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[CRITIQUE] : Sky Dome 2123


Réalisatrice•teur : Sarolta Szabó et Tibor Bánóczki
Acteurs : Renátó OlaszZsófia SzamosiZsolt NagyJudit Schell,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Animation, Drame, Romance, Science-fiction.
Nationalité : Hongrois, Slovaque.
Durée : 1h52min.

Synopsis :
2123. Dans un futur où la sécheresse a ravagé la Terre, l’humanité est contrainte de sacrifier une partie de la population : toute personne de plus de 50 ans sera transformée en arbre. La société est régie par des règles impitoyables. Le jour où Stefan voit sa femme condamnée prématurément par le système, il décide de prendre les plus grands risques pour changer son destin.



Critique :



Le cinéma d'animation est sans doute (assurément) le seul giron du septième art capable de continuellement se renouveler et surprendre - agréablement où non, cest selon - le spectateur, ne serait-ce que par la pluralité incroyable par laquelle il peut s'exprimer, mais aussi sa faculté de pouvoir aborder tous les sujets, même les plus difficiles voire improbables, expurgé qu'il est des contraintes d'un cinéma fait de prises de vues réelles.

Quand bien même, il est vrai, la familiarité est souvent de mise (que ce soit dans le fond comme dans la forme), peut-être plus encore que pour un cinéma plus traditionnel, et la frontière entre citation/réappropriation et pillage (in)volontaire est plus poreuse qu'ailleurs.

Copyright SALTO FILMS, ARTIHCOKE, MŰANYAG ÉGBOLT LTD, RTVS RADIO AND TELEVISION SLOVAKI

En ce sens, le gentil OFNI qu'incarne Sky Dome 2123 de Sarolta Szabó et Tibor Banoczki n'aurait sans doute pas été le même dans une facture dite plus traditionnelle, son animation résolument séduisante (un cocktail entre une animation 3D et une rotoscopie à la fois symbolique et cohérent), venant épouser un propos décemment plus dense et surprenant que ne le laisse présager son pitch, tout comme son cadre dystopique.

S'il traite, presque comme un passage obligé pour toute la science-fiction actuelle, de la crise écologique et du réchauffement climatique, le film s'émancipe gentiment du tout commun en questionnant autant les responsabilités individuelles que collectives, à travers l'odyssée romantique, philosophique et psychanalytique d'un homme, Stefan, voulant sauver sa femme, Nora, d'un destin funeste au cœur d'une planète qui se meurt (Face à la diminution des ressources, l'espèce humaine, enfermée sous des dômes qui isolent de l'extérieur et purifient l'air, ne peut survivre que grâce à un compromis : dès l'âge de 50 ans, chaque citoyen, à l'aide d'une graine implantée par l'État, se transforme peu à peu en arbre), et d'une Hongrie dont la politique coercitive se fait un miroir favorablement déformé : les libertés fondamentales sont limitées pour un bien collectif, et non au nom d'un populisme sourd et aveugle.

Toute la puissance du long-métrage réside ici, dans cette opposition douloureuse entre l'intimité et le collectif, entre les affections/maux personnelles et les sacrifices opérés pour le bien de tous, cristallisé dans la relecture du mythe d'Orphée qu'incarne son couple principal Stefan et Nora, la première renonçant à dix-huit ans d'existence sous forme humaine, à la suite de la mort de leur enfant, là où son époux se refuse de la perdre dans cet au-delà qui n'en est pas réellement un.

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Scindé en trois actes bien distinct, pas si éloignée d'un A.I. sur de nombreux points essentiels quand bien même il donne parfois l'impression, un poil irritante, de voir sa narration tourner en rond, Sky Dome 2123 qui traite autant de la question écologique qu'il interroge sur la notion de liberté, celle du corps (le suicide assisté) comme celle de l'humanité (se sacrifier pour préserver un simulacre de vie, au cœur d'un dôme qui sauve autant qu'il emprisonne), au sein d'une réflexion aussi captivante que pessimiste.
Une (très) jolie découverte.


Jonathan Chevrier


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