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[CRITIQUE] : Back to Black

Réalisatrice : Sam Taylor-Johnson
Avec : Marisa Abela, Jack O'Connell, Eddie Marsan, Lesley Manville,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Musical, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min

Synopsis :
Back to Black retrace la vie et la musique d'Amy Winehouse, à travers la création de l'un des albums les plus iconiques de notre temps, inspiré par son histoire d’amour passionnée et tourmentée avec Blake Fielder-Civil.




Critique :



Chaque critique du genre nous fait, inlassablement et ironiquement dans le même tempo, répéter la même chose, et c'est au moins tout autant frustant de l'écrire que de le mirer en salles.
Dans un paysage hollywoodien dominé/gangrenné par des projets simplistes usant inlassablement la même formule établie et éprouvée, le biopic musical moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et facilement déclinable du marché.

La quasi-intégralité de ses films ne sont souvent guère plus que des exercices glorifiés de gestion de marques/icônes, articulés entre des numéros musicaux fédérateurs - et à la lisière du fan service (trop) respectueux -, des performances d'acteurs plus ou moins grimés à la perfection et une intrigue distribuant avec plus ou moins de finesse, des informations biographiques approuvées par la succession et/ou les proches des défunts.

Copyright Dean Rogers © STUDIOCANAL SAS

C'est simple, tout de la sélection musicale à la conception de la production, est conçu pour traire la nostalgie préfabriquée des téléspectateurs et à ce stade (ce qui place le biopic de figures populaires/célèbres au même niveau de traitement que celui des adaptations de bandes dessinées), il est quasiment impossible de pleinement s'emballer lorsqu'un nouvel effort vient frapper à la porte de nos salles obscures, même lorsqu'il s'attaque à " Hurricane Amy ", la regretté Amy Winehouse.
Et à raison, malheureusement.

Définitivement plus proche de Bohemian Rhapsody ou, plus récemment, de Bob Marley : One Love, dans sa manière décomplexée de policer jusqu'à l'extrême, l'image de son sujet, que de la vérité fantasque d'un Rocketman, Back to Black de Sam Taylor-Johnson se présente moins comme un biopic fouillé renardant la moindre frasque catapultée en première page des tabloïds, qu'une célébration du talent musical de feu Amy Winehouse, fauchée à l'âge de 27 ans en 2011.
Une approche louable sur le papier, puisque dénué de tout sensationnalisme abject dans son exploration de l'existence tumultueuse, mais problématique dans sa forme, tant elle édulcore mignon la part sombre et indiscutablement dure de celle-ci (toxicomanie, relations toxiques), quitte à même réimaginer la vie de la musicienne, sans doute plus par convenance (ne pas se mettre à dos ni les fans, ni la famille Winehouse) que dans un réel souci de sincérité vis-à-vis de son sujet - à la différence du documentaire Amy de Asif Kapadia.

Copyright Dean Rogers © STUDIOCANAL SAS

On se retrouve alors très vite face à une séance au popotin constamment coincé entre deux fauteuils, trop canonique et fidèle au génie insouciant de son héroïne, pour être frappé par le sceau excentrique et visionnaire des expériences alternatives d'un Elvis ou même d'un I'm not there, mais pour autant capable de jolies fulgurances, tant en se basant justement sur la musique de Winehouse le film se fait de facto organique comme pouvait l'être les titres ouvertement autobiographiques de celle-ci, quand bien même il se permet d'en offrir, paradoxalement, une représentation essentiellement positive... bancal qu'on vous dit.

Si le film situe aussi souvent Winehouse dans les espaces domestiques qui ont émaillés sont existence, que sur les scènes où elle est devenue célèbre, jamais pourtant il ne prend parti de ce qui l'a mené à sa perte : la présence des paparazzi des anecdotique, Blake Fielder-Civil qui n'est même pas rendu un tantinet responsable de sa spirale infernale, son père qui est in fine plus soucieux de sa carrière que de son bien être,...
Conciliant et réticent à toute réalité/vérité, Back to Black, dont le titre apparaît presque comme un symbole déguisé, apparaît presque touchant cependant, dans sa volonté de faire de la chanteuse une figure empathique et assoiffée d'amour, même s'il aura été sa plus grande source de douleur.

Copyright Dean Rogers © STUDIOCANAL SAS

Alors oui, c'est affreusement naïf même si salutaire sur certains points (la décence, par exemple, de ne pas mettre en scène les plus désagréables et humiliants moments de son existence, surtout à son crépuscule), et il est parfois facile de se laisser emporter par ce portrait de femme déterminé et lucide, même dans ses excès et son comportement autodestructeur, sensiblement grâce à la performance en phase de Marisa Abela (à la ressemblance physique discutable, mais vocalement impressionnante), qui a le bon ton de ne pas se perdre dans un mimétisme irritant, mais de rappeler la star par de petites touches subtiles mais reconnaissables.

Dommage donc que cette commémoration qui vise autant à célébrer qu'à ne déplaire à personne, n'écoute pas plus sa raison au moins autant que le cœur et la voix unique de Winehouse, tant un bon biopic ne se cachait pas si loin derrière...


Jonathan Chevrier


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