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[CRITIQUE] : Luca


Réalisateur : Enrico Casarosa
Acteurs : avec les voix de Aloïs Le Labourier Tiêu, Matt Mouredon, Juliette Davis,...
Distributeur : Disney Plus France
Budget : -
Genre : Animation, Famille.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h36min

Synopsis :
Dans une très jolie petite ville côtière de la Riviera italienne, un jeune garçon, Luca, vit un été inoubliable, ponctué de délicieux gelato, de savoureuses pasta et de longues balades en scooter. Il partage ses aventures avec son nouveau meilleur ami, mais ce bonheur est menacé par un secret bien gardé : tous deux sont en réalité des monstres marins venus d’un autre monde, situé juste au-dessous de la surface de l’eau…



Critique :


De temps en temps, Pixar change un brin de fusil d'épaule et vise aussi pleinement qu'assurément son public cible : les enfants.
Non pas que tout le catalogue de la firme à la lampe ne soit pas déjà totalement tourné vers les plus petits dès sa racine, juste que parfois, entre deux opus à la psychologie et aux thématiques résolument plus poussées que la moyenne, le studio ralenti son rythme et propose une aventure aussi charmante qu'oubliable, comme des évasions admirablement simple ayant beaucoup de cœur.
Luca d'Enrico Casarosa est clairement de cette trempe, entre la pièce d'époque douce et ouvertement " Miyazakienne " et le récit d'aventure imbibé de l'aura de La Petite Sirène (voir Splash-ienne, puisque comme Darryl Hannah dans Splash, la vraie nature des garçons est révélée chaque fois qu'ils sont mouillés, soit un danger omniprésent dans une cité côtière), qui se débat sous le lourd poids du cahier des charges de la formule Disney/Pixar, pour mieux incarner une expérience certes mineure, mais joliment unique en son genre.

Copyright Walt Disney Company

Miyazakienne, car les prémisses de son intrigue (des jeunes monstres marins vivant juste au large de la côte prenant forme humaine et s'aventurant dans le monde humain pour un été de découvertes et d'aventures), rappelle instinctivement le magique Ponyo sur la Falaise - lui-même sur la même longueur d'ondes que La Petite Sirène -, là où son cadre, une petite ville du milieu du XXe siècle sur la Riviera italienne, n'est pas si éloignée de celle de Porco Rosso (jusque dans son nom, Portorosso, même si l'esthétique convoquait pleinement le travail du maître japonais.
À ceci près que si l'aventure avait été signée par le papa du Voyage de Chihiro, les humains n'auraient pas été choqués par l'existence des monstres et, surtout, le personnage central aurait sans doute été la petite fille qu'il rencontre sur leur chemin, Giulia, une tendance que Pixar à toujours eu un peu de mal à assumer.
Mais avec son tandem rappelant la gimmick des deux frères elfes d'En Avant, Luca arpente donc le terrain sinueux de l'inclusivité et de l'intolérance cruelle, ou une étroitesse d'esprit aux lois irrationnelles, se fait vaincre par la force d'une rébellion juvénile salutaire menant finalement à l'illumination parentale et sociale.
Pas totalement une ode à la découverte et à l'amusement (en danger constamment, on ne peut pas dire que Luca et Alberto s'éclatent comme l'affiche le promet), mais plus que louable dans les symboles qu'il convoque (sa métaphore envers les communautés marginalisées - les immigrants comme la communauté LGBT + -, via le fait de devoir errer anonymement parmi nous par peur de la haine et de la persécution; ou même sa métaphore de la liberté incarné par une vespa, symbole réel de la Dolce Vita), même si sa détermination à devoir toujours signifier quelque chose, lui faire perdre l'essentiel : explorer l'univers délicieusement coloré qu'il expose, et sa riche complexité (comme son univers marin, étrangement plus paroissial qu'une cité italienne au catholicisme évident).

Copyright Walt Disney Company

Manquant cruellement de profondeur dans son récit et ses personnages, même si heureusement dénué de toute lourdeur pré-pubère (aucune relation autre qu'amicale, et chaque adolescent vers son propre intérêt autre que celui d'une potentielle pulsion amoureuse), dans son exploration de l'amitié juvénile à la justesse étonnante pour un coming of age animé (notamment dans l'évolution des différents rapports de force); Luca, malgré ses faiblesses évidentes et son désir de proposer un divertissement pleinement conscient (au détriment de sa dimension plus ludique), n'en reste pas moins une invitation au voyage légère, une jolie ode à la différence et à la découverte emballée autant avec des chansons pop italiennes groovy qu'un cadre aussi agréable et lumineux qu'un après-midi d'été.
C'est déjà bien comme ça.


Jonathan Chevrier