[CRITIQUE] : Le Quatrième mur
Réalisateur : David Oelhoffen
Acteurs : Laurent Lafitte, Simon Abkarian, Manal Issa, Bernard Bloch,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Luxembourgeois, Belge.
Durée : 1h56min.
Synopsis :
Liban, 1982. Pour respecter la promesse faite à un vieil ami, Georges se rend à Beyrouth pour un projet aussi utopique que risqué : mettre en scène Antigone afin de voler un moment de paix au cœur d’un conflit fratricide. Les personnages seront interprétés par des acteurs venant des différents camps politiques et religieux. Perdu dans une ville et un conflit qu’il ne connaît pas, Georges est guidé par Marwan. Mais la reprise des combats remet bientôt tout en question, et Georges, qui tombe amoureux d’Imane, va devoir faire face à la réalité de la guerre.
Critique :
Dans la catégorie des cinéastes habitués à jouer, tel un JCVD à ses plus belles heures, du grand écart thématique et tonale entre chaque réalisation, force est d'admettre que le résolument doué David Oelhoffen se pose en challenger de poids - et le mot est faible.
Du plutot bien foutu Frères Ennemis (qui faisait déjà suite à l'excellent Loin des Hommes), petit bout de cinéma musclé et rugueux à l'atmosphère pesante, sur un duel quasi-fraternel - super tandem Matthias Schoenaerts/Reda Kateb -, qui transpirait autant le bitume des quartiers houleux qu'il est frappé par un joli souffle westernien; il nous était revenu l'an dernier avec Les Derniers Hommes, adaptation du roman Les Chiens Jaunes d'Alain Gandy, furieusement enlacé entre le film de guerre, le cinéma guérilla nippon et le survival catapulté en pleine jungle laotienne, un conte funeste et violent façon auscultation fragile d'une condition humaine qui l'est tout autant.
De guerre mais aussi de roman, il en est une nouvelle fois question avec son dernier effort en date, Le Quatrième mur, adaptation plus où moins épurée du roman éponyme de Sorj Chalandon - Prix Goncourt de lycéens en 2013, quand-même -, dont la narration s'attache aux basques sous tension d'un homme qui, pour exaucer le souhait de son ami dramaturge mourant, se lance dans l'épopée chimérique de vouloir monter sur scène, à Beyrouth et sur la ligne de démarcation dans un Liban alors en pleine guerre civile, une version d'Antigone signée Jean Anouilh (qui plaçait le classique grecque dans une France occupée), le tout avec une distribution entièrement constituée de comédiens de toutes les confessions religieuses (des palestiniens, chrétiens, chiites, chaldéens ou encore des Druzes).
Dans ce semblant d'espoir, naïf mais essentiel, de penser le pouvoir de l'art comme un outil utopique pouvant unir - non sans compromis - et faire surmonter à l'humanité toutes ses différences, Oelhoffen tire autant une réflexion sur l'importance même du jeu et du processus créatif - même au cœur du chaos -, qu'il dissèque joliment les tenants et les rouages d'une tragédie cyclique, encore perpétué aujourd'hui (au mépris même des juridictions et des conventions internationales), dont il ne masque ni les contradictions ni la brutalité - souvent - insoutenable (quitte à un peu trop l'embrasser et la sur-esthétiser), tout autant qu'il a le bon goût de ne pas trop s'épancher sur la complexité de son contexte (seule l'absurdité de sa violence, est pleinement exposée).
Si l'on pourra un brin tiquer sur son rythme en dents de scie, voire sur sa romance un brin dispensable (d'autant que la pauvre Manal Issa n'a pas grand chose à proposer), difficile de ne pas se laisser submerger par la justesse de ce récit poignant et optimiste malgré sa noirceur, porté aussi bien par la mise en scène à la fois élégante et précise de David Oelhoffen, que par la partition intense du tandem Lafitte/Abkarian.
2025 démarre vraiment, vraiment bien...
Jonathan Chevrier
Acteurs : Laurent Lafitte, Simon Abkarian, Manal Issa, Bernard Bloch,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Luxembourgeois, Belge.
Durée : 1h56min.
Synopsis :
Liban, 1982. Pour respecter la promesse faite à un vieil ami, Georges se rend à Beyrouth pour un projet aussi utopique que risqué : mettre en scène Antigone afin de voler un moment de paix au cœur d’un conflit fratricide. Les personnages seront interprétés par des acteurs venant des différents camps politiques et religieux. Perdu dans une ville et un conflit qu’il ne connaît pas, Georges est guidé par Marwan. Mais la reprise des combats remet bientôt tout en question, et Georges, qui tombe amoureux d’Imane, va devoir faire face à la réalité de la guerre.
Critique :
Solide proposition que #LeQuatrièmeMur où David Oelhoffen tire autant une réflexion prenante sur l'importance même du jeu et du processus créatif - même au cœur du chaos -, qu'il dissèque joliment les tenants et les rouages d'une tragédie cyclique, encore perpétué aujourd'hui. pic.twitter.com/DdIhYsMfGF
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 16, 2025
Dans la catégorie des cinéastes habitués à jouer, tel un JCVD à ses plus belles heures, du grand écart thématique et tonale entre chaque réalisation, force est d'admettre que le résolument doué David Oelhoffen se pose en challenger de poids - et le mot est faible.
Du plutot bien foutu Frères Ennemis (qui faisait déjà suite à l'excellent Loin des Hommes), petit bout de cinéma musclé et rugueux à l'atmosphère pesante, sur un duel quasi-fraternel - super tandem Matthias Schoenaerts/Reda Kateb -, qui transpirait autant le bitume des quartiers houleux qu'il est frappé par un joli souffle westernien; il nous était revenu l'an dernier avec Les Derniers Hommes, adaptation du roman Les Chiens Jaunes d'Alain Gandy, furieusement enlacé entre le film de guerre, le cinéma guérilla nippon et le survival catapulté en pleine jungle laotienne, un conte funeste et violent façon auscultation fragile d'une condition humaine qui l'est tout autant.
Copyright 2023 ELIPH PRODUCTIONS-RHAMSA PRODUCTIONS-MOVE MOVIE-AMOUR FOU LUXEMBOURG-PANACHE PRODUCTIONS-LA COMPAGNIE CINÉMATOGRAPHIQUE-L’ÉMISSAIRE DE BAAL |
De guerre mais aussi de roman, il en est une nouvelle fois question avec son dernier effort en date, Le Quatrième mur, adaptation plus où moins épurée du roman éponyme de Sorj Chalandon - Prix Goncourt de lycéens en 2013, quand-même -, dont la narration s'attache aux basques sous tension d'un homme qui, pour exaucer le souhait de son ami dramaturge mourant, se lance dans l'épopée chimérique de vouloir monter sur scène, à Beyrouth et sur la ligne de démarcation dans un Liban alors en pleine guerre civile, une version d'Antigone signée Jean Anouilh (qui plaçait le classique grecque dans une France occupée), le tout avec une distribution entièrement constituée de comédiens de toutes les confessions religieuses (des palestiniens, chrétiens, chiites, chaldéens ou encore des Druzes).
Dans ce semblant d'espoir, naïf mais essentiel, de penser le pouvoir de l'art comme un outil utopique pouvant unir - non sans compromis - et faire surmonter à l'humanité toutes ses différences, Oelhoffen tire autant une réflexion sur l'importance même du jeu et du processus créatif - même au cœur du chaos -, qu'il dissèque joliment les tenants et les rouages d'une tragédie cyclique, encore perpétué aujourd'hui (au mépris même des juridictions et des conventions internationales), dont il ne masque ni les contradictions ni la brutalité - souvent - insoutenable (quitte à un peu trop l'embrasser et la sur-esthétiser), tout autant qu'il a le bon goût de ne pas trop s'épancher sur la complexité de son contexte (seule l'absurdité de sa violence, est pleinement exposée).
Copyright 2023 ELIPH PRODUCTIONS-RHAMSA PRODUCTIONS-MOVE MOVIE-AMOUR FOU LUXEMBOURG-PANACHE PRODUCTIONS-LA COMPAGNIE CINÉMATOGRAPHIQUE-L’ÉMISSAIRE DE BAAL |
Si l'on pourra un brin tiquer sur son rythme en dents de scie, voire sur sa romance un brin dispensable (d'autant que la pauvre Manal Issa n'a pas grand chose à proposer), difficile de ne pas se laisser submerger par la justesse de ce récit poignant et optimiste malgré sa noirceur, porté aussi bien par la mise en scène à la fois élégante et précise de David Oelhoffen, que par la partition intense du tandem Lafitte/Abkarian.
2025 démarre vraiment, vraiment bien...
Jonathan Chevrier