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[LES CARNETS DE L’ÉTRANGE] : Jours 11 et 12


#Épisode 6. Jours 11 et 12


Comme chaque année, l'Etrange Festival se déroule début septembre à Paris, au Forum des images. C'est l'occasion pour nos humbles rédacteur.ices de découvrir un tas de films de genre, film bizarres ou curiosités cinématographiques.


L'avant dernier jour commence, pour Eléonore, avec Spree, un thriller satirique, horrifique et dramatique (rien que ça) réalisé par Eugene Kotlyarenko et qui nous vient des Etats-Unis et présenté en compétition. Chauffeur "Spree" - une application à la Uber - despéré d'avoir si peu de followers sur sa chaîne, Kurt (Joe Keery, précédemment vu dans Stranger Things) vient de trouver une solution un peu particulière pour devenir viral. L'anonymat ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir.
L'avis d'Eléonore : 
 
 
Spree est la petite comédie noire, satire des réseaux sociaux, comme on peut en voir un peu partout ces dernières années, notamment en festival. L'intérêt principal du film est son interprète, Joe Keery, qui confirme son capital sympathie à l’écran. Il arrive à apporter, dès les premier instants, du pathétique à son personnage qui est pourtant assez mal écrit par ailleurs. J’ai également apprécié le travail fait sur l’aspect “found footage”, car pour le coup, l’utilisation des différents écrans et caméras ne faisait pas forcée, ce qui n’est pas toujours évident. La première partie du film fonctionne plutôt bien et propose un humour noir, détaché, avec une violence physique plus suggérée que montrée, un peu à la C’est arrivé près de chez vous, mais se termine de façon abracadabrantesque sur un morale trop attendue, qui gâche la noirceur installée en première partie. En ressort aussi, quelque part, une sorte de complaisance avec le sujet qu’il dénonce. Éléonore.

A noter que Léa et Jonathan avaient déjà découvert et aimé le film dans le bilan du huitième jour, à retrouver ici.
Vous pouvez également retrouver, pour continuer l'expérience, la critique complète de Jonathan sur le lien ici.
 
© D.R.

Eléonore continue avec Hunted, un thriller belge de Vincent Paronnaud, présenté dans le cadre de la sélection Mondovision. En voici un petit aperçu : un serial thriller, c'est déjà beaucoup. Mais lorsque ce sont deux maniaques qui laissent des cadavres de jeunes femmes derrière eux, le pire est à craindre. Eve leur a survécu mais les meurtriers ne vont pas en rester là. Elle fuit à travers les bois avec la nature comme seule alliée.

Eléonore revient une nouvelle fois sur cette projection : 
Hunted part tellement dans tous les sens, que je ne sais pas bien ce que j’en pense. Il s’agit d’une réalisation de Vincent Paronnaud, comparse de Marjane Satrapi sur plusieurs films, qui signe un survival un peu beaucoup passionnément barré, reprenant les grandes lignes du petit chaperon rouge. Si j’ai aimé le jeu des acteurs - la sincérité de Lucie Debay et le rythme d’Arieh Worthalter, indispensable pour jouer cet humour noir très particulier - j’ai trouvé la contextualisation assez vaine, le rapport à la pornographie un peu ambigue. Mais cela dit, j’ai aimé la fin qui part en délire total, et le rôle primordial que joue la forêt et la nature. Éléonore.
 
© D.R.


La journée laisse ensuite place à une des projections les plus attendues et à une des Séances spéciales de cette édition de l'Etrange Festival. Un an après Climax, Gaspar Noé revient déjà avec Lux Aeterna, un film dramatique français avec Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg dans leurs propres rôles. Béatrice Dalle y réalise son premier film, Charlotte Gainsbourg en est la vedette, elle va jouer le rôle d'une femme qui va être brulée vive pour sorcellerie. Le tournage se passe mal, l'atmosphère est de plus en plus tendue, le chaos se répand. La projection était précédée par une surprise : le court-métrage inédit The Art Of Filmaking, toujours réalisé par Gaspar Noé.

L'avis de Jonathan : 
 

En sondant les limites des ambitions, exagérées ou non, d'une cinéaste (et par extension lui-même) et des frustrations qui en découlent, il pointe du doigt les paradoxes captivants et déstabilisants d'une forme d'art particulière, exigeant une collaboration totale de tous tout en étant fondue uniquement, sur les " caprices " d'une vision singulière et unique. Les arcanes sous tension de la création cinématographique, autant dans sa beauté que dans sa complexité et sa noirceur, et chez Noé, l'art prospère avant tout et surtout, dans le chaos. Jonathan.

L'avis de Manon :
 
 
Moyen métrage tourné en très peu de temps, inventé en un clin d'oeil, Lux Aeterna est un film qui surprend par son humilité. Le réalisateur, l'artiste, laisse place à ses collègues, faisant de son plateau celui du film. Ce joyeux bazar méta, parfois étonnamment drôle, laisse progressivement place à un discours sur une industrie si particulière, un art éprouvant et l'implication presque vaine des actrices, maltraitées par leur profession. S'il reste superficiel, Noé condense également son sujet en un film court pour ne pas diverger, et propose un film intelligent qui, sans avoir l'ambition de remplacer un Irréversible, fait sa place dans la carrière du grand réalisateur et s'impose effectivement comme un des incontournables de cet Etrange Festival. Lux Aeterna est à la fois une déclaration d'amour comme l'annonce d'une guerre au cinéma et vaut clairement le détour pour tout cinéphile comme pour tout aspirant à cette industrie. Manon.
 
Copyright UFO Distribution

Vous pouvez retrouver, pour continuer l'expérience, la critique complète de Jonathan sur le lien ici.

De son côté, Eléonore termine cette avant-dernière journée avec Fried Barry, une comédie horrifique réalisée par Ryan Kruger, qui nous vient tout droit d'Afrique du sud et présentée en compétition. Au Cap, Barry est un héroïnoman qui, malgré les supplications de sa femme, persiste désespérément dans la même voie. Après une violente dispute et une nouvelle injection, il est enlevé par des extraterrestres. Désormais, il est persuadé qu'un alien a pris possession de son corps. C'est le début de tribulations hallucinées, de sexe et de sang.  

Eléonore nous dit tout ce qu'elle en a pensé : 
 
Fried Barry est à la limite du nanar, une espèce de Trainspotting meet Under the skin. La première partie du film est un trip nocturne hallucinant en plein Cape Town , assumé et visuellement pas trop mal fichu. La seconde est plus compliquée à regarder. On sent que le budget n’a pas été faramineux et qu’il a fallu faire des concessions. Éléonore.
 
© D.R.

Passons désormais à la dernière journée de cet Etrange Festival, avec la projection de Get The Hell Out, une comédie horrifique taïwanaise réalisée par I.-Fan Wang. Le parlement taïwanais devient plus dangereux que jamais lorsqu'un virus transforme les politiciens en zombies, avides comme chacun le sait, de dévorer les citoyens.

C'est Léa qui a découvert le film : 
 

Utilisant à merveille des gimmicks de réalisation tous plus kitsch les uns que les autres, ce film est un huis clos sans temps morts et franchement jubilatoire. Il présente une galerie de personnages loufoques et attachants, et parvient à créer de vrais situations hilarantes face à des zombies pourtant assez coriaces. Du père jardinier à la directrice RH désabusée en passant par un garde de sécurité passionné de karaoké, on ne peut qu’adhérer au fun décomplexé et bas de plafond de ce film taïwanais. Léa.
 
© D.R.


Enfin, le festival se clôture avec L'Homme du président, un thriller sud-coréen réalisé par Min-Ho Woo. En 1979, le président Park, tyrannique et corrompu, dirige la Corée d'une main de fer, contrôlant notamment la KCIA, l'agence d'information la plus redoutable. Son directeur Kim Gyu-pyeong est promis au plus bel avenir. Pendant ce temps un ancien directeur exilé aux Etats-Unis s'apprête en plein "Koreagate", à révéler des secrets à la CIA. La situation est prête à exploser. 

L'avis de Léa : 
 
Thriller d'espionnage montrant les rouages d'une politique défaillante, le film peine à sortir de son académisme pour proposer quelque chose d'innovant, malgré le contexte historique passionnant. Reste la performance de Lee Byung-Hun, également vu dans Destruction Finale, qui habite le film tout en subtilité. Léa.

L'avis de Manon : 
 
L'Homme du président est un de ces thrillers ficelés avec minutieux et dans lesquels on ne retrouve pas un seul bout de gras. Il devient, au fur et à mesure, un hommage à une figure coréenne, qui reste néanmoins difficilement appréhendable pour un public non-initié. En somme L'Homme du président est, un film élégant, bien qu'un peu hermétique pour un français qui ne connaîtrait pas la Corée. Manon.
 
© D.R.


Manon Franken


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