[CRITIQUE] : Selon la Police
Réalisateur : Frédéric Videau
Acteurs : Laetitia Casta, Simon Abkarian, Alban Lenoir, Sofia Lesaffre, Patrick D’Assumçao,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Policier, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h51min.
Synopsis :
Un matin, un flic de terrain usé jusqu’à la corde, que tous dans son commissariat appellent Ping-Pong, brûle sa carte de police et disparaît sans prévenir. Durant un jour et une nuit, ses collègues le cherchent, le croisent et le perdent dans Toulouse et sa banlieue. Mais chaque heure qui passe rapproche un peu plus Ping-Pong de son destin.
Critique :
À une heure ou le buzzé Bac Nord, récupéré politiquement par tous les extrêmes - où presque - depuis cet été, pourrait bien aller gratter de manière gentiment révoltante une bonne flopée de César (le lobbying est déjà en marche depuis un bon moment), Selon la Police de Frédéric Videau arrivait à point nommé pour corriger une image férocement romantisée/américanisée des forces de l'ordre, plus propice à huiler le désamour du français moyen qu'à rétablir - par le biais de la pellicule - une certaine empathie voire une hypothétique réouverture du dialogue.
Mauvaise pioche ou presque, tant si le quatrième long-métrage du cinéaste ne se perd pas, à l'instar de celui de Cédric Jimenez, dans une heroïsation douteuse de la figure policière - volontairement corrompue - dénuée de toute distance analytique, il inscrit lui aussi sa vision dans un quotidien ciblé ou la détresse sociale n'entre jamais totalement en ligne de compte , et où l'humanité n'a finalement aucun visage autre que celui des représentants de l'ordre, aussi faillible soit-il.
Vissé sur les atermoiements d'un commissariat toulousain durant 24h - avec comme fil conducteur la disparition d'un des flics de la brigade, en fin de carrière -, Selon la Police - tout est dans le titre - et son approche férocement télévisuelle (une raideur qui le dessert finalement plus qu'autre chose) se veut comme une plongée intime dans le quotidien d'une police mal-aimée et aux membres littéralement au bord du burn-out; un état des lieux morose d'une institution si ce n'est à la derive, au moins complètement déconnectée d'une frange de la société qu'elle doit protéger et servir.
Tentant de susciter l'empathie sans une seule once de subtilité, avec sa riche galerie de personnages souffrant tous de leurs conditions de travail (mais tous solidement incarnés, de Patrick D’Assumçao à Simon Abkarian en passant par Alban Lenoir et Sofia Lesaffre) et d'une déprime furieusement communicative, la narration loupe le coche et embrasse une lourdeur assez éreintante - malgré quelques fulgurances poignantes - dans son portrait survolé d'un métier difficile et ingrat, manquant cruellement de corps dans sa réflexion sur les maux institutionnels (politique du chiffre, sexisme, radicalisation, bavures,...), ou sur les fondements mêmes d'un clivage de plus en plus affirmé de la population.
Prenant - vraiment - son temps à défaut d'aborder en profondeur et de manière incisive son sujet, Selon la Police a au moins pour lui le mérite de ne pas révolter son spectateur et de ne pas jouer la carte de la tentative de réconciliation putassière et brutale, par la force d'une glamourisation abjecte.
C'est déjà pas si mal.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Laetitia Casta, Simon Abkarian, Alban Lenoir, Sofia Lesaffre, Patrick D’Assumçao,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Policier, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h51min.
Synopsis :
Un matin, un flic de terrain usé jusqu’à la corde, que tous dans son commissariat appellent Ping-Pong, brûle sa carte de police et disparaît sans prévenir. Durant un jour et une nuit, ses collègues le cherchent, le croisent et le perdent dans Toulouse et sa banlieue. Mais chaque heure qui passe rapproche un peu plus Ping-Pong de son destin.
Critique :
Tentant de susciter sans subtilité l'empathie, #SelonLaPolice rate le coche et épouse une lourdeur assez éreintante (malgré quelques poignantes fulgurances) dans son portrait survolé d'un métier difficile, manquant bien trop de corps dans sa réflexion sur les maux institutionnels pic.twitter.com/ooOhFDBNU1
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 22, 2022
À une heure ou le buzzé Bac Nord, récupéré politiquement par tous les extrêmes - où presque - depuis cet été, pourrait bien aller gratter de manière gentiment révoltante une bonne flopée de César (le lobbying est déjà en marche depuis un bon moment), Selon la Police de Frédéric Videau arrivait à point nommé pour corriger une image férocement romantisée/américanisée des forces de l'ordre, plus propice à huiler le désamour du français moyen qu'à rétablir - par le biais de la pellicule - une certaine empathie voire une hypothétique réouverture du dialogue.
Mauvaise pioche ou presque, tant si le quatrième long-métrage du cinéaste ne se perd pas, à l'instar de celui de Cédric Jimenez, dans une heroïsation douteuse de la figure policière - volontairement corrompue - dénuée de toute distance analytique, il inscrit lui aussi sa vision dans un quotidien ciblé ou la détresse sociale n'entre jamais totalement en ligne de compte , et où l'humanité n'a finalement aucun visage autre que celui des représentants de l'ordre, aussi faillible soit-il.
Copyright Maxime Beaufey/Pyramide Distribution |
Vissé sur les atermoiements d'un commissariat toulousain durant 24h - avec comme fil conducteur la disparition d'un des flics de la brigade, en fin de carrière -, Selon la Police - tout est dans le titre - et son approche férocement télévisuelle (une raideur qui le dessert finalement plus qu'autre chose) se veut comme une plongée intime dans le quotidien d'une police mal-aimée et aux membres littéralement au bord du burn-out; un état des lieux morose d'une institution si ce n'est à la derive, au moins complètement déconnectée d'une frange de la société qu'elle doit protéger et servir.
Tentant de susciter l'empathie sans une seule once de subtilité, avec sa riche galerie de personnages souffrant tous de leurs conditions de travail (mais tous solidement incarnés, de Patrick D’Assumçao à Simon Abkarian en passant par Alban Lenoir et Sofia Lesaffre) et d'une déprime furieusement communicative, la narration loupe le coche et embrasse une lourdeur assez éreintante - malgré quelques fulgurances poignantes - dans son portrait survolé d'un métier difficile et ingrat, manquant cruellement de corps dans sa réflexion sur les maux institutionnels (politique du chiffre, sexisme, radicalisation, bavures,...), ou sur les fondements mêmes d'un clivage de plus en plus affirmé de la population.
Prenant - vraiment - son temps à défaut d'aborder en profondeur et de manière incisive son sujet, Selon la Police a au moins pour lui le mérite de ne pas révolter son spectateur et de ne pas jouer la carte de la tentative de réconciliation putassière et brutale, par la force d'une glamourisation abjecte.
C'est déjà pas si mal.
Jonathan Chevrier