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[CRITIQUE] : Pour l’éternité


Réalisateur : Roy Andersson
Acteurs : Jessica Lothander, Martin Serner, Tatiana Delaunay,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Drame, Comédie, Fantastique.
Nationalité : Suédois, Allemand, Norvégien.
Durée : 1h16min.

Synopsis :
Pour l'éternité nous entraîne dans une errance onirique, dans laquelle des petits moments sans conséquence prennent la même importance que les événements historiques : on y rencontre un dentiste, un père et sa fille sous la pluie, un homme dans un bus, un couple dans un café, des jeunes qui dansent, Hitler ou encore l’armée de Sibérie… Une réflexion sous forme de kaléidoscope sur la vie humaine dans toute sa beauté et sa cruauté, sa splendeur et sa banalité.



Critique :


Il y a quelque chose d'assez fou - et surtout injuste - dans l'idée de se dire que le poète/philosophe pessimiste et atypique Roy Andersson, est proportionnellement aussi talentueux qu'inconnu du grand public et du spectateur lambda, là où il a tout, pourtant, pour être reconnu comme l'un des plus grands faiseurs de sa génération.
Pourtant, cruelle réalité, le bonhomme ne fait pas vraiment grande presse et encore moins dans l'hexagone, ou sa dernière péloche en date, Pour l'éternité, est un brin dégueulée à l'aveugle dans des salles obscures hexagonales déjà passablement désertées.
Vraie ouverture à son cinéma, cette nouvelle expérience vertigineuse et métaphysique est une sorte de tableau morcelé ou chaque scène/vignette, quel que soit son sujet ou sa petite histoire, se réfugie dans un style tragi-comique austère et poussiéreux sondant ou réfléchissant sur l'absurdité de l'existence humaine.

 Copyright Neue Visionen Filmverleih

Aussi sombre que les précédents efforts du cinéaste, même si parsemé cette fois de vrais éclairs de légèreté et de romantisme (voire même d'instants de joie spontanée et insouciante, comme cette séquence ou dans un restaurant, trois jeunes femmes dansent sous les flots 60's d'un air jazzy, ou d'un père tentant de lasser la chaussure de sa fille tout en se débattant avec son parapluie, sous une véritable averse), Pour l'éternité peut même intimement se voir comme l'épilogue de sa trilogie vivante.
Songs from the Second Floor scruttait comment la vie contemporaine encourageait l'apathie communautaire, là ou You, the Living suivait divers personnages luttant pour trouver leur bonheur personnel, alors que A Pigeon Sat on a Branch Reflecting on Existence démontrait comment le passé et son ombre imposante impactait notre présent; ce quatrième long-métrage lui, montre tous les strates de la solitude du monde actuel.
Avec sa jolie galerie de vignettes décalées et déconnectées entre elles, Andersson s'échine à représenter dans sa nouvelle pièce comique et baroque, la vie dans toute son ensemble, ces petits instants supposément insignifiants qui donne à l'existence tout son sens, parfois incompréhensible mais aussi teinté d'espoir.
Car sous cette couche existentielle déprimante et poétique à la fois, qu'il capture à coups de longs plans- séquences et de cadres fixes, se cache la beauté de la vie dans son apparence la plus pure, pour peut - évidemment - qu'on veuille la voir...


Jonathan Chevrier