[CRITIQUE] : Nobody
Acteurs : Bob Odenkirk, Aleksey Serebryakov, Connie Nielsen, Christopher Lloyd, RZA,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h32min.
Synopsis :
Les gens les plus insignifiants sont parfois les plus dangereux.
Hutch Mansell, un père et un mari frustré, totalement déconsidéré par sa famille, se contente d’encaisser les coups, sans jamais les rendre. Il n’est rien. Une nuit, alors que deux cambrioleurs pénètrent chez lui, il fait le choix de ne pas intervenir, plutôt que de risquer une escalade sanglante. Une décision qui le discrédite définitivement aux yeux de son fils Blake, et qui semble l’éloigner encore plus de sa femme Becca. Cet incident réveille chez cet homme blessé des instincts larvés qui vont le propulser sur une voie violente, révélant des zones d’ombres et des compétences létales insoupçonnées. Dans une avalanche de coups de poings, de fusillades et de crissements de pneus, il va tout faire pour tirer sa famille des griffes d’un redoutable ennemi et s’assurer que, plus jamais, personne ne le prenne pour un moins que rien.
Critique :
Embrassant furieusement son manque de logique et la fragilité évidente de son récit, avec un amour sincère pour la castagne et les figures savoureusement caricaturales et badass, #Nobody, sous une B.O. matinée de soul et de métal, est un pur actionner jouissif, ironique et brutal pic.twitter.com/WEpemKmSSX
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 2, 2021
Avec toute bonne série B burnée qui se respecte, tout n'est qu'une question d'envie, que ce soit celle de son auteur à vouloir offrir quelque chose d'exaltant à se mettre sous la dent pour son auditoire - entre deux morceaux de pizza -, que la propension de ce dernier à se laisser aller sans réserve.
Et tout se dessine souvent dès le premier quart d'heure, voire chez certaines bandes incroyablement motivés (coucou les 80's), dès l'introduction, et force est d'avouer que celle du très bon Nobody d'Ilya Naishuller, sait mettre dans l'ambiance : un Bob " Saul Goodman Forever " Odenkirk assis dans une salle d'interrogatoire, la gueule burinée et aussi ensanglantée que ses affaires, fumant une clope tout en sortant de sa veste une boîte de thon, un ouvre-boîte et un mignon chaton gris.
Si un inspecteur incrédule lui dégaine un " t'es qui putain ? ", l'amoureux de bandes testosteronées lui, à déjà la bonne réponse depuis quelques secondes : un ami de la famille.
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Enlassé entre Chute Libre et John Wick, avec son héros lassé de cacher ce qu'il est réellement et qui se réclame par la force de sa volonté, un remède au poison invivable qu'est le crime - comme Marion Cobretti, la nuance en plus -, Nobody et son irrévérence so shoot'em-up, est un actionner savoureusement brutal qui se réclame plus comme une comédie noire parodique qu'une vraie satire du genre... tant mieux.
Itinéraire d'un père de famille ordinaire (Odenkirk, iconique à mort et surtout, un action man totalement crédible) dont l'attaque de la maison familial (et surtout, ironiquement, la perte du bracelet chouchou de sa petite tête blond), agira comme un véritable catalyseur pour qu'il libère le geyser de rage mijotant caché à l'intérieur de ses tripes (sous ses faux airs de quadragénaire discret, existe en réalité une machine à tuer classifiée par le gouvernement ricain), laissant alors l'assassin endormi qui est en lui secouer son marasme en se lançant dans une quête vengeresse aux grosses allures de crise de la quarantaine qui aime se repaître du danger; le film est un bonheur de comédie d'action/noire très masculine (tant les personnages féminins sont tous plus ou moins sacrifiés) dont la soif épique de brutalité accouche d'une symphonie de sauvagerie et de violence burlesques jouissive à la lisibilité éclatante, constamment appuyée par un montage fluide du tandem William Yeh/Evan Schiff (qui convoque la solidité du travail d'Elísabet Ronaldsdóttir sur John Wick).
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Totalement dénué d'émotion un tant soit peu profonde (un supplément d'âme n'aurait pas été du luxe mais tant qu'on en prend plein la poire hein), mais embrassant furieusement son manque de logique et la fragilité évidente de son récit (pas besoin d'un script fouillé ici, on le sait) avec un amour sincère pour la castagne et les figures savoureusement caricaturales (voir un vénéré Christopher Lloyd so badass à 82 balais, ça vaut à lui seul son pesant de pop-corn), qui ne se sentent entières que lorsqu'elles en découdent avec leur prochain (dans des bastons joliment chorégraphiées et lisibles); Nobody, sous une B.O. matinée de soul et de métal, est de ces B movies pulp, vif et sèchement fun convoquant une époque où ces divertissements dit " jetables " - mais géniaux - squattaient les vidéoclubs.
Et ces efforts-là feront toujours notre bonheur...
Jonathan Chevrier