement le mime Marcel Marceau, à sa structure divisée en chapitres en passant par de nombreuses références aux oeuvres de Chaplin), dont la mise en scène de la dynamique familiale en son coeur, privilégie totalement les gestes et les regards aux mots.
Avec ses héroïnes sans noms, la cinéaste croque le difficile et intense processus de (re)découverte mutuelle entre une mère et sa fille au sein d'une fable solaire et légère qui ne masque pourtant jamais sa dureté et sa noirceur, entre sublimation d'une absence (celle d'un compagnon pour la mère, d'un fils pour la grand-mère et d'un père pour la jeune fille) et quête désespérée de reconnaissance et d'affection par le biais du processus créatif.

Copyright Fabio Zayed

En s'éloignant volontairement du cinéma dit "bourgeois" du courant dominant du cinéma italien actuel - que ce soit à la fois du coté du drame que de la comédie -, la cinéaste arpente un terrain plus anguleux et sinueux qui se retrouve même au sein de son cadre : cette banlieue romaine presque hors du temps où se consument les solitudes silencieuses et où la marginalité - volontaire où non - est presque un projet de vie en elle-même.
Même lorsqu'elle flirte avec le road movie, elle évite soigneusement les tropes faciles du genre pour pleinement se blottir dans la recherche mutuelle douloureuse de ses deux héroïnes (une mère aimante mais maladroite, qui préfère son partenaire de scène - son chien - à sa fille, jusqu'à ce qu'elle le perde), obligées de passer par la découverte de la dimension réelle de chaque personnalité - au fond toutes deux affligées par la douleur - et non la simple projection personnelle qu'elles peuvent avoir l'une de l'autre.
Enlacé dans un imaginaire aussi intime que personnel (immortalisé dans le clair-obscur absolument somptueux de la photographie cristalline de Daria D'Antonio, mais aussi dans les jeux d'ombres chinoises créés par la jeune fille), Jasmine Trinca fait de Marcel ! un étonnant et singulier mélodrame, pas dénué de quelques trous d'air narratifs mais qui fait preuve d'un regard cinématographique accru, que ce soit dans l'attention portée aux acteurs (superbe tandem Alba Rohrwacher/Maayane Conti, LA révélation du film) qu'à sa composition, jamais banale, de l'image via des plans absolument somptueux.
Une belle découverte.


Jonathan Chevrier


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