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[LES CARNETS DE L’ÉTRANGE] : Jour 1


Étrange Festival cuvée 2021 : J-1.

 

Le rendez-vous de la rentrée pour les cinéphiles parisiens est, comme chaque année, l’Étrange Festival et son lot de curiosités venues des quatre coins du monde. Né en 1993, l’évènement prend place, cette année et comme d’habitude, au Forum des images, dans le centre de la capitale. C’est un immanquable pour tous les passionnés d’horreurs, de genre, de bizarre, de tout ce qui sort des écrans conventionnels et qu’on ne verrait pas ailleurs. Cette année, le festival propose sa traditionnelle compétition, sa sélection Mondovision, ses découvertes de nouveaux talents et ses trouvailles de documentaires mais aussi des cartes et focus. La réalisatrice Lynne Ramsay a ainsi amené quelques œuvres avec elle, tout comme Pierre Bordage. On retrouve, enfin, des projections des films de Atsushi Yamatoya, un focus Fred Halsted et trois films de Yûzô Kawashima.

C’est un programme fort alléchant auquel on est ravi d’assister. Nos rédacteurs se font un plaisir de découvrir, pour vous, ces inédits ou ces rétrospectives.

L’Étrange Festival s’est ouvert mercredi 8 septembre, avec Barbaque. Cette comédie française de Fabrice Eboué met en scène un couple de boucher dont le commerce et la relation périclite, lorsqu’une violente attaque de vegans a lieu dans leur boutique. La vengeance sera rapide et utile pour relancer les ventes de bonne viande bien saignante. Léa, notre rédactrice vegan havraise (là où le film a été tourné) était dans la salle. Elle explique que Fabrice Eboué s’attaque à un sujet de société brûlant : le véganisme, luttant pour la planète et les animaux, contre les carnistes, luttant pour les traditions françaises et la liberté de consommer – autant dire que c’est un film à débat.

Elle développe en quelques mots : « dès le début cependant, le film part loin du réalisme pour aller dans le burlesque, l’humour trash et les exagérations de tous les instants. Tout le monde en prend pour son grade avec des blagues de plus ou moins (surtout moins) bon goût. Si le film n’a aucune finesse ni grande originalité de scénario, il compense en dépiction drôle d’un certain type de militantisme, de l’impossibilité des débats, et de critique de la boucherie industrielle tuant les petits commerces. Marina Fois est parfaite en femme délaissée, mais aussi manipulatrice et sociopathe. ». Elle conclue : « on n’est clairement pas devant un chef d'œuvre, tout relève de la caricature, mais ça fait quand même du bien de rire de soi-même ».

© Cécile-Mella - 24-25 Films - Apollo Films - Orange Studio - France 3 Cinéma

La découverte de Barbaque a été précédée de la projection du court-métrage Les Grandes vacances de Vincent Patar et Stéphane Aubier. Vous connaissez peut-être Panique au village, l’irrésistible dessin animé belge qui met en scène les aventures de Cowboy et Indien – ce sont les personnages que l’on retrouve dans cette œuvre de 26 minutes. Léa a été conquise, elle le décrit comme une folle leçon de drôlerie, d’animation parfaite et d’inventivité. Elle souligne que « les idées fusent comme les personnages après une course effrénée, les pièces s'agrandissent ou deviennent minuscules, Cowboy et Indien nous entraînent dans leur projet de vacances trépidantes. Les doublages sont tout aussi amusants que le stop-motion, tout fonctionne, tout détonne. C’est fun, c’est pop. » et elle en redemande. 

Si Barbaque sera rediffusé vendredi 17 septembre à 21h45, c'était une projection unique pour Les Grandes vacances.

© Autour de minuit - Panique - Beast Animation - Nadasdy Film

En parallèle de l’ouverture, le festival projetait le Ulbolsyn du kazakh Adilkhan Yerzhanov, ou l’histoire d’une jeune femme venue de la ville, désirant sauver sa petite sœur d’un mariage arrangé. Elle doit se débrouiller seule face à une police complètement passive et corrompue (drôle malgré elle). C’est déjà un coup de cœur pour Manon, qui a boudé l’ouverture pour découvrir ce long-métrage de seulement 1h11 inédit en France. Elle explique avoir retrouvé avec plaisir le ton tragi-comique propre à Yerzhanov, qui utilise l’humour et l’absurde pour faire état d’une situation grave, à savoir la condition des femmes dans les zones rurales du Kazakhstan. Le film sera rediffusé, si vous souhaitez le rattraper ou découvrir un auteur original, samedi 18 septembre à 19h15. Manon vous encourage fortement à faire le déplacement et remercie le festival pour son attachement au réalisateur, si singulier et toujours intéressant. 

© D.R.

Présenté comme étant « la seconde ouverture du festival », le long-métrage taïwanais The Sadness a ensuite créé le choc parmi les spectateurs non-avertis. Un étrange virus transforme les gens en créatures ultra-violentes, avides de sexe et de sang. Rob Jabbaz, le réalisateur venu présenter son film, a eu le temps d’expliquer que son producteur et lui avaient été influencés par le Covid-19 et souhaitaient surfer sur l’actualité pour proposer une œuvre qui auraient dû avoir un succès dans les salles de son pays… Ce qui n’a finalement pas marché. Manon exprime une certaine surprise, face à un cinéma pour le moins extrême, avec des scènes de viols et tortures bien plus violentes que ce que les productions françaises ou américaines ont l’habitude de nous offrir. Elle souligne l’exutoire formé par le film, d’une franchise qui s’assume jusqu’au bout, utilisant allégrement et sans complexe la notion de pulsion, la rage de survie, faisant fi de la morale et des bonnes actions, avec un mépris évident pour le régime chinois. Ce n’est probablement pas l’œuvre du festival la plus fine ou la plus intellectuelle mais c’est un moment que l’on pourrait décrire comme agréable, si ce n’était pas un mot trop… Doux pour décrire 99 minutes de violences graphiques et psychologiques ?

Copyright Machi Xcelsior Studios

Notre cher rédacteur en chef Jonathan était aussi dans la salle, pour ce qu’il décrit comme une expérience aussi rebutante que débridée et profondément nihiliste : « le film joue sur les limites du spectateur tout en n'en ayant aucune ». Il en a tiré une critique plus complète de son expérience, que vous pouvez retrouver par ici. Si vous souhaitez en savoir plus sur The Sadness, sachez que sa bande annonce est disponible et que les quelques images que vous pourrez trouver sur Google vous offrirons déjà un aperçu de ce que nous avons pu voir. Les amateurs du genre pourront retrouver le film mercredi 15 septembre à 21h15, toujours au Forum des images (Paris). 

C’est sur cette armée de zombies violeurs et amateurs de tripes humaines que s’est terminée la première soirée de l’Etrange… Nos rédacteurs sont partis se coucher et on leur souhaite plein de beaux rêves…


La Fucking Team (Manon Franken)


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