[CRITIQUE] : Irresistible
Réalisateur : Jon Stewart
Avec : Steve Carell, Rose Byrne, Mackenzie Davis, Chris Cooper, Natasha Lyonne, Topher Grace,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h41min
Synopsis :
Un consultant politique démocrate aide un ancien colonel de la Marine dans son élection à la mairie d'une ville du Wisconsin.
Critique :
Grosse déception que #Irresistible, satire politique timide, facile et à l'approche tonale particulière, sur les faiblesses du système politique US actuel, aux persos croqués à la truelle et proprement indéfinissables. Reste quelques séquences drôles et un duo Byrne/Carell on 🔥. pic.twitter.com/2uiLRwfrDW— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) July 1, 2020
La date du 8 novembre 2016 est à marqué au fer rouge dans l'histoire des États-Unis, jour sombre pour l'humanité, alors que les droits vitaux ont été retirés aux membres les moins bien servis et négligés de la société, qu'un sentiment d'empathie envers son prochain a profondément été éradiqué (de manière plus féroce, surtout d'un point de vue racial), et qu'un maelström de tromperies instrumentalisé aux yeux du monde, est devenu le fondement de leur (et le notre également ?) gouvernement.
Si la population offre une réponse de plus en plus marquée à ce cauchemar - et encore plus ces derniers jours/semaines -, l'art et plus directement le septième art, s'est échiné à répondre soit de manière révolutionnaire et puissante (coucou Spike Lee), soit de manière plus légère et futile - et donc à la nécessité toute relative.
C'est malheureusement cette deuxième voie qu'à choisie Jon Stewart avec son second passage derrière la caméra, le pourtant alléchant Irresistible, regard supposément acéré sur le système politique corrompu du pays de l'oncle Sam, capté à travers le prisme dubmicrocosme d'une campagne opprimée, dans un petit bled du Wisconsin en pleine Amérique rurale.
Après l'échec de sa campagne pour élire Hillary Clinton, le stratège politique démocrate Gary Zimmer (Steve Carell, qui vend parfaitement la bêtise de son personnage) a du mal à savoir ce qui a mal tourné.
Il arrive à la conclusion - logique - que son équipe n'a pas réussi à se connecter pleinement et à parler aux personnes qui ont fini par voter pour Trump, mais il sait au fond de lui, qu'il peut offrir une meilleure réponse politique.
Jouant comme l'inverse de M. Smith Goes to Washington, et plutôt que d'amener la lutte politique à Washington, il trouve un moyen plus modeste de déclencher la vague de fond populaire pour faire basculer l'État du Wisconsin - et qui sait, l'Amerique -, au coeur de la ville (fictive) de Deerlaken, en la personne de l'ex-colonel à la retraite, Jack Hastings (Chris Cooper, plus en jambes que d'habitude); qui fait actuellement le buzz dans une vidéo virale ou il défend les droits des travailleurs immigrés, lors d'une assemblée publique locale.
Zimmer pense que Hastings devrait se porter candidat à la mairie et être le catalyseur d'un nouveau type de parti démocrate qui plaira à ceux qui en ont marre des deux côtés actuels du spectre politique...
Bien que les points de vue politiques de Jon Stewart ne soient pas un secret, ayant été diffusé presque quotidiennement pendant près de deux décennies à la télévision dans son propre show, il reste suffisamment intelligent et lucide pour se moquer des deux côtés - démocrate/républicain - et de leur processus de campagne (cycle retentissant et abrutissant des médias en prime), mais le vrai souci du film ne résident pas dans sa simplification de la machine politique mais résolument dans la platitude de sa fibre comique - un comble vu son réalisateur et la galerie de talents impliqués.
Croqué à la truelle, proprement indéfinissable et sans la moindre touche émotionnelle, empêchant de facto toute empathie (même dans une comédie), et flanqué d'une approche tonale très particulière (ou chaque scène et réaction des personnages, peuvent se voir contredire dans les minutes qui suivent), Irresistible ne prend jamais les contours d'une satire affûtée, et se borne qu'à n'incarner une sorte de bande défouloir ou son cinéaste y transpose toutes ses frustrations idéologiques et politiques (en fouillant tous les coins et recoins du système politique US, qui est un problème dans son ensemble), sans se demander s'il doit les lier entre elles de manière un tant soit peu fascinante.
Flanqué d'une leçon de morale Capra-esque, facile et timide (ce que n'est pas Stewart), la péloche, jamais totalement pertinente sur son sujet - on lui préférera clairement Monrovia, Indiana de Frederick Wiseman - ne vaut alors que pour la prestation de ses comédiens.
Totalement on fire, Rose Byrne vole la vedette à un Steve Carell en charentaise (mais quand-même au top), et tire considérablement vers le haut une vision molle du genou des faiblesses du système politique actuel, et d'un espoir d'un avenir meilleur.
Grosse déception.
Jonathan Chevrier