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[CRITIQUE] : Eva en août


Réalisateur : Jonás Trueba
Acteurs : Itsaso Arena, Vito Sanz, Isabelle Stoffel...
Distributeur : Arizona Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 2h09min.

Synopsis :
Eva, 33 ans, décide de rester à Madrid pour le mois d’août, tandis que ses amis sont partis en vacances. Les jours s’écoulent dans une torpeur madrilène festive et joyeuse et sont autant d’opportunités de rencontres pour la jeune femme.




Critique :



Jonás Trueba nous emmène dans la capitale espagnole pour un été langoureux caniculaire.

La chaleur est si insupportable à Madrid en été que ses habitants la désertent. Pourtant elle continue de vivre au gré des bals et des touristes qui la visitent. Eva, madrilène pure souche, décide de rester dans sa ville, à l’aube de ses 33 ans. Sous son air oisif, Eva en août est une quête : “s’essayer à une nouvelle façon d’être au monde”, comme nous l’annonce un petit carton plein d’esprit en début de métrage. Trois fois rien. La Virgen de Augosto (son petit nom VO) est le cinquième long-métrage du cinéaste. Quatre ans après La Reconquista, qui nous présentait Madrid dans son manteau d’hiver, il retrouve son actrice Itsaso Arana, qui est aussi sa co-scénariste ici.

Copyright Arizona Distribution

“L’été est parfait pour donner le meilleur de soi-même” assène Eva comme une vérité absolue, à un ami sceptique. Si Madrid nous paraît fantastique en été pour nos yeux étrangers, elle rend ses habitants grincheux, qui la fuient donc pour voir si l’herbe n’est pas plus fraîche ailleurs. Comme un acte de rébellion, un acte courageux, Eva reste. Un ami lui prête un appartement dans le centre, un prétexte parfait pour jouer les villégiateurs dans sa propre ville. Nous ne saurons rien de sa vie d’avant, comme si sa décision était une renaissance, un renouveau. Un questionnement professionnel, un chagrin amoureux sont peut-être des pistes pour la comprendre, mais ce savoir ne sera pas important. Eva en août ne cherche pas à poser des questions, mais à trouver des réponses.
Si le nom de Rohmer nous vient en tête à la fin du film, c’est parce que Le Rayon Vert a été la plus grosse inspiration de Jonás Trueba et il ne s’en cache pas. Mais le film ne ressemble pas à une copie conforme, une sorte de récit rohmérien espagnol et s’émancipe de sa ressemblance grâce à un regard plus joyeux sur le hasard, sur les rencontres. Eva ne subit jamais le cadre du récit, elle se l’approprie même, pour prendre les devants. Le cinéaste s’éloigne d’une posture auteurisante, d’un cinéma conscient de lui-même, en s’appuyant sur le quotidien de son héroïne. Des cartons nous indiquent le temps qui passe, relançant la machine vers une nouvelle journée (une nouvelle vie). Aucune ne se ressemble : musée, pique-nique au bord d’une rivière, séance de reiki, flânage dans le canapé, … Chaque journée est consacrée à un élément de vie, à une réponse intime sur Eva. Une discussion sur l’amitié, une rencontre d’un ancien amant, d’un nouvel amant : les scènes se répondent, s’enlacent dans une histoire propre à l’épanouissement des sens, mais aussi plus intime. Eva aborde, ou se laisse aborder et contrôle ainsi son destin, la direction dans laquelle elle veut plonger. Si elle ne provoque pas le hasard, elle le cherche, le réclame, avec ses déambulations dans les rues de Madrid, qui deviennent pendant deux heures l’incarnation de l’été parfait. 


Copyright Arizona Distribution

On pourrait résumer le personnage de Eva comme quelqu’un qui se créer de l’espace. Pour vivre, pour se chercher, pour rêver, pour rencontrer. De ce fait, elle en crée également pour le spectateur, qui ne bronche presque pas quand Eva en août bascule dans la fable de l’Immaculée Conception. Si elle cherche à devenir par elle-même, pourquoi ne pas être mère quand elle le décide ? La vierge du titre original peut bien sûr y faire référence, ou symboliser le renouveau du personnage, qui se réinvente le temps d’un été dans sa trentaine. Quoi qu’il en soit, le charme du film opère. On pourrait suivre Eva n’importe où.


Laura Enjolvy 




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