[CRITIQUE] : Secret de famille
Réalisatrice : Cristiane Oliveira
Acteurs : Letícia Kacperski, Isabela Bressane, Joana Vieira, Lisa Gertum Becker, ...
Distributeur : Epicentre Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Brésilien, Français
Durée : 1h31min
Synopsis :
Joana, 13 ans, a besoin de percer un mystère. Pourquoi sa grande tante Rosa est-elle décédée vierge ? Aidée par son amie Carolina, elle part en quête de réponses qui la mèneront à vivre son premier amour hors des conventions et à découvrir sa véritable identité.
Critique :
Dans Secret de famille, le deuxième long métrage de Cristiane Oliveira, la réalisatrice brésilienne interroge le désir et l’éducation des jeunes filles. Elle y filme un Brésil en pleine mutation en situant le récit en 2007. Le paysage des lagunes, dans le sud du pays, subit alors l’installation de parcs éoliens. Son héroïne principale, Joana, a treize ans et vit son premier deuil, avec la mort de sa grande-tante adorée, comme l’indique le titre d’origine A primeira morte de Joana. Mais cette mort sera source de vie pour la jeune fille, qui va alors se questionner et commencer à comprendre le changement qui survient au moment de l’adolescence.
Joana est un personnage taiseux, dans l’introspection. Elle fait presque corps avec le paysage des lagunes, avec la transformation du Brésil, à un passage de la vie qui est semblable également à une transformation dans les yeux de l’autre, passant de petite fille à femme. C’est au bord de l’eau qu’elle vient pleurer la mort de Rosa, dans la forêt qu’elle vient chercher refuge. Joana est obsédée par les éoliennes autant que par la supposée virginité de sa grande-tante, mais n’ose jamais s’approcher d’elles. Elle les observe de loin, fascinée par leur grandeur, par leur mouvement, sans trop s’inquiéter des conséquences de leur installation sur ses terres, sur les animaux. Parce qu’elle grandit, elle subit l’éducation stricte de sa mère pour devenir une “fille comme il faut”, tandis que ses camarades de classe masculins sont priés de laisser parler leur violence comme il leur plaît. Et quand des rumeurs sur Carolina se répand au collège (elle aurait embrasser une fille pendant les vacances), Joana est priée de ne plus fréquenter son amie, parce que la rumeur pourrait glisser également sur elle. Elle a perdu la seule personne qui aurait pu l’encourager à se questionner sur sa sexualité. Empêtrée dans cette éducation religieuse, l'héroïne a du mal à comprendre ses sentiments.
Secret de famille est obscur, à l’image du récit qui tourne autour du deuil, de la violence d’une éducation genrée stricte, forçant une certaine norme “naturelle” sur les hommes et les femmes, alors qu’il n’en est rien. La mise en scène se forme sur les silences, les non-dits, les interrogations, ce qui en fait un film difficile à aborder de prime abord. S’ajoute à cela la culture brésilienne, qui vient se greffer à la mise en scène, et apporte une symbolique forte, le long métrage mettra sûrement quelques spectateurs‧trices sur le côté. Secret de famille est un film sur le heurt. Celui lié à l’adolescence, à la perte, à la découverte du désir. Des émotions contradictoires, violentes, qui se heurtent aux systèmes familiaux et/ ou sociaux fermés. Tout l’enjeu réside alors dans le fait de trouver le courage pour affirmer qui l’on est.
Acteurs : Letícia Kacperski, Isabela Bressane, Joana Vieira, Lisa Gertum Becker, ...
Distributeur : Epicentre Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Brésilien, Français
Durée : 1h31min
Synopsis :
Joana, 13 ans, a besoin de percer un mystère. Pourquoi sa grande tante Rosa est-elle décédée vierge ? Aidée par son amie Carolina, elle part en quête de réponses qui la mèneront à vivre son premier amour hors des conventions et à découvrir sa véritable identité.
Critique :
#SecretdeFamille est un film sur le heurt. Celui lié à l’adolescence, à la perte/découverte du désir. Des émotions contradictoires, violentes, qui se heurtent aux systèmes familiaux et/ou sociaux fermés et implique le courage de devoir s'affirmer tel que l’on est (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/qjyuRp6beQ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 2, 2021
Dans Secret de famille, le deuxième long métrage de Cristiane Oliveira, la réalisatrice brésilienne interroge le désir et l’éducation des jeunes filles. Elle y filme un Brésil en pleine mutation en situant le récit en 2007. Le paysage des lagunes, dans le sud du pays, subit alors l’installation de parcs éoliens. Son héroïne principale, Joana, a treize ans et vit son premier deuil, avec la mort de sa grande-tante adorée, comme l’indique le titre d’origine A primeira morte de Joana. Mais cette mort sera source de vie pour la jeune fille, qui va alors se questionner et commencer à comprendre le changement qui survient au moment de l’adolescence.
Le secret du titre français se forme autour d’une question qui turlupine beaucoup Joana à propos de sa grande-tante : est-elle morte vierge ? Rosa est restée célibataire toute sa vie. Jamais mariée, jamais de petits-amis connus de sa famille. Était-ce par choix ? Et si c’était le cas, quelle en serait la cause ? Joana retranscrit son chagrin par cette obsession, qu’elle partage avec son amie Carolina. La question parcourt le film, Rosa hante le récit et couve sa petite-nièce de son aura bienveillante. Car sa grande-tante était importante pour la jeune fille, un point d’ancrage dans cette famille disparate. Ses parents sont divorcés. Sa mère et sa grand-mère sont pâtissières et très prisées. Nous comprenons vite que Rosa était le centre de l’univers de Joana, son modèle. La perte est donc immense. Elle perd un soutien, une confidente au pire moment qui soit : l’adolescence.
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Joana est un personnage taiseux, dans l’introspection. Elle fait presque corps avec le paysage des lagunes, avec la transformation du Brésil, à un passage de la vie qui est semblable également à une transformation dans les yeux de l’autre, passant de petite fille à femme. C’est au bord de l’eau qu’elle vient pleurer la mort de Rosa, dans la forêt qu’elle vient chercher refuge. Joana est obsédée par les éoliennes autant que par la supposée virginité de sa grande-tante, mais n’ose jamais s’approcher d’elles. Elle les observe de loin, fascinée par leur grandeur, par leur mouvement, sans trop s’inquiéter des conséquences de leur installation sur ses terres, sur les animaux. Parce qu’elle grandit, elle subit l’éducation stricte de sa mère pour devenir une “fille comme il faut”, tandis que ses camarades de classe masculins sont priés de laisser parler leur violence comme il leur plaît. Et quand des rumeurs sur Carolina se répand au collège (elle aurait embrasser une fille pendant les vacances), Joana est priée de ne plus fréquenter son amie, parce que la rumeur pourrait glisser également sur elle. Elle a perdu la seule personne qui aurait pu l’encourager à se questionner sur sa sexualité. Empêtrée dans cette éducation religieuse, l'héroïne a du mal à comprendre ses sentiments.
Laura Enjolvy