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[CRITIQUE] : La Troisième Guerre

Réalisateur : Giovanni Aloi
Avec : Anthony Bajon, Karim Leklou, Leïla Bekhti,...
Distributeur : Capricci Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min

Synopsis :
Léo vient juste de terminer ses classes à l’armée et pour sa première affectation, il écope d’une mission Sentinelle. Le voilà arpentant les rues de la capitale, sans rien à faire sinon rester à l’affût d’une éventuelle menace…




Critique :


Il y a quelque chose d'assez risible dans la manière dont la critique lambda, évidemment à l'ouest, catégorise la production annuelle du cinéma hexagonal comme quelque chose de profondément redondant et ronflant, cantonné aux comédies populaires, là où à contrario, la réalité laisse transparaître tout le contraire.
D'autant plus du côté du giron des premiers longs-métrages, ou les prises de risques sont aussi ambitieuses que plurielles.
Clairement fait de ce bois malgré quelques maladresses inhérentes aux premiers passages derrière la caméra (une voix off plombante en tête), La Troisième Guerre de Giovanni Aloi dégaine un propos qui ne peut que faire parler de lui, à une heure ou l'insécurité n'a jamais été aussi palpable dans l'hexagone, entre les attentats terroristes et le climat de violence totalement décomplexé, avec une brutalité se retrouvant dans les deux faces de la société (civile comme policière)
À la lisière du documentaire (un choix salutaire, ne serait-ce que pour en accentuer son sentiment de réalisme), le film s'immisce dans l'intimité de trois soldats en pleine mission Sentinelle, appelés à sécuriser une grosse manifestation antigouvernementale massive, ou toute la pression et la fureur impuissante sociale qui se sont accumulées au fil des semaines, sont désormais sur le point d'exploser.

Copyright Capricci Films

Montrant autant l'impuissance et le vide absolu du non-interventionisme (et même du patriotisme français) que l'absurdité palpable d'un affrontement face à un ennemi invisible - là où les incivilités sont nombreuses et bien réelles -, vrai regard existentiel sur la paranoïa d'hommes et de femmes livrés à eux-mêmes; le métrage se veut autant comme un regard accru sur l'aliénation et l'endoctrinement du soldat (ou d'un représentant des forces de l'état) dans la société bouillonnante actuelle, qu'une sorte d'électrochoc décortiquant le basculement psychologique et la perte totale du contrôle d'une situation, d'individus censés gérer l'ingérable (ils voient le mal partout mais ne peuvent rien faire), alors qu'ils sont tous aussi paumés que le commun des mortels.
Suscitant le malaise et l'oppression chez son spectateur (jusque dans une ultime scène tragique), même si sa réflexion peut s'avérer parfois un peu naïve (puisque jouant sur les non-dits plus que sur une vraie prise de position audacieuse, marquant ici aussi les limites de son propos politique), même dans sa manière d'aller flirter avec plusieurs lieux communs assez épineux (la troisième guerre serait actuelle, autant contre le terrorisme que contre l'insurrection social ?); La Troisième Guerre et son casting imposant au jeu un poil inégal (pas aidé non plus par une écriture résolument psychologique mais assez sommaire, même si Anthony Bajon bouffe littéralement l'écran), ne plaira pas à tous les publics, mais à clairement le mérite d'aller voguer sur un terrain complexe et férocement d'actualité... plutôt couillu pour un premier long.


Jonathan Chevrier


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