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[CRITIQUE] : Sous le ciel de Koutaïssi


Réalisateur : Aleksandre Koberidze
Avec : Giorgi Bochorishvili, Ani Karseladze, Oliko Barbakadze,…
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Romance.
Nationalité : Géorgien, Allemand.
Durée : 2h31min

Synopsis :
C’est le coup de foudre quand Lisa et Giorgi se rencontrent par hasard dans les rues de Koutaïssi. L’amour les frappe si soudainement, qu’ils en oublient même de se demander leur prénom. Avant de poursuivre leur chemin, ils décident de se retrouver le lendemain. Ils sont loin de se douter que le mauvais œil leur a jeté un sort.



Critique :


Il y a quelque chose de génial et grisant dans l'idée qu'une comédie romantique (mais qui n'en est pas totalement une non plus), qui se fait à la fois un conte de fées contemporain et une symphonie urbaine, prennent le parti que la réalité elle-même, dans ce qu'elle a de plus beau et burlesque à la fois, peut se voir comme une oeuvre de cinéma.
Après tout, ne nous disons-nous pas si souvent au coeur de notre quotidien " on se croirait dans un film ? ".
C'est ce point de départ, prendre les contours d'une réalité enlacée par la légèreté insouciante - et un poil grinçante - de la fable pour mieux catapulter son auditoire dans une quasi-utopie douce comme une brise d'été, qui nourrit le second long-métrage du talentueux cinéaste géorgien Alexandre Koberidze (encore une fois dans la plus pure tradition du transcendantalisme), Sous le ciel de Koutaïssi, tissé autour de la rencontre inattendue et hasardeuse entre un garçon et une fille qui entraîne toutes sortes d'événements farfelus; une histoire d'amour troublée et liée aux aventures collectives d'une communauté géorgienne hypnotisée par la célébration d'une Coupe du monde.

Copyright Faraz Fesharaki/DFFB

Dans un premier temps, l'idylle promise au coeur du récit s'avère fortuitement impossible, puisqu'un sortilège inexplicable fait qu'ils ne peuvent plus se reconnaître (ils se réveillent avec des visages différents et perdent les petites aptitudes qui faconnaient leurs professions) ni poursuivre leur idylle.
Mais ce malheur est vite compensée par son revers puisqu'une multitude d'autres histoires prennent le relais et font du film une fable enthousiasmante et protéiforme, un récit œcuménique et concentrique de petites vicissitudes menées par une multitude de personnages attachants, dans une Koutaïssi qui à sa propre dimension spatio-temporelle.
Plus qu'une simple réflexion sur l'improbabilité de l'amour ou sur l'attraction magnétique qui nous enveloppe et nous entraîne vers l'autre, le film se fait une ode à l'importance de l'affection et du bonheur sous toutes ses formes si familières, autant qu'à l'émerveillement insouciant qui doit être préserver en chacun de nous.
Trompant l'aspect intimidant de sa durée foisonnante - 2h30 -, par une narration et un montage purgé de toute scène superflue (couplée à une mise en scène enlevée et inventive), Sous le ciel de Koutaïssi se fait un conte de fées magique et réaliste à la poésie singulière passionnante, pas si éloigné du cinéma d'Otar Iosseliani.
Un hommage aimant et rafraîchissant au cinéma muet autant qu'une fable fantaisiste et généreuse, presque révolutionnaire en ces temps pandémique dans sa manière de prôner (naïvement) la solidarité et l'ouverture aux autres.


Jonathan Chevrier


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