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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #135. Semaine du 16 au 22 mai



Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.


Semaine du 16 Mai au 22 Mai.



Dimanche 16 Mai. Edmond de Alexis Michalik sur France 2.

Paris, 1897. Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi, entre autre, des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, se met à écrire dont il n’a que le titre : Cyrano de Bergerac.

Avec son succès sur les planches, Edmond s’offre une adaptation cinématographique par son propre géniteur, le décidément très talentueux Alexis Michalik. Cultivant une théâtralité bien à propos, l’apprenti réalisateur fait de la naissance d’un héros culte une gestation virevoltant. D’une extraordinaire cocasserie et d’un romanesque définitivement Cyrano -ien, Edmond est un film vivant, vaudevillesque et flamboyant. Il s’érige comme une lettre d’amour, éperdument passionné, pour ce 6e art, mais aussi, et surtout, à la beauté du texte. Car du dramartuge à l’acteur, des petites mains aux financiers, l’œuvre ausculte l’équilibre entre rentabilité et art. Le tout avec une distribution impeccable, Olivier Gourmet évidemment, mais aussi, Thomas Solivérès absolument irrésistible en Edmond Rostand.




Mercredi 19 Mai. Le Guepard de Luchino Visconti sur C8.

En 1860, tandis que la Sicile est submergée par les bouleversements de Garibaldi et de ses chemises rouges, le prince Salina se rend avec toute sa famille dans sa résidence de Donnafugata. Prévoyant le déclin de l’aristocratie, ce dernier accepte une mésalliance et marie son neveu Tancrède à la fille du maire de la ville, représentant la classe montante.

Que dire sur Le Guepard ? Pas grand-chose, en tout cas pas grand-chose de nouveau. Oui, Le Guepard est un grand film, œuvre de toutes les qualifications, tout à la fois somptueuse et crépusculaire, envoutante et vivante, romanesque comme peu et bouleversante comme beaucoup. Le Guepard c’est tout cela, et plus encore, c’est Claudia Cardinale dont la beauté fusille chaque plan, c’est Burt Lancaster, majestueux, c’est les yeux enivrants de Delon. Oui, c’est ça, mais encore plus loin, Le Guepard est une fresque sur la fin d’une époque, et l’avènement d’une autre. Visconti filme la décomposition de ce monde qui s’accroche à sa beauté, qui par instant vient faire perdre pied, comme dans cette scène de bal sans égal. C’est ça, Le Guepard, un peu, c’est bien d’autres choses, mais avant tout une œuvre éclatante et toujours, malgré les années, vertigineuse.

Mais aussi... dans un tout autre registre, TF1SeriesFilms propose Coup de Foudre à Notting Hill de Roger Mitchell. Soit le sourire de Julia Robert sur du Elvis Costello. Une raison suffisante me semble-t-il, mais si vous en vouliez plus, un nom : Richard Curtis. Le scénariste anglais qui parvient à rendre réelles les rencontres les plus ubuesques qu’il soit. Comment ? Avec une écriture oscillante entre excentricité et tendresse, toujours parfaitement charmante et un sans nul doute british.




Jeudi 20 Mai. Les Noces Rebelles de Sam Mendes sur Cherie25.

Aux États-Unis, dans les années 50, April et Frank Wheeler forment un couple à part, soucieux de vivre une vie différente avec des objectifs élevés. En emménageant dans leur belle maison, ils jurent qu’ils ne se laisseront pas envahir par la torpeur ambiante. Pourtant, les Wheeler finissent par vivre l’existence qu’ils redoutaient. Frank a un travail sans intérêt et April, femme au foyer, voit ses rêves d’évasion s’envoler.

Forcément quand débute Les Noces Rebelles des images reviennent en tête. Un paquebot et un naufrage. Rose. Jack. Titanic. Leonardo DiCaprio retrouve Kate Winslet, et inversement, pour un film de couple, à nouveau, mais différemment. Cette fois-ci Sam Mendes filme tout, les premiers instants, la passion folle et déraisonnée, puis le quotidien, son aliénation et sa violence. Les Noces Rebelles ausculte donc un couple, mais plus encore la toxicité de l’american way of life. C’est Sirk -ien en diable, avec ce vrai-faux mélodrame qui cache en lui toute la rage qu’il a pour la norme, le socialement acceptable, mais avec quelque chose de plus brutal aussi. Cela donne une œuvre qui ravage de par son émotion et sa précision, et qui, des années après donne à voir un couple d’acteurs dont l’alchimie est toujours palpable, mais dont le jeu est plus épais, plus riche, plus bouleversant.




Mais également... L’Equipe programme La Chute du Faucon Noir de Ridley Scott. Un film purement Scott -ien qui propulse son spectateur dans une horreur. Œuvre guerrière, aussi viscérale que dégueulasse, La Chute du Faucon Noir, loin de son image de film puant de patriotisme, évoque autant une victoire qu’une défaite, et tient à montrer le conflit de la façon la plus pure qu’il soit. Ici, ni glorification ni minimisation. Juste la guerre dans sa brutalité la plus totale.
 
 
Thibaut Ciavarella

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