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[C’ÉTAIT DANS TA TV] : #25. Oz

Copyright CBS Paramount International

Avant de devenir des cinéphiles plus ou moins en puissance, nous avons tous été biberonnés par nos chères télévisions, de loin les baby-sitter les plus fidèles que nous ayons connus (merci maman, merci papa).
Des dessins animés gentiment débiles aux mangas violents (... dixit Ségolène Royal), des teens shows cucul la praline aux dramas passionnants, en passant par les sitcoms hilarants ou encore les mini-séries occasionnelles, la Fucking Team reviendra sur tout ce qui a fait la télé pour elle, puisera dans sa nostalgie et ses souvenirs, et dégainera sa plume aussi vite que sa télécommande.
Prêts ? Zappez !!!



#25. Oz (1997 - 2003)

Si aujourd'hui, le fait de citer ne serait-ce que du bout des lèvres, le nom de la chaîne HBO à tout du simili-label qualité à faire frémir le moindre sérievore qui se respecte, il fut un temps ou ce n'était pas une verite générale pour tous.
Mais si un tel synonyme est venu à ancrer les mémoires, c'est uniquement grâce à la force de frappe d'une poignée de séries osées et avant-gardistes, tels que Les Sopranos, Six Feet Under, Sex and The City et Oz, sacro-saint quatuor ayant ouverts la voie aux Deadwood, Rome et autres Game of Thrones.
Aux antipodes de ce qui sera la série carcérale phare (parce que plus grand public) des années 2000, dont la postérité ne retiendra que sa brillante première saison (et la première moitié de sa seconde), Prison Break, Oz fut un show aussi subversif et rude que profondément passionnant, dans sa manière crue et radicale de décortiquer de l'intérieur, les arcanes et la vie au coeur des murs d'une prison ou la violence - de tous les bords - règne en maître absolu.

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Méconnue dans l'hexagone (parce que cruellement cantonnée au câble, à une heure ou la pluralité des possibilités de diffusion de la TNT n'existait pas encore), mais férocement importante outre-Atlantique, l'oeuvre - ou plutôt chef-d'oeuvre - de Tom Fontana, dont le titre est d'une ironie rare (Oz, contraction du nom du pénitencier - Oswald -, mais aussi vrai jeu de mot avec le mythe de L. Frank Baum, alors que rien n'est féerique ici), la série est presque un point de rupture dans la production télévisée ricaine, tant elle repousse à l'extrême toutes les habitudes de ce que l'on pouvait mirer sur un petit écran.
Plongée étouffante et sans concession derrière les barreaux, Oz dévoile en une poignée de saisons resserrées mais savamment orchestrées (seulement six salves de huit épisodes), un univers qui n'est que le reflet de notre société contemporaine, ou chaque coup/peine/trahison est multipliée par mille, et où chaque spectateur se fait un voyeur aussi choqué que complice.
Dans le quartier " ouvert " supposément modèle mais surpeuplé d'Emerald City, tout est question de pouvoir et de règles auxquelles il est impossible de ne pas obéir pour survivre : la soumission - morale, physique et sexuelle - au plus fort, l'appartenance à un clan et les éternelles rivalités claniques qui va avec (Blacks Muslims, Italiens,...), les divers trafics (drogues, d'influences,...).

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Des lois à suivre autant que de strates que l'on franchit en glissant lentement mais sûrement, dans les méandres de l'Enfer de Dante, dont il est impossible de sortir vivant.
Riches en figures charismatiques et attachantes même dans leur dangerosité avérée, du naïf Beecher au néo-nazi Schillinger, en passant par Keller le serial-killer ou même Augustus Hill - le narrateur -, que l'on suit sans réserve dans leur quête de survie, parfois veine (car bien avant Game of Thrones, il existait des séries qui n'hésitaient pas à sacrifier ses personnages, même majeurs, pour le bien de sa narration); le show peut autant se voir comme une étude déstabilisante et authentique de l'univers carcéral américain (Spoilers : la vérité est peut-être pire, mais surtout rien n'a changé en près de deux décennies), que le miroir édifiant des structures et du mode de fonctionnement malade et retors de notre société moderne.
D'une énergie sauvage et furieusement communicative, véritable tragédie greco-Shakespearienne humaine ou le mal est partout (parce qu'il est avant tout et surtout aussi, en chacun de nous), Oz est une véritable expérience de télévision, viscérale et marquante dont on ne ressort pas indemne.

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Une certaine idée de ce que devrait être la majorité des créations télévisées (leçon de storytelling, casting absolument dément, une maîtrise absolue de son sujet,...) à une heure ou le binge-watching intense (que l'on fait tous à différentes échelles, pas de jugement) et la consommation peu regardante - coucou les plateformes -, nous coupent un peu trop de ce que peut être la sensation unique, de ce prendre une vraie claque à en fissurer notre fauteuil en cuir.


Jonathan Chevrier


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