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[CRITIQUE] : L’Île des Perdus

Réalisatrice : Laura Lamanda
Avec : -
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h14min

Synopsis :
Le flux ne s’arrête jamais. Essoufflés par la montée des escaliers, descendus des bus ou sortis du métro, trempés par la pluie ou fatigués par le trajet, pendant toute la journée les perdants approchent l’accueil du Service des Objets Trouvés. Ils viennent récupérer leurs objets, ils sont pressés. Mais retrouver ce qui a été égaré n’est pas chose facile. Il faut du temps. Le temps d’être reçu au guichet de l’accueil. Le temps d’expliquer ce qui a été perdu. Puis le temps nécessaire pour que les agents puissent identifier l’objet dans l’entrepôt et le faire remonter à l’accueil avec le monte charge. Mieux vaut alors accepter l’attente, s’abandonner à ce ralentissement et raconter. Dire quel contretemps, quel acte manqué ou quel chagrin nous a portés à perdre, à nous égarer nous-mêmes un peu parfois, et à échouer ici.



Critique :


Au coeur de notre vie citadine, qui nous pousse parfois à courir un peu trop dans tous les sens pour arriver à l'heure (ou ne pas arriver en retard, c'est selon), nous avons tous perdu ne serait-ce qu'un petit objet dans nos trajets en transports en commun, parfois anecdotique (écouteurs, livres,...), parfois vitaux (téléphones, clés, papiers d'identités,...).
La majorité du temps, quand ils ne sont pas retrouvés - ou subtilités - par des âmes sans scrupules, ceux-ci atterrissent un poil dans l'indifférence générale, au coeur des étagères du Service des Objets Trouvés (dans lequel nous nous rendons étrangement peu dans ces circonstances là), leur ultime refuge et, avec de la chance, la seule voie pour nous retrouver.
C'est ce lieu plein de mystères et pourtant affreusement banal au fond, que prend pour affection la caméra de Laura Lamanda pour son joli documentaire L'Île des Perdus, prenant évidemment pour expérience ses petits deuils universels que l'on a tous ressentis à différentes échelles.

Copyright Make

En sublimant cet espace dédiées aux petites et grosses pertes de notre société - ou presque -, la cinéaste embrasse un champ des possibles démesuré, tant chaque objet peut avoir sa propre histoire à raconter, autant que chacun de ses propriétaires dont on partage autant les lamentations que les soupirs.
Des reliques historiques d'un musée en évolution constante en somme, bousculées par les aléas de la vie du statut de propriétés à articles anonymes sur des étagères, figés dans l'espoir de pouvoir faire renaître le lien qui les unissait avec leurs propriétaires.
Une vision plus que poétique d'une réparation souvent impossible (combien d'objets n'avons-nous jamais retrouvé après les avoir perdu ?) mais aussi d'un lieu ou l'on peut trouver de tout, aussi physiquement que métaphoriquement parlant (un casque, un téléphone, un livre ou plus intimement, une lettre d'amour, un bijou précieux,...), et où la mixité n'a pas de limites tant on est tous égaux face à une perte, quelle qu'elle soit.
Sans véritables explications, Laura Lamanda filme ses trouvailles et laisse le spectateur se faire ses propres histoires autour d'eux, dans une ode intime à l'émerveillement naturel et sans le moindre effort putassier.
Une belle découverte qui elle, ne doit pas se retrouver au Service des Objets Trouvés du cinéma hexagonal.


Jonathan Chevrier


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