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[CRITIQUE] : Brutus vs César

Réalisateur : Kheiron
Acteurs : Kheiron, Ramzy Bedia, Pierre Richard, Thierry Lhermitte, Gérard Darmon, Pascal Demolon, Jérémy Ferrari, Bérangère Krief,...
Distributeur : Amazon Prime Video France
Budget : -
Genre : Comédie, Aventure, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min

Synopsis :
Face à la tyrannie de César qui agit en maître absolu sur Rome, les sénateurs Rufus et Cassius fomentent un complot pour l’assassiner. Pour avoir le soutien du peuple, ils proposent à Brutus, le fils renié de César, d’être celui qui lui portera le coup de grâce. Seul problème : Brutus est un marginal qui n’a pas du tout les épaules taillées pour le costume…




Critique :


On dit toujours que c'est lors du film de la confirmation, le second, qu'il y a une couille dans le pâté et que le soufflet de voir débarquer un nouveau cinéaste plein de verve, retombe inexorablement dans l'oubli.
Kheiron avait gentiment contredit la chose avec un formidable Mauvaises Herbes, beau récit initiatique au pluriel à cheval entre passé et présent, d'un homme se servant de son parcours douloureux pour mieux aiguiller le destin d'une poignée d'ados aussi bien que son propre avenir; un second essai qui s'inscrivait dans la même ligne directe que son premier long, entre hommages (ici autant aux organismes associatifs qu'aux familles d'accueil bienveillantes) et transmissions (le savoir, l'éducation mais surtout l'espoir), le tout opéré avec une intelligence et un souci louable de faire passer son message jamais pompeux ni moraliste, avec douceur et pédagogie.

Amazon Prime- Paiva Films- Les Films du Centaure

La " couille " intervient donc finalement avec son troisième film, accessoirement le plus ambitieux et le moins intime du lot : Brutus vs César, superproduction in fine distribué par Amazon Prime, une comédie péplum ironique au casting vedette monstrueux, semblant tout droit s'inscrire dans la veine révisionniste et non-sensique du drolissime Deux Heures Moins le Quart avant Jésus Christ de feu le regretté Jean Yanne; voire, n'ayons pas peur de la comparaison démesurée, de s'inscrire comme un bel héritier au Mission : Cléopâtre d'Alain Chabat.
Malheureusement, c'est plus vers la cagade made in M6 et wannabe Kaamelott-esque Peplum que le tout se dirige, une oeuvre au dynamisme et au capital sympathie évidents, à l'intrigue plutôt ludique (pas plus légère qu'un Astérix live) mais dont l'humour a le popotin coincé entre les deux fauteuils pas toujours confortable du réfléchi et du référencé - avec un doigt de potacherie assumée.
Résultat, rien ne fonctionne réellement, la majorité des vannes/séquences humoristiques tombent à plat, la mise en scène est beaucoup trop frénétique, sans compter un usage jamais vraiment épique de son cadre assez exceptionnel - les studios de Ouarzazate, ou HBO est récemment passé tourner plusieurs épisodes de Game of Thrones -, peu aidé par des décors passe-partout et un casting qui cabotine sévèrement.
Pourtant l'ambition est là, autant celle de ramener un peu de faste à une comédie populaire qui en a cruellement besoin (en évitant soigneusement les clichés faciles, en parlant intelligemment de diversité,...), que celle de Kheiron à sortir de sa zone de confort à coup de catapulte; mais il lui manque cruellement de liant et d'ampleur pour faire mouche ne serait-ce qu'un brin, et éviter ainsi de donner l'impression féroce de ne rien avoir de bon à raconter sur une heure et demie beaucoup trop longue.

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Alors on regarde, un chouïa désolé derrière notre écran de TV, une oeuvre inégale et foutraque - ce qui n'est pas toujours un défaut -, qui avait le potentiel de réconcilier les spectateurs avec les salles obscures, mais qui se retrouvera in fine à donner de l'eau au moulin de tous les détracteurs - souvent totalement à côté de la plaque -, d'un septième art qui vaut décemment plus que cela, tout comme Kheiron.
Mais qui ne tente rien, n'a rien, et il est impossible de ne pas louer les ambitions folles d'un jeune cinéaste, qui aura tenter un sacré grand écart en l'espace de si peu de temps dans l'industrie cinématographique.


Jonathan Chevrier



Amazon Prime- Paiva Films- Les Films du Centaure

Il était légitime, aux vues de ses deux premières réalisations, d’attendre avec impatience Brutus vs César le troisième long-métrage de Kheiron. Parce que si on aime bien dire que les comédies françaises sont souvent gênantes, mal gaulé, voir même carrément maléfiques et mauvaises pour la santé, on sait aussi reconnaitre, au milieu d’un système de production qui en produit beaucoup trop, que certaines d’entre elles sortent du lot et savent se montrer originales et inventives dans l’humour et même convoquer des émotions et t’impliquer avec ses personnages. Le réalisateur de Nous Trois ou Rien semblait de ses hommes capables du meilleur, et l’idée de le voir réaliser une comédie/péplum a forcément rappelé à notre bon souvenir le cultissime Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Perdu, mais faute d’être aussi bon que le métrage d’Alain Chabat, le film pourrait presque nous faire relativiser sur la qualité de Astérix et Obélix aux jeux olympiques. Et c’est grave. 


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Il ne faut pas passer bien longtemps avec le film pour se rendre compte que quelque chose cloche. Au-delà de la direction artistique horriblement fade et sans intérêt typique de toutes les comédies françaises toutes nazes qu’on voit sortir en salle depuis des années, ce qui marque dans les débuts du film et qui ne cessera de venir nous assaillir pendant une très longue heure et demi, c’est bel et bien son humour. C’est une mitraillette à blague, à gag, à anachronisme pseudo-rigolo, c’est complètement ininterrompu excepté dans le dernier acte du film qui tente d’être dramatique sur les bords et se paye le luxe d’être encore plus gênant dans le drame que dans la comédie. Le flux de vannes est donc constant, et j’ai pouffé de rire une seule fois. Mes remerciements à Pierre Richard. Les tentatives d’humour du film ne sont pas juste mauvaises, ça serait beaucoup trop facile, elles sont absolument consternantes. Il y a plus d’idée et d’implication dans les gags dans Ala’2 que dans Brutus vs César et ça me coûte beaucoup d’écrire ça. D’ailleurs la comparaison entre les deux films peut paraître facile mais trouve pour moi une légitimité dans la question suivante : pourquoi est-ce que Kheiron joue comme Kev Adams ? Le rôle de Brutus semble vraiment avoir été écrit pour ce dernier, dans sa façon de parler et dans les gags qu’il tente tant bien que mal de faire vivre, et j’irais même plus loin en disant que… Kev Adams aurait fait un meilleur Brutus que Kheiron. Parce qu’on peut ne pas aimer son humour et trouver son jeu d’acteur médiocre (c’est mon cas), mais il semble toujours impliqué dans ses rôles les plus turbo-débiles avec une sorte de candeur presque touchante. Et j’aime toujours mieux ça que de voir Kheiron le singer avec l’envie et l’énergie d’un ragondin mourant. Le reste du casting n’est pas beaucoup plus impliqué malgré un niveau de prestige qui mettait l’eau à la bouche, et c’est dommage car une telle bande d’acteurs et d’actrices tous en mode cabotins de l’extrême aurait pu sauver quelques gags et insufflé au film l’énergie qui lui manque. Mais non, tous et toutes macèrent dans un sous-jeu déplorable, semblent attendre avec autant d’impatience que le spectateur que le film se finisse et sont finalement raccords avec une mise en scène d’une platitude sans nom.

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Brutus vs César n’a aucun allant, aucune énergie, c’est une comédie qui sent le formol et qui ne traite même pas le sujet de la relation père/fils annoncé, préférant se diriger vers des platitudes d’intrigues amoureuses vues mille et une fois. C’est un crash inexplicable, un gadin total réaliser par un homme que l’on sait bourré de talent, un film sans personnalité que l’on sait réaliser par un homme qui en insuffle énormément dans ses œuvres. C’est un film mort-né. Peut-être que l’on peut timidement se risquer à supposer que c’est l’œuvre d’un Kheiron blasé de l’échec au box-office de son pourtant apprécié Mauvaises Herbes, qui s’inscrirait dans une démarche de « vous voulez bouffez de la merde, je vais vous donner de la merde à bouffer ». Mais aussi cynique que puisse être le projet du film, ça n’en reste pas moins un horrible plantage qui fait mal au cœur. On espère de tout cœur que Kheiron saura rebondir après cet échec, le film se prenant déjà moult critiques désastreuses, et retrouvera le mojo de ses deux premiers films.


Kevin