[CRITIQUE] : Les Meilleures
Réalisatrice : Marion Desseigne-Ravel
Avec : Lina El Arabi, Esther Bernet-Rollande, Mahia Zrouki,…
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h21min
Synopsis :
Sur un mur de mon quartier, on a tagué : Le premier qui tombe amoureux a perdu.
C'est vrai. Parce qu’après, tout le monde parle sur toi et t’es à la merci.
J’ai perdu. Je suis amoureuse d’une fille, je ne sais pas quoi faire…
Critique :
Depuis une petite dizaine d'années maintenant, même si cette évolution s'avère encore bien trop minoritaire pour s'approcher un tant soit peu d'un constat égalitaire, plusieures cinéastes osent l'idée de mettre en boîte des odyssées au féminin au coeur de la vie en banlieue, dont le prisme est depuis longtemps, sensiblement une question d'homme.
Même si sa peinture de la banlieue n'est il est vrai pas exempt de quelques clichés/maladresses, Marion Desseigne-Ravel - dont c'est ici le premier long-métrage - croque avec Les Meilleures une rafraîchissante et fougueuse chronique adolescente vissée sur le bitume de la Goutte d'Or, rappelant sur de nombreux points les fantastiques Jinn de Nijla Mumina ou même Bande de Filles de Céline Sciamma, notamment dans sa volonté d'incarner un récit idiosyncratique loin des canons habituels du coming of age movie (d'autant que le regard des deux cinéastes se posait là aussi sur la fin de l'adolescence).
Sempiternelle déclinaison contemporaine d'un amour impossible so Shakespearien (Roméo et Juliette forever), le film observe les sentiments naissants dans le coeur de deux jeunes femmes à un âge charnière, où l'on se découvre autant que l'on se construit identitairement et sexuellement, même au coeur d'un cadre où l'on fustige - littéralement - tout ce qui n'est pas la norme.
Soit Nedjma, leader d'une petite bandes d'adolescentes au langage aussi fleuri et énergique que leurs attitudes (s'affirmer c'est avant tout et surtout savoir se faire respecter), qui tombe fortuitement sous le charme de sa nouvelle voisine, Zina.
Un problème en soit qui est, pour ne pas arranger la situation, surplomber par un autre tout aussi important, elle est " accessoirement " la cousine de la cheffe d'une bande rivale, ce qui la contraint, aux vues des lois tacites de la vie au coeur des quartiers et des bandes, de la stigmatiser...
La narration dessine intimement ce portrait générationnel au rythme des battements contradictoires du coeur Nedjma (superbe Lina El Arabi), entre coups de sang et élan de tendresse envers Zina (la révélation Esther Bernet Rollande), confrontée contre son gré aux rejets des siens - famille comme amies -, aux paroles insultantes et aux regards désapprobateurs de toute une communauté.
Coming of age movie réaliste, solaire et presque funambule dans son équilibre tonale et thématique précaire, sondant avec rudesse le rejet de l'homophobie autant que les injonctions cruelles - et normalisées - que les jeunes femmes s'infligent à elles-mêmes (cette notion/pression qui leur est inculqué au-delà même de leurs interactions, de juger comme une vérité immuable à tous, ce qu'il est bien de faire/être et ce qui est mal), au sein d'un univers où la seule bouffée d'air frais et de délicatesse ne se trouve que sur les toits des HLM (là où l'on se cache autant que l'on peut être soi-même); Les Meilleures ne vise sans doute pas toujours juste dans son ambitieuse proposition, mais à au moins le mérite de poser sa caméra et ses questionnements là où le cinéma hexagonal ne s'aventure que sporadiquement.
Et c'est déjà (vraiment) beaucoup.
Jonathan Chevrier
Avec : Lina El Arabi, Esther Bernet-Rollande, Mahia Zrouki,…
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h21min
Synopsis :
Sur un mur de mon quartier, on a tagué : Le premier qui tombe amoureux a perdu.
C'est vrai. Parce qu’après, tout le monde parle sur toi et t’es à la merci.
J’ai perdu. Je suis amoureuse d’une fille, je ne sais pas quoi faire…
Critique :
Déclinaison contemporaine d'un amour impossible au coeur de la Goutte d'Or, #LesMeilleures incarne un récit d'émancipation réaliste et solaire, qui dessine intimement un portrait générationnel au rythme des battements contradictoires du coeur d'une superbe Lina El Arabi. pic.twitter.com/V4n9ZTs8Bw
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 10, 2022
Depuis une petite dizaine d'années maintenant, même si cette évolution s'avère encore bien trop minoritaire pour s'approcher un tant soit peu d'un constat égalitaire, plusieures cinéastes osent l'idée de mettre en boîte des odyssées au féminin au coeur de la vie en banlieue, dont le prisme est depuis longtemps, sensiblement une question d'homme.
Même si sa peinture de la banlieue n'est il est vrai pas exempt de quelques clichés/maladresses, Marion Desseigne-Ravel - dont c'est ici le premier long-métrage - croque avec Les Meilleures une rafraîchissante et fougueuse chronique adolescente vissée sur le bitume de la Goutte d'Or, rappelant sur de nombreux points les fantastiques Jinn de Nijla Mumina ou même Bande de Filles de Céline Sciamma, notamment dans sa volonté d'incarner un récit idiosyncratique loin des canons habituels du coming of age movie (d'autant que le regard des deux cinéastes se posait là aussi sur la fin de l'adolescence).
Sempiternelle déclinaison contemporaine d'un amour impossible so Shakespearien (Roméo et Juliette forever), le film observe les sentiments naissants dans le coeur de deux jeunes femmes à un âge charnière, où l'on se découvre autant que l'on se construit identitairement et sexuellement, même au coeur d'un cadre où l'on fustige - littéralement - tout ce qui n'est pas la norme.
Soit Nedjma, leader d'une petite bandes d'adolescentes au langage aussi fleuri et énergique que leurs attitudes (s'affirmer c'est avant tout et surtout savoir se faire respecter), qui tombe fortuitement sous le charme de sa nouvelle voisine, Zina.
Un problème en soit qui est, pour ne pas arranger la situation, surplomber par un autre tout aussi important, elle est " accessoirement " la cousine de la cheffe d'une bande rivale, ce qui la contraint, aux vues des lois tacites de la vie au coeur des quartiers et des bandes, de la stigmatiser...
La narration dessine intimement ce portrait générationnel au rythme des battements contradictoires du coeur Nedjma (superbe Lina El Arabi), entre coups de sang et élan de tendresse envers Zina (la révélation Esther Bernet Rollande), confrontée contre son gré aux rejets des siens - famille comme amies -, aux paroles insultantes et aux regards désapprobateurs de toute une communauté.
Coming of age movie réaliste, solaire et presque funambule dans son équilibre tonale et thématique précaire, sondant avec rudesse le rejet de l'homophobie autant que les injonctions cruelles - et normalisées - que les jeunes femmes s'infligent à elles-mêmes (cette notion/pression qui leur est inculqué au-delà même de leurs interactions, de juger comme une vérité immuable à tous, ce qu'il est bien de faire/être et ce qui est mal), au sein d'un univers où la seule bouffée d'air frais et de délicatesse ne se trouve que sur les toits des HLM (là où l'on se cache autant que l'on peut être soi-même); Les Meilleures ne vise sans doute pas toujours juste dans son ambitieuse proposition, mais à au moins le mérite de poser sa caméra et ses questionnements là où le cinéma hexagonal ne s'aventure que sporadiquement.
Et c'est déjà (vraiment) beaucoup.
Jonathan Chevrier