[CRITIQUE] : La Nuit des Rois
Réalisateur : Philippe Lacôte
Acteurs : Bakary Koné, Steve Tientcheu, Digbeu Jean Cyrille,...
Distributeur : JHR Films
Budget : -
Genre : Drame, Fantastique.
Nationalité : Français, Canadien, Ivoirien, Sénégalais.
Durée : 1h33min.
Synopsis :
Dans la MACA d’Abidjan, l’une des prisons les plus surpeuplées d’Afrique de l’Ouest. Vieillissant et malade, Barbe Noire est un caïd de plus en plus contesté. Pour conserver son pouvoir, il renoue avec le rituel de “Roman”, qui consiste à obliger un prisonnier à raconter des histoires durant toute une nuit.
Critique :
Que le second long-métrage du réalisateur franco-ivoirien Philippe Lacôte, partage son titre avec l'une des oeuvres - plus ou moins populaires - de William Shakespeare, n'a sans doute rien d'un hasard, même si le parallèle entre la plume de la légende britannique et le récit conté au coeur de la surpeuplée prison de La Maca en Côte d'Ivoire, n'est pas forcément évident - au-delà de l'hommage totalement/clin d'oeil assumé.
Ce qui est plus perceptible en revanche, c'est qu'au coeur de cette péloche merveilleusement hybride et immersive, flanqué dans un cadre furieusement cinématographique, Lacôte démontre pleinement ses aptitudes de faiseur de rêves et d'ambiances, en brouillant constamment les pistes pour mieux dresser les contours d'un songe fantastique incroyable, où un jeune détenu, rebaptisé Roman (un prénom prémonitoire), obligé par le parrain des lieux, Barbe-Noire, va devoir jouer les conteurs de l'impossible jusqu'au bout de la nuit, pour survivre.
Vertige des mots et des sens au sein d'une " nuit des récits ", où la puissance d'un conteur revêt le costume de pacificateur des tensions et d'une violence jamais totalement apaisée entre les détenus, une sorte d'ordre passager au milieu du chaos général; la péloche instaure l'importance du rituel presque surréaliste de " la lune rouge " de cette évasion poétique et essentielle, véritable porte constamment ouverte vers l'imaginaire pour mieux quitter, ne serait-ce qu'un instant, les cloisons désenchantées d'un quotidien anxiogène.
Dans une transe onirique, entre chants, danses et cris, sacralisant le talent de pouvoir conter des histoires autant que la prise de confiance et d'audace d'un jeune homme dont la parole prend graduellement de l'ampleur; Lacôte multiplie les mises en abîmes, fait s'unir les tragédies grecques avec les contes locaux, la mythologie avec les récits bibliques, le realisme cru avec le fantastique le plus pur, et croque avec La Nuit des Rois une expérience cinématographique incroyable, une fresque carcérale lyrique à la puissance formelle foudroyante.
Une sacrée claque.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Bakary Koné, Steve Tientcheu, Digbeu Jean Cyrille,...
Distributeur : JHR Films
Budget : -
Genre : Drame, Fantastique.
Nationalité : Français, Canadien, Ivoirien, Sénégalais.
Durée : 1h33min.
Synopsis :
Dans la MACA d’Abidjan, l’une des prisons les plus surpeuplées d’Afrique de l’Ouest. Vieillissant et malade, Barbe Noire est un caïd de plus en plus contesté. Pour conserver son pouvoir, il renoue avec le rituel de “Roman”, qui consiste à obliger un prisonnier à raconter des histoires durant toute une nuit.
Critique :
Vertige des mots et des sens au sein d'une " nuit des récits " où la puissance d'un conteur revêt le costume de pacificateur des tensions, #LaNuitdesRois incarne une expérience cinématographique incroyable, une fresque carcérale lyrique à la puissance formelle foudroyante. pic.twitter.com/wORPh1Oxgw
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 9, 2021
Que le second long-métrage du réalisateur franco-ivoirien Philippe Lacôte, partage son titre avec l'une des oeuvres - plus ou moins populaires - de William Shakespeare, n'a sans doute rien d'un hasard, même si le parallèle entre la plume de la légende britannique et le récit conté au coeur de la surpeuplée prison de La Maca en Côte d'Ivoire, n'est pas forcément évident - au-delà de l'hommage totalement/clin d'oeil assumé.
Ce qui est plus perceptible en revanche, c'est qu'au coeur de cette péloche merveilleusement hybride et immersive, flanqué dans un cadre furieusement cinématographique, Lacôte démontre pleinement ses aptitudes de faiseur de rêves et d'ambiances, en brouillant constamment les pistes pour mieux dresser les contours d'un songe fantastique incroyable, où un jeune détenu, rebaptisé Roman (un prénom prémonitoire), obligé par le parrain des lieux, Barbe-Noire, va devoir jouer les conteurs de l'impossible jusqu'au bout de la nuit, pour survivre.
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Vertige des mots et des sens au sein d'une " nuit des récits ", où la puissance d'un conteur revêt le costume de pacificateur des tensions et d'une violence jamais totalement apaisée entre les détenus, une sorte d'ordre passager au milieu du chaos général; la péloche instaure l'importance du rituel presque surréaliste de " la lune rouge " de cette évasion poétique et essentielle, véritable porte constamment ouverte vers l'imaginaire pour mieux quitter, ne serait-ce qu'un instant, les cloisons désenchantées d'un quotidien anxiogène.
Dans une transe onirique, entre chants, danses et cris, sacralisant le talent de pouvoir conter des histoires autant que la prise de confiance et d'audace d'un jeune homme dont la parole prend graduellement de l'ampleur; Lacôte multiplie les mises en abîmes, fait s'unir les tragédies grecques avec les contes locaux, la mythologie avec les récits bibliques, le realisme cru avec le fantastique le plus pur, et croque avec La Nuit des Rois une expérience cinématographique incroyable, une fresque carcérale lyrique à la puissance formelle foudroyante.
Une sacrée claque.
Jonathan Chevrier