[CRITIQUE] : The Tax Collector
Réalisateur : David Ayer
Avec : Shia LaBeouf, Bobby Soto, George Lopez,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Action, Policier, Thriller, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
David et Creeper travaillent comme "percepteurs d'impôts" pour un seigneur du crime nommé Wizard, en récupérant sa part des profits auprès des gangs locaux. Mais lorsque l'ancien rival de Wizard revient du Mexique, toute son entreprise est chamboulée, et David se retrouve à devoir protéger ce qui compte le plus pour lui - sa famille.
Critique :
Walk of shame conscient d'un cinéaste lessivé, recherchant son mojo perdu en revenant " aux sources " de son cinéma, #TheTaxCollector est un thriller sinistre et stupidement brutal, une bête malade et sauvage, aussi désordonnée qu'elle ne semble jamais savoir ou vraiment aller... pic.twitter.com/24if3EWX80
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) November 26, 2020
Sur le papier - et seulement sur le papier -, The Tax Collector semble reprendre les mêmes contours scénaristiques que la dernière odyssée musclée que le scénariste-réalisateur David Ayer avait tourné dans les rues de sa ville chérie de Los Angeles (oublions Bright, qui jouait pleinement la carte du fantastique), End of Watch : deux hommes roulant inlassablement dans les quartiers bouillants de South Central, soudant leur amitié dans cet environnement violent qui met leur vie en danger à chaque instant.
La seule chose qui différencie alors, une nouvelle fois strictement sur le papier, The Tax Collector de ce film datant (déjà) de 2012, c'est qu'il renverse la dynamique en ne montrant plus des flics du LAPD, mais deux " collecteurs " pour un seigneur du crime, qui prend sa part dans chaque transaction illicite de chaque gang à South Central.
Courtesy of Justin Lubin/RLJE Films |
Pour le reste, c'est purement et simplement une purge sans nom, le walk of shame conscient d'un cinéaste lessivé, recherchant son mojo perdu en revenant " aux sources " de son cinéma, pour lequel il ne semble plus vraiment avoir de souvenir non plus.
Si End of Watch incarnait un thriller rugueux et rendu porté par une amitié indéfectible et palpable entre deux personnages (solidement campés par Jake Gyllenhaal et Michael Peña), The Tax Collector lui, est une bête malade et sauvage, aussi désordonnée qu'elle ne semble jamais savoir ou aller ni sur quel pied danser.
Ne poussant jamais le spectateur à se soucier de ce qu'il voit, entre une écriture amorphe qui aligne les postures et les clichés faciles du film de gangs (le tout sans jamais croquer une caractérisation de personnage digne de ce nom), et une mise en scène indigne d'un DTV de Brett Ratner, la péloche se complaît dans une brutalité mélodramatico-crasse n'apportant aucune substance à une histoire rebattue et caricaturale.
Chiche en action mais riche en séquences bavardes (avec des dialogues d'une mollesse incroyable), le film ne vaut que pour le peu de plaisir qu'il comporte en son sein - rien ou presque : un Shia LaBeouf intense mais totalement sous-utilisé (il est vendu comme un diable, il lâche deux, trois regards noir et meurt avant même la première heure de métrage), dont l'implication physique (il s'est arraché une dent pour Fury, il s'est ici tatoué tout le corps) confine au ridicule et n'est jamais proportionnelle à la qualité finale du métrage (ou son personnage reste 95% du temps en costume trois pièces).
Courtesy of Justin Lubin/RLJE Films |
Thriller sinistre tout sauf palpitant et cohérent menant laborieusement à une confrontation finale qui l'est tout autant (brutale mais complètement illisible, avec des morts hors champs), poussant le curseur de l'exagération et de la caricature au-delà même des limites du mauvais goût, The Tax Collector est le genre d'expérience comparable à un examen de la prostate : on la subit sans broncher et on espère juste qu'elle se terminera vite.
Oui, il a bien changé le cinéma frontal et grisant de David Ayer...
Jonathan Chevrier