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[CRITIQUE] : Sa Dernière Volonté


Réalisatrice : Dee Rees
Acteurs : Anne Hathaway, Ben Affleck, Willem Dafoe, Rosie Perez, Toby Jones,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Policier, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min.

Synopsis :
Prise par les sentiments, une journaliste expérimentée de Washington accepte une mission pour son père, mais perd le contrôle de son propre reportage en passant du statut de témoin à celui de protagoniste.




Critique :


Il y a quelque chose d'assez intéressant dans l'idée de voir Anne Hathaway se diriger vers des choix plus matures et résolument moins " comiques " à l'arrivée de cette nouvelle décennie, laissant transparaître la possibilité qu'elle en ait enfin fini d'alterner les bons (Interstellar, Colossal) et les mauvais choix de carrière (majoritairement tout le reste) ayant un brin entaché, sa seconde moitié des années 2010.
Si Dark Waters - en salles ce mercredi - nous rappelle au bon souvenir de sa capacité à endosser des rôles ardus et nuancés, c'était clairement The Last Thing He Wanted, porté entièrement sur sa personne, qui se devait d'entériner complètement ce retour au premier plan.
Second long-métrage de la (très) prometteuse cinéaste Dee Rees, adapté du roman éponyme de Joan Didion et toujours vissé du côté de chez Netflix (comme son premier essai, le merveilleux Mudbound), la péloche incarne un thriller intriguant et tortueux, sorte de mosaïque sinueuse articulé au tout début de l'affaire " Irangate ", qui brille autant par son désordre plus ou moins volontaire (et plus ou moins maîtrisé également), que par son énergie follement communicative.

Copyright Laura T. Magruder / Netflix

Conte moderne tendu et opaque sur une femme innocente catapultée au coeur du pire exemple de la duplicité politique, la bande s'articule autour des aléas d'Elena, journaliste expérimentée de Washington, spécialisée dans les conflits d'Amérique centrale, qui laisse parler sa plume pour le journal fictif de l'Atlantic (penser Washington) Post.
Prise par les sentiments par un père aussi louche que malade (ah Willem Dafoe...), et tout récemment dégagée de l'histoire des Contras du Nicaragua encore naissante, par un éditeur qui va lui confier in fine la couverture de la campagne de couronnement de Reagan, elle se retrouve au coeur d'un trafic d'armes à l'échelle internationale, ou entre la Floride, Antigua et le Costa Rica, elle passera du statut témoin à pion improbable et flirtant avec de ce vortex inattendu...
Profondément confus autant qu'il est passionnant à suivre, mué par la volonté franchement louable d'une cinéaste à s'extirper corps et âme de sa zone de confort (quitte à crouler parfois face à l'ampleur de la tâche), Sa Dernière Volonté a tout de l'immense terrain de jeu bouillant et expérimental, rappelant - sans égaler - quelques grosses références du thriller d'investigation en terre inconnue (Under Fire de Roger Spottiswoode et Salvador d'Oliver Stone en tête), et qui ne pèche au final que par sa trop grande générosité - voire une certaine candeur.
À trop suivre au pied de la lettre son matériau d'origine, l'intrigue s'embourbe dans une accumulation de péripéties/rebondissements difficile à gérer avec élégance et justesse (perceptible dès son ouverture assez poussive), l'obligeant à dégainer bien trop souvent des dialogues certes pertinents mais répéter à outrance pour offrir un brin de clarte, et une caractérisation des personnages un brin perturbée (le personnage inutilement complexe de Ben Affleck en tête).

Copyright Laura T. Magruder / Netflix

Un mal sans doute dû à sa longue gestation (près d'un an sur la table de montage), mais qui n'entache en rien l'interprétation féroce d'une Anne Hathaway impliquée qui dévore la caméra autant dans ses mots (l'entendre lire la prose de Didion en voix-off, est un pur plaisir à part entière), que dans ses gestes assurés, et qui incarne le phare incandescent d'un casting au diapason (Dafoe fait du Dafoe, Rosie Perez est fantastique).
Vilipendé à Sundance, il y a pourtant beaucoup de bonnes choses dans ce The Last Thing He Wanted, autant la certitude du talent unique et éclectique de sa cinéaste, que la preuve irréfutable que bien dirigé, Anne Hathaway a tout du grande.


Jonathan Chevrier



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