[CRITIQUE] : Kaamelott - Premier Volet
Réalisateur : Alexandre Astier
Acteurs : Alexandre Astier, Lionnel Astier, Franck Pitiot, Jean-Christophe Hembert, Joëlle Sevilla, Jacques Chambon, Thomas Cousseau,....
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Comédie, Aventure, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 2h00min.
Synopsis :
Le tyrannique Lancelot-du-Lac et ses mercenaires saxons font régner la terreur sur le royaume de Logres. Les Dieux, insultés par cette cruelle dictature, provoquent le retour d'Arthur Pendragon et l'avènement de la résistance. Arthur parviendra-t-il à fédérer les clans rebelles, renverser son rival, reprendre Kaamelott et restaurer la paix sur l'île de Bretagne ?
Critique :
Qu'on se le dise, la suite sur grand écran - annoncée depuis toujours comme une trilogie -, de la (quasi) sacro sainte Kaamelott cristallisait tellement d'attentes auprès des fans - nous les premiers -, qu'il était presque impossible pour le pourtant talentueux Alexandre Astier, d'y répondre et ce, même avec la meilleure volonté du monde d'un faiseur de rêves voulant rendre le plus parfait possible, l'ultime virage de la création d'une vie.
Évitant l'écueil de la jurisprudence " Caméra Café " avant même d'atteindre les salles obscures (le Livre VI démontrait déjà ses capacités à tenir la distance sur grand écran) tout en étant le fruit d'une détermination sans faille de son auteur (qui aura attendu le temps pour faire le moins de concession possible), Kaamelott - Premier Volet, qui aurait très bien pu s'intituler " Le Retour du Roi " dans un monde cinématographique sans Terre du milieu (mais quel triste monde cela aurait été cela dit), se veut comme une aventure de ré-introduction (très) accessible à l'univers du show, ne laissant de côté ni les aficionados, ni les néophytes - même s'il ne faut pas trop l'être non plus.
À mi-chemin entre Star Wars (au-delà des clins d'oeil évidents, dans son ton autant que sa structure scindée en trois films) et les Monty Python dans son humour absurde (un risque volontaire, qui assume de ne pas marcher à tous les coups... comme dans la série), convoquant l'aura d'une heroic fantasy imposante perdu au coeur des 80s (il n'y a jamais vraiment eu d'héritier à Excalibur et Conan le Barbare, et Astier tout comme David Lowery avec son The Green Knight, appellent sensiblement cette parenté), cette première partie est à l'image de la série dans son ensemble : ambitieuse, généreuse gentiment divertissante dans sa manière de convoquer une pluie de références familières, tout en les digérant (très) souvent avec intelligence.
On pourrait même se dire que sa transposition est amplement réussi dans une première moitié avec son retour sur l’île de Bretagne, ou le roi déchu, que nous avions quitté errant et pas très en forme à Rome, n'est toujours pas résolu à revenir aux affaires et botter le popotin de Lancelot (la ressemblance avec un Luke Skywalker de l'Épisode VIII est, une nouvelle fois, loin d'être anodine).
Les personnages sont presque comme nous les avions quitté, les nouveaux s'intègrent à la perfection et la photographie somptueuse de Blanca Li, alliée à une bande originale John William-esque fait sur-mesure par Astier himself, maintiennent suffisamment l'illusion avant que l'édifice ne laisse transparaître ses fissures au fond évidente.
Car sous ses faux airs d'épopée épique et grandiose (pas si éloigné des codes du western) aux scènes d'action expéditives, le film croule clairement sous son héritage télévisuel beaucoup trop imposant, de sa mise en scène manquant cruellement d'ampleur et de vie à son équilibre précaire entre la légèreté comique des débuts (des pastilles à punchlines ou l'humour absurde fait toujours autant mouche) et la gravité dramatique des dernières saisons (sans doute les plus réussites, ou Astier s'appropriait pleinement le mythe Arthur pour le façonner à son image).
Mais là où le bât blesse le plus, c'est que l'écriture si ciselée d'Astier perd de sa splendeur notamment dans un dernier tiers ou les ellipses se font légion, troquant l'esprit tranquille de sa mise en place lente et prenante des deux premiers tiers (après tout, c'est le premier opus d'une trilogie, c'est justement essentiel de prendre son temps pour installer ses enjeux) pour une narration à trous cruellement frustrante, laissant la sale impression d'un retour à la case départ même après deux bonnes heures bavardes.
Si certains personnages pâtissent de cet écueil (certains pourraient même targuer que personne n'a réellement évolué... sauf Arthur et Guenièvre, férocement reléguée au second plan), c'est surtout l'intention même du métrage qui devient brouillonne (ne plus jouer sur un humour anti-épique pour contextualiser son action tout en... continuant à souvent jouer sur un humour anti-épique) et au rythme décousu, plombé par des allers-retours tonales et narratifs pas toujours heureux ni maîtrisés (pourquoi tant d'ellipses et de flashbacks ?), au point que jamais l'enthousiasme réel qu'il procure, ne parvienne à redresser la barre.
Reste alors un vrai sentiment de frustration (et " on en a gros " de dire ça), malgré la joie et la nostalgie évidente qu'il provoque à sa vision, un pur objet hybride ou la moindre des ambitions est soit tuée dans l'oeuf par des choix pas toujours heureux (ce souci de contextualiser ce qui, manque de moyen oblige, était hors champ dans la série, se retourne souvent contre lui), ou une volonté - louable il est vrai - de dégainer de nombreux clins d'oeil aux fans (au point d'être parfois plus hermétique qu'il ne le voudrait).
Vivement la suite donc, pour voir si tout n'est l'erreur que d'une introduction expéditive, ou si l'addage " c'était mieux avant ", trouvera une nouvelle corde à son arc...
Jonathan Chevrier
Acteurs : Alexandre Astier, Lionnel Astier, Franck Pitiot, Jean-Christophe Hembert, Joëlle Sevilla, Jacques Chambon, Thomas Cousseau,....
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Comédie, Aventure, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 2h00min.
Synopsis :
Le tyrannique Lancelot-du-Lac et ses mercenaires saxons font régner la terreur sur le royaume de Logres. Les Dieux, insultés par cette cruelle dictature, provoquent le retour d'Arthur Pendragon et l'avènement de la résistance. Arthur parviendra-t-il à fédérer les clans rebelles, renverser son rival, reprendre Kaamelott et restaurer la paix sur l'île de Bretagne ?
Critique :
#KaamelottPremierVolet a beau convoquer l'aura d'une heroic fantasy imposante perdu au coeur des 80s, il laisse néanmoins un vrai sentiment de frustration, malgré la joie et la nostalgie évidente qu'il provoque à sa vision. Un objet hybride trop écrasé par son héritage télévisuel pic.twitter.com/tLkgJu0ypK
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 20, 2021
Qu'on se le dise, la suite sur grand écran - annoncée depuis toujours comme une trilogie -, de la (quasi) sacro sainte Kaamelott cristallisait tellement d'attentes auprès des fans - nous les premiers -, qu'il était presque impossible pour le pourtant talentueux Alexandre Astier, d'y répondre et ce, même avec la meilleure volonté du monde d'un faiseur de rêves voulant rendre le plus parfait possible, l'ultime virage de la création d'une vie.
Évitant l'écueil de la jurisprudence " Caméra Café " avant même d'atteindre les salles obscures (le Livre VI démontrait déjà ses capacités à tenir la distance sur grand écran) tout en étant le fruit d'une détermination sans faille de son auteur (qui aura attendu le temps pour faire le moins de concession possible), Kaamelott - Premier Volet, qui aurait très bien pu s'intituler " Le Retour du Roi " dans un monde cinématographique sans Terre du milieu (mais quel triste monde cela aurait été cela dit), se veut comme une aventure de ré-introduction (très) accessible à l'univers du show, ne laissant de côté ni les aficionados, ni les néophytes - même s'il ne faut pas trop l'être non plus.
Copyright SND |
À mi-chemin entre Star Wars (au-delà des clins d'oeil évidents, dans son ton autant que sa structure scindée en trois films) et les Monty Python dans son humour absurde (un risque volontaire, qui assume de ne pas marcher à tous les coups... comme dans la série), convoquant l'aura d'une heroic fantasy imposante perdu au coeur des 80s (il n'y a jamais vraiment eu d'héritier à Excalibur et Conan le Barbare, et Astier tout comme David Lowery avec son The Green Knight, appellent sensiblement cette parenté), cette première partie est à l'image de la série dans son ensemble : ambitieuse, généreuse gentiment divertissante dans sa manière de convoquer une pluie de références familières, tout en les digérant (très) souvent avec intelligence.
On pourrait même se dire que sa transposition est amplement réussi dans une première moitié avec son retour sur l’île de Bretagne, ou le roi déchu, que nous avions quitté errant et pas très en forme à Rome, n'est toujours pas résolu à revenir aux affaires et botter le popotin de Lancelot (la ressemblance avec un Luke Skywalker de l'Épisode VIII est, une nouvelle fois, loin d'être anodine).
Les personnages sont presque comme nous les avions quitté, les nouveaux s'intègrent à la perfection et la photographie somptueuse de Blanca Li, alliée à une bande originale John William-esque fait sur-mesure par Astier himself, maintiennent suffisamment l'illusion avant que l'édifice ne laisse transparaître ses fissures au fond évidente.
Copyright SND |
Car sous ses faux airs d'épopée épique et grandiose (pas si éloigné des codes du western) aux scènes d'action expéditives, le film croule clairement sous son héritage télévisuel beaucoup trop imposant, de sa mise en scène manquant cruellement d'ampleur et de vie à son équilibre précaire entre la légèreté comique des débuts (des pastilles à punchlines ou l'humour absurde fait toujours autant mouche) et la gravité dramatique des dernières saisons (sans doute les plus réussites, ou Astier s'appropriait pleinement le mythe Arthur pour le façonner à son image).
Mais là où le bât blesse le plus, c'est que l'écriture si ciselée d'Astier perd de sa splendeur notamment dans un dernier tiers ou les ellipses se font légion, troquant l'esprit tranquille de sa mise en place lente et prenante des deux premiers tiers (après tout, c'est le premier opus d'une trilogie, c'est justement essentiel de prendre son temps pour installer ses enjeux) pour une narration à trous cruellement frustrante, laissant la sale impression d'un retour à la case départ même après deux bonnes heures bavardes.
Si certains personnages pâtissent de cet écueil (certains pourraient même targuer que personne n'a réellement évolué... sauf Arthur et Guenièvre, férocement reléguée au second plan), c'est surtout l'intention même du métrage qui devient brouillonne (ne plus jouer sur un humour anti-épique pour contextualiser son action tout en... continuant à souvent jouer sur un humour anti-épique) et au rythme décousu, plombé par des allers-retours tonales et narratifs pas toujours heureux ni maîtrisés (pourquoi tant d'ellipses et de flashbacks ?), au point que jamais l'enthousiasme réel qu'il procure, ne parvienne à redresser la barre.
Copyright SND |
Reste alors un vrai sentiment de frustration (et " on en a gros " de dire ça), malgré la joie et la nostalgie évidente qu'il provoque à sa vision, un pur objet hybride ou la moindre des ambitions est soit tuée dans l'oeuf par des choix pas toujours heureux (ce souci de contextualiser ce qui, manque de moyen oblige, était hors champ dans la série, se retourne souvent contre lui), ou une volonté - louable il est vrai - de dégainer de nombreux clins d'oeil aux fans (au point d'être parfois plus hermétique qu'il ne le voudrait).
Vivement la suite donc, pour voir si tout n'est l'erreur que d'une introduction expéditive, ou si l'addage " c'était mieux avant ", trouvera une nouvelle corde à son arc...
Jonathan Chevrier