[CRITIQUE] : Synchronic

Réalisateurs : Justin Benson et Aaron Moorhead
Avec : Anthony Mackie, Jamie Dornan, Katie Aselton,...
Distributeur : - (Universal Pictures)
Budget : -
Genre : Science fiction, Epouvante-horreur, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min

Synopsis :
Deux agents des services ambulanciers de la Nouvelle-Orléans voient leurs vies chamboulées lorsqu'ils découvrent une série de morts liées à une drogue expérimentale aux effets secondaires paranormaux.

Critique :

Entre la série B métaphysique solide et le drame sous fond de bromance étonnamment bien croquée, le tout parsemé de séquences gores et de voyage dans le temps plus ou moins habile,#Synchronic est un petit trip SF modeste et rafraîchissant, porté par un excellent duo Mackie/Dornan pic.twitter.com/5R2vWSAqrT
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) March 3, 2021

Si l'on avait connu le tandem Justin Benson/Aaron Moorhead au travers du cinema de genre plutôt bien charpenté, avec ses protagonistes volontairement endommagés par la vie, c'est sur un terrain un poil plus sinueux et ambitieux - même si résolument plus traditionnel - qu'on les retrouve cette fois avec Synchronic, sorte de mélange plus ou moins habile entre le drame intime et la science-fiction sous fond de voyage dans le temps.
Toujours aussi fidèles à leurs thèmes familiers (la fraternité, les événements fantastico-cosmiques,...), le film suit les aléas de deux amis d'enfance, Steve et Dennis, qui travaillent ensemble en tant qu'ambulanciers à la Nouvelle-Orléans.

Malgré leurs emplois pour le moins excitant, les deux mènent des vies diamétralement opposés mais considérablement insatisfaisantes : le premier est un père aimant mais qui en veut plus, alors que le second est un solitaire qui n'a que son collègue comme unique lien social.
Tous les soirs, ils sortent dans leur ambulance pour sauver des vies et répondre à des appels de nature plus ou moins violente et inquiétante.
Mais leur quotidien devient de plus en plus étrange lorsqu'ils réalisent qu'une série de morts mystérieuses sont liées à une nouvelle drogue synthétique appelée Synchronic : chaque jeune qui la prend subit une mort bizarre et inexplicable (être brûlé vif, poignardé avec une épée,...).
Celle-ci les touche directement le jour où la fille de Dennis disparaît, et que Steve décide d'y goûter pour voir ses effets...
Il y a toujours une vraie sensation de vertige à la vision des films du duo Benson/Moorhead, les deux lascars s'amusant à jouer la carte du métaphysique avec gourmandise même si cette fois, ils s'évertuent à rendre leur copie moins déroutante et dense qu'à l'accoutumée, ou dû moins suffisamment pour que le spectateur puisse un minimum s'investir émotionnellement, sous peine de tirer sa révérence dès le premier tiers.
Un équilibre précaire mais plutôt réussi avec Synchronic, entre la série B SF plutôt bien fichue, le drame sous fond de bromance vraiment bien croquée (autant Jamie Dornan qu'Anthony Mackie, ont l'occasion de briller et de montrer la vulnérabilité de leurs personnages), le tout parsemée de petites touches gore jamais de trop.

Jamais cheap dans ses bonds dans le temps (on envoie les personnages à l'ère glaciaire, un marais colonisé par les soldats espagnols, la guerre civile, les années 40 avec le KKK,...), même si leurs contextes culturels n'apportent pas grand chose à l'intrigue (la violence du passé n'est jamais confrontée à celle du présent), convoquant parfois un malaise vraiment habile même s'il manque un vrai sentiment de terreur qui se dégage d'une mise en scène appliquée et fluide; Synchronic est l'archétype du petit bout de cinéma modeste et étrangement rafraîchissant, offrant un beau regard sur l'amitié masculine (ici nuancée et n'ayant pas besoin de l'aide de l'alcool ou d'étreintes viriles pour laisser parler ses émotions) et la nécessité de se soutenir les uns les autres.

Jonathan Chevrier