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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #103. Desperately seeking Susan

© 1985 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !





#103. Recherche Susan Désespérément de Susan Seidelman (1985)

Roberta, jeune bourgeoise un peu coincée du New Jersey, s'ennuie ferme dans sa luxueuse maison. Et quand elle découvre dans les petites annonces "Recherche Susan désespérément", elle décide d'enquêter pour savoir qui est cette fameuse Susan…
En pleine période de backlash anti féministe (terme utilisé par Susan Faludi dans son livre qui sera récompensé d’un pulitzer) de la fin des années 80, Desperately seeking Susan est une vraie petite bulle d’air frais. La fin des années 80 n’a pas forcément était très tendre avec le féminisme des années 70 et n’a pas toujours donné le bon rôle à la femme, et dans ce paysage là, ce film détonne et fait beaucoup de bien. Il est le deuxième long-métrage de Susan Seidelman qui sera entre autre la réalisatrice du pilote de Sex and the city. Le style de Seidelman est urbain, libre et joue déjà avec ce qu’on l’on appelle aujourd’hui des références à la pop culture.


© 1985 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved

Desperately seeking Susan joue avec le style screwball. La comédie screwball est très largement inspiré du vaudeville et fut particulièrement présent dans le cinéma des années 30 et 40 (Avec à sa tête le génialissime Bringing up Baby d’Howard Hanks). En anglais, un screwball est un personnage excentrique, loufoque. Dans le cinéma, les screwball comedies mettent donc en scène ce personnage excentrique et loufoque dont le comportement va engranger une suite de situations problématiques et/ou gênantes pour faire rire le spectateur. Le plus souvent, ces situations visent à critiquer les moeurs d’une société bourgeoise bien trop codifiées, et très fréquemment, la position de la femme bourgeoise. D’où son rapport très mince avec le vaudeville. 


© 1985 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved

Susan Seidelman se réapproprie ce genre qui s’était peu à peu effacé en lui donnant un gloss 80s plus qu’appréciable. Déjà, elle choisit l’une des vedettes les plus iconiques de l’époque, Madonna, dont le look extravagant, fluo, un peu punkette me fait personnellement pâlir d’envie et est typique de cette décennie. La mode, plus qu’un simple vernis agréable, est, par l’intermédiaire d’une veste extravagante et d’un paire de boucles d’oreilles “egyptienisant”, les éléments déclencheurs de nombreux retournements de situation. Susan Seidelman prend un plaisir fou à filmer New-York, ses gares et cette foule d’inconnus, ses boutiques de fripes, ses cinémas, ses clubs et autre bar-cabarets. Dans ce film, Madonna est une rebelle sans cause qui vit furieusement dans cette salle de jeu gigantesque qu’est New-York.


© 1985 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved

Mais la partie la plus intéressante de ce film est la relation qui se crée entre Susan (Madonna) et Roberta (Rosanna Arquette) jeune mariée bourgeoise vivant, de rendez-vous chez le coiffeur et d’ennui, dans un New Jersey fade, boursoufflé et propret. Le cinéma, classique hollywoodien en tout cas, a souvent eu l’habitude de n’envisager la relation entre deux femmes que sous le prisme de l’envie et de la jalousie - pour un homme, une carrière ou tout simplement des attraits physiques. Susan Seidelman redistribue les cartes et fait de ces deux personnages, non pas des amies directement - ce qui aurait été un peu simpliste - mais deux femmes qui décident de s’entraider malgré leur différences et leur possibles conflits d'intérêts. Et cela fait vraiment plaisir à voir. D’autant qu’il y a une vraie alchimie entre les deux actrices.

© 1985 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved

Recherche Susan désespérément est un film qui derrière une apparence de comédie un peu facile et superficielle, salue une relation positive entre deux femmes très différentes. On l’aime pour cela mais aussi pour sa représentation fulgurante des 80’s qui joue sur notre besoin de nostalgie très actuel.


Éleonore Tain