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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #166. Turkey Shoot

© Roadshow Film Distributors

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !



#166. Les Traqués de l'an 2000 de Brian Trenchard-Smith (1982)

Il y a un frisson primaire dans le concept terrifiant - et pourtant loin d'être uniquement fictionnel - de la chasse à l'homme qui a fasciné plus d'un cinéaste, que ce soit le monument Delivrance de John Boorman, The Most Dangerous Game d'Ernest B. Schoedsack aux plus " spectaculaires " The Running Man de Paul Michael Glaser - d'après un roman de Stephen King -, Predator de John McTiernan et Hard Target de John Woo (avec un JCVD à mulet), en passant par le plus politisé Punishment Park de Peter Watkins, fable politique bouillante qui une Amérique furieusement totalitaire entraîner ses forces spéciales pour liquider tout dissident au système au coeur du désert californien, dans une sorte de chasse à l'homme biaisée où la récompense ultime - la liberté - n'est jamais acquise.
C'est clairement dans ce même mouvement politique que s'inscrit le cultissime (un titre adoubé par Quentin Tarantino himself) Turkey Shoot aka Les Traqués de l'an 2000 par chez nous, pur morceau de la Ozploitation signé Brian Trenchard-Smith, un habitué de la bisserie qui tache (Dead End Drive-In, BMX Bandits, Night of the Demons 2,...).

© Roadshow Film Distributors

Dystopie déglinguée au pitch un brin nébuleux (oui, c'est vrai, on s'en fout du script) servant de terrain de jeu au sadisme pervers qui habite la noirceur de l'âme humaine (le Camp 47, un camp de prisonniers axé sur la modification du comportement), le film, sorte de cocktail pas toujours adroit mais jouissif entre le survival post-apocalyptique, le film de guerre et le gentil nanar burlesque qui épouse sans réserve son absurdité, abandonne toute prétention sérieuse pour se lancer dans la mission délirante de dresser l'homme contre l'homme tout en usant de tous les subterfuges possibles pour laisser parler sa générosité sanglante et explosive.
Fauché comme les blés mais avec un coeur gros comme ça, intense et radical autant qu'il n'est jamais chiche en morceau de bravoure, Les Traqués de l'an 2000, porté par un Roger Ward génial en crevure/tortionnaire à moustache, est un petit bonheur régressif comme on n'en fait plus, de la séance de vidéoclub qui titille notre nostalgie aussi bien que notre instinct primaire.
Ah, les 80s...


Jonathan Chevrier