[SƎANCES FANTASTIQUES] : #49. Maniac
Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !
#49. Maniac de Frank Khalfoun (2012)
Sur l'échelle des remakes de péloches cultes made in 80's qui n'ont eu de cesse de pulluler à Hollywood depuis plusieurs années, celui du monument Maniac de William Lustig semblait, sur le papier, gentiment se classer tout en haut du degré du dégoût, gentiment enlacés par ceux des Griffes de la Nuit et de Hitcher, pondus par un Michael Bay qui aurait mieux fait de laisser sa casquette de producteur au fond de la benne à ordures.
Faut dire, entre un Alexandre Aja qui nous faisait douter de son mojo (Mirrors et Piranha 3D...), un Frank Khalfoun qui bandait un poil mou pour son premier long (P2 - 2ème sous-sol, parfait en moyen métrage, irritant en long) et un Elijah Wood que l'on adore mais qui est physiquement aux antipodes de feu la bête Joe Spinell, le tout sous couvert de quelques parti pris qui ne semblait pas s'imposer (la délocalisation de New-York à L.A, le petit côté " je surfe sur la mode " avec le found footage,...); on avait une bonne grille de bingo remplit jusqu'à la gueule pour nous mettre en boule.
Mal nous en aura pris tant le film incarne non seulement un hommage sincère au film original, mais surtout une brillante extension peut-être encore plus cauchemardesque que son aîné.
Si Maniac premier du nom a su si brillamment marqué les rétines et les mémoires, au-delà de la puissance de l'interprétation inoubliable de Spinell, c'est parce qu'il prenait fait et cause d'un tueur en série.
Pas de flics qui mènent l'enquête, de témoins voire même de futures victimes auquel on s'attache avec un minimum d'empathie, ici le héros fut l'unique auteur de toutes les atrocités de l'histoire (les commettant d'ailleurs à la pelle), une victime des mauvais traitements infligés par sa mère lorsqu'il était enfant, à tel point qu'il en est resté profondément traumatisé (il est hanté par d'horribles rêves et est impuissant), et qu'il déchaînera sa haine de la gente féminine en les tuant/scalpant pour donner plus de vie aux mannequins de sa galerie creapy.
Un choix culotté mais infiniment payant et clairement novateur pour l'époque, repris depuis tellement de fois que s'en est presque indécent.
Plus penché vers la relecture que le copier-coller moderne crasseux (ce qui l'aurait clairement desservi), Maniac 2.0 justifie pleinement toutes ses réappropriations avec une justesse rare.
Si l'on quitte les rues crados de New-York, c'est pour celles encore plus imposantes d'un L.A sombre et urbain, mixe entre les deux visions sombres d'Abel Ferrara et de William Friedkin.
Si l'on passe de la masse bestiale et terrifiante de Joe Spinell au plus frêle Elijah Wood, c'est pour mieux se détacher de l'original, pour mieux jouer sur le terrain de l'empathie face à cet anti-héros pathétique, bien plus profond et psychologiquement détaillé que le Zito d'origine - qui apparait plus ici en victime que bourreau.
Si l'on passe d'une vue classique à celle subjective, c'est pour mieux rendre cette plongée en enfer plus immersive, plus anxiogène et surtout pour mieux nous emprisonner dans une descente aux enfers imprévisible, nous obligeant à être un peu plus que le témoin des atrocités commises par Zito; ses meurtres étant dès lors encore plus intenses et insoutenables, car si le gore est une fois sérieusement présent (et rares sont les péloches qui savent correctement le distillé), c'est l'expérience extra-corporelle qui nous est proposée de force, qui nous pousse au malaise le plus viscéral qui soit.
Seul quelques instants de répits seront " offerts " aux spectateurs, durant les flashbacks et les moments de fantasmes qu'aura Frank à propos d'Anna, une photographe spécialisée dans les clichés de mannequins et pour laquelle il a une vraie attirance.
Franchement pervers et violent (aucun scalpe n'est fait hors champs), plus immersif (rendant ainsi l'impact graphique encore plus imposant et spectaculaire), plus rythmé (les quatre-vingt-dix minutes passent à une vitesse folle) et plus crédible (la psychologie générale est renforcée, et la relation entre Anna et Frank fonctionne bien mieux ici dans le sens ou leur passion commune rend plus crédible leur attirance) que l'original; le film de Khalfoun, transpirant les 80's de tous ses pores (de la photographie giallesque à la B.O tripante) et totalement vissé sur la performance habitée de Wood (qu'on voit au final très peu), est une sublime réinterprétation qui ne fait jamais de l'ombre à son aîné - avec qui il évite tout rapport de force -, et incarne un cauchemar des plus jouissifs.
Une sublime descente en enfer dans la psyché d'un tueur en série torturée qui cherche pourtant à trouver la rédemption dans l'amour, un représentant du mal entre le Norman Bates de Psychose et Dexter Morgan, qui lui aussi à pleinement sa place au panthéon des anti-héros aux virées meurtrières du septième art.
Jonathan Chevrier
#49. Maniac de Frank Khalfoun (2012)
Sur l'échelle des remakes de péloches cultes made in 80's qui n'ont eu de cesse de pulluler à Hollywood depuis plusieurs années, celui du monument Maniac de William Lustig semblait, sur le papier, gentiment se classer tout en haut du degré du dégoût, gentiment enlacés par ceux des Griffes de la Nuit et de Hitcher, pondus par un Michael Bay qui aurait mieux fait de laisser sa casquette de producteur au fond de la benne à ordures.
Faut dire, entre un Alexandre Aja qui nous faisait douter de son mojo (Mirrors et Piranha 3D...), un Frank Khalfoun qui bandait un poil mou pour son premier long (P2 - 2ème sous-sol, parfait en moyen métrage, irritant en long) et un Elijah Wood que l'on adore mais qui est physiquement aux antipodes de feu la bête Joe Spinell, le tout sous couvert de quelques parti pris qui ne semblait pas s'imposer (la délocalisation de New-York à L.A, le petit côté " je surfe sur la mode " avec le found footage,...); on avait une bonne grille de bingo remplit jusqu'à la gueule pour nous mettre en boule.
Mal nous en aura pris tant le film incarne non seulement un hommage sincère au film original, mais surtout une brillante extension peut-être encore plus cauchemardesque que son aîné.
Copyright Warner Bros. France |
Si Maniac premier du nom a su si brillamment marqué les rétines et les mémoires, au-delà de la puissance de l'interprétation inoubliable de Spinell, c'est parce qu'il prenait fait et cause d'un tueur en série.
Pas de flics qui mènent l'enquête, de témoins voire même de futures victimes auquel on s'attache avec un minimum d'empathie, ici le héros fut l'unique auteur de toutes les atrocités de l'histoire (les commettant d'ailleurs à la pelle), une victime des mauvais traitements infligés par sa mère lorsqu'il était enfant, à tel point qu'il en est resté profondément traumatisé (il est hanté par d'horribles rêves et est impuissant), et qu'il déchaînera sa haine de la gente féminine en les tuant/scalpant pour donner plus de vie aux mannequins de sa galerie creapy.
Un choix culotté mais infiniment payant et clairement novateur pour l'époque, repris depuis tellement de fois que s'en est presque indécent.
Plus penché vers la relecture que le copier-coller moderne crasseux (ce qui l'aurait clairement desservi), Maniac 2.0 justifie pleinement toutes ses réappropriations avec une justesse rare.
Copyright Warner Bros. France |
Si l'on quitte les rues crados de New-York, c'est pour celles encore plus imposantes d'un L.A sombre et urbain, mixe entre les deux visions sombres d'Abel Ferrara et de William Friedkin.
Si l'on passe de la masse bestiale et terrifiante de Joe Spinell au plus frêle Elijah Wood, c'est pour mieux se détacher de l'original, pour mieux jouer sur le terrain de l'empathie face à cet anti-héros pathétique, bien plus profond et psychologiquement détaillé que le Zito d'origine - qui apparait plus ici en victime que bourreau.
Si l'on passe d'une vue classique à celle subjective, c'est pour mieux rendre cette plongée en enfer plus immersive, plus anxiogène et surtout pour mieux nous emprisonner dans une descente aux enfers imprévisible, nous obligeant à être un peu plus que le témoin des atrocités commises par Zito; ses meurtres étant dès lors encore plus intenses et insoutenables, car si le gore est une fois sérieusement présent (et rares sont les péloches qui savent correctement le distillé), c'est l'expérience extra-corporelle qui nous est proposée de force, qui nous pousse au malaise le plus viscéral qui soit.
Seul quelques instants de répits seront " offerts " aux spectateurs, durant les flashbacks et les moments de fantasmes qu'aura Frank à propos d'Anna, une photographe spécialisée dans les clichés de mannequins et pour laquelle il a une vraie attirance.
Copyright Warner Bros. France |
Franchement pervers et violent (aucun scalpe n'est fait hors champs), plus immersif (rendant ainsi l'impact graphique encore plus imposant et spectaculaire), plus rythmé (les quatre-vingt-dix minutes passent à une vitesse folle) et plus crédible (la psychologie générale est renforcée, et la relation entre Anna et Frank fonctionne bien mieux ici dans le sens ou leur passion commune rend plus crédible leur attirance) que l'original; le film de Khalfoun, transpirant les 80's de tous ses pores (de la photographie giallesque à la B.O tripante) et totalement vissé sur la performance habitée de Wood (qu'on voit au final très peu), est une sublime réinterprétation qui ne fait jamais de l'ombre à son aîné - avec qui il évite tout rapport de force -, et incarne un cauchemar des plus jouissifs.
Une sublime descente en enfer dans la psyché d'un tueur en série torturée qui cherche pourtant à trouver la rédemption dans l'amour, un représentant du mal entre le Norman Bates de Psychose et Dexter Morgan, qui lui aussi à pleinement sa place au panthéon des anti-héros aux virées meurtrières du septième art.
Jonathan Chevrier